Une fois n'est pas coutume mais en début d'après-midi, je me suis accordé une pause ronflette. Ce qui m'a poussé vers quinze heures à hésiter quelque peu à risquer la truffe en dehors du terrier car la force et la direction du vent n'auguraient pas tellement d'une pêche miraculeuse. Sur les côteaux, les tracteurs éructaient avec une louable insistance de longues et denses giclées de lisier sur les labours, ce qui conférait tout de suite au paysage une identité olfactive plus proche des toilettes bouchées d'un restaurant mexicain fermé par la commission d'hygiène que des doux parfums d'une nature s'éveillant au soleil printanier .
Bien évidemment, la rivière commence à bien marquer la hausse des apports azotés offerts par les autoproclamés premiers écologistes de France. Sinon, question pêche, que dire ? À part que le vent s'est révélé franchement infernal. J'ai eu malgré tout des touches, dont celle d'une très jolie perche (enfin !) mais au final, je n'ai été payé de mes efforts que par cette unique prise, un poisson de sport à la traque subtile hors de portée du premier blaireau venu.
J'ai rarement connu pareil taux de décrochage quoique celui-ci soit amplement explicable par ma volonté incompréhensible de pêcher en Ultra-Léger quand les rafales de vent dépassent joyeusement les 50 kilomètres heure. On va donc en conclure raisonnablement que cette sortie était dispensable étant donné le contexte J'ai donc avec brio conclue l'après-midi par (pour changer...) un peu de bricolage.
Les poissons nageurs achetés au Noz du coin pendant une pause ont aussi eu droit à leur touche décorative. Ils sont silencieux soit dit en passant. Quant à l'articulé en bas, il est bruiteur mais dans des proportions acceptables. Plus dans le registre acoustique de celui de Vincent Delerme après deux Monacos en terrasse que Motörhead en montée de speed dans un bar de Hells Angels, si vous voyez ce que je veux dire. Bref, j'ai bricolé un peu, histoire de faire passer doucement une journée qui, je le crains, ne restera pas inoubliable.