En ce brumeux dimanche matin, après avoir récupéré Benoît au passage, sonnait enfin l'heure de la revanche sur la bredouille !!! Fichtre, fini de rigoler, on allait voir ce qu'on allait voir, enfin, une fois le brouillard levé bien entendu turlututu chapeau pointu. En retrouvant sur les berges d'une conche trop connue le redoutable Bourreau de la Boutonne, nous avons entamé méticuleusement l'exploration de ce petit coin de repli hivernal. Et bien, cela n'a pas été facile, loin s'en faut.
Il a même fallu déployer tous nos trésors de maîtrise du pinsage pour finir par leurrer quelques perchettes visiblement inaptes au moindre discernement. Mais devant le peu de touches, le doute commence à s'installer. Pire, nos doigts gelés, nos nez gouttant allègrement et nos orteils bleuis par la rude caresse des frimas semblent distraitement nous rappeler que la pêche de loisir quand ça caille ne revêt aucun caractère obligatoire passé un certain âge.
Car, punaise, c'est dur. Nous finissons le parcours à l'agonie avec une demi-douzaine de poissons pris à trois. Cinq perches, un bass, on a vu mieux dans le coin. Heureusement, magnanime j'imagine, le soleil se lève enfin et nous pouvons progressivement cesser de claquer des dents en cadence. Youpi.
Place au fleuve qui devient dès lors notre nouveau théâtre d'opération. Bordures claires, courant au milieu, la galère semble devoir recommencer quand, par une sorte d'inexplicable intervention divine, sous une barque anonyme, une perche plutôt correcte me permet de recouvrer brièvement un moral en déliquescence. Encore une victime de la Créature aliexpress, ah ah ah !!!
Bon, évidemment, c'est un feu de paille. Mais quelques minutes plus tard, je décroche avec le même leurre (!) exactement au même endroit une perche-soleil d'une taille monstrueuse. Incroyable. Ce succès halieutique me vaut immédiatement une attention intéressée de la part d'un chat racketteur qui en restera pour ses frais. Nous prenons aussi le temps de discuter quelques minutes avec le président de l'AAPPMA locale car nous sommes fort diplomates, il ne faut pas croire ce que disent les journaux ni Faites entrer l'Accusé...
Amputé prématurément d'un tiers des effectifs par la faute d'évènements indépendants de notre volonté, notre trio se verra réduit à Benoît et moi même qui nous retrouvons lâchés en solo pour la fin de l'après-midi. Celle-ci sera longue et éprouvante. En effet, seule une perche sera assez aimable pour se laisser prendre.
On notera une fois encore l'efficacité de ce "leurre sans nom" gluant, flottant et d'une souplesse lascive rappelant avec insistance le côté hyperlaxe du talentueux Christophe Barbier qui depuis huit années crève l'écran dans son rôle mythique de paillasson élyséen.
Malgré une dernière tentative de prendre un sandre ou deux, l'épopée se concluera sur la prise de cette gloutonne. Rien de bien glorieux au final mais en cette saison, ça reste une bredouille évitée et que demander de plus en ce moment ?