mardi 1 avril 2025

Poisson d'avril

Une fois n'est pas coutume mais en début d'après-midi, je me suis accordé une pause ronflette. Ce qui m'a poussé vers quinze heures à hésiter quelque peu à risquer la truffe en dehors du terrier car la force et la direction du vent n'auguraient pas tellement d'une pêche miraculeuse. Sur les côteaux, les tracteurs éructaient avec une louable insistance de longues et denses giclées de lisier sur les labours, ce qui conférait tout de suite au paysage une identité olfactive plus proche des toilettes bouchées d'un restaurant mexicain fermé par la commission d'hygiène que des doux parfums d'une nature s'éveillant au soleil printanier .


Bien évidemment, la rivière commence à bien marquer la hausse des apports azotés offerts par les autoproclamés premiers écologistes de France. Sinon, question pêche, que dire ? À part que le vent s'est révélé franchement infernal. J'ai eu malgré tout des touches, dont celle d'une très jolie perche (enfin !) mais au final, je n'ai été payé de mes efforts que par cette unique prise, un poisson de sport à la traque subtile hors de portée du premier blaireau venu.


J'ai rarement connu pareil taux de décrochage quoique celui-ci soit amplement explicable par ma volonté incompréhensible de pêcher en Ultra-Léger quand les rafales de vent dépassent joyeusement les 50 kilomètres heure. On va donc en conclure raisonnablement que cette sortie était dispensable étant donné le contexte  J'ai donc avec brio conclue l'après-midi par (pour changer...) un peu de bricolage. 


Ce sont donc quelques nouveaux hair-jigs de petite taille qui, dans quelques semaines,  devraient faire des ravages dans les rangs des chevesnes ligériens du bas, qui ont rejoint mes boîtes déjà débordantes de mignardises à pin's.


Les poissons nageurs achetés au Noz du coin pendant une pause ont aussi eu droit à leur touche décorative. Ils sont silencieux soit dit en passant. Quant à l'articulé en bas, il est bruiteur mais dans des proportions acceptables. Plus dans le registre acoustique de celui de Vincent Delerme après deux Monacos en terrasse que Motörhead en montée de speed dans un bar de Hells Angels, si vous voyez ce que je veux dire. Bref, j'ai bricolé un peu, histoire de faire passer doucement une journée qui, je le crains, ne restera pas inoubliable.




lundi 31 mars 2025

Le lundi au soleil, comme d'habitude...

Enfin le printemps, le seul, le vrai, est là. Le soleil brille, les bourdons bourdonnent et les lézards sortent des murets. C'est le bonheur qui frappe à la porte du pêcheur d'habitude. Bien sûr, les restrictions réglementaires toujours en vigueur jusqu'au 26 du mois m'obligent à pêcher en Vendée mais par chance, je n'ai que quelques minutes de voiture à faire avant d'aller y persécuter les pin's au Tanta avec une régularité maladive.


Le vent de nord-est est assez bien installé et dès le début de la sortie, je sais qu'il va falloir en tenir compte. Bizarrement, alors que je pressentais une sortie casse-gueule, je prends un gardon en plein courant au bout de cinq minutes de pêche. Et c'est à peu près tout si j'excepte deux suivis dubitatifs voire précautionneux de chevesnes peu en appétit.


Bon. Il va falloir faire quelques réglages. Mais j'ai eu beau faire, je n'ai vu qu'un poisson, une pauvre perchette écervelée qui a vainement essayé par trois fois de gober à mes pieds mon Tanta.


Heureusement que je connais bien ce secteur. Finalement, grâce à une LarvaZ Zman, je reprends un chevesne sur un micro-spot où ces petits salopards guettent sans aucune vergogne la chute d'insectes encore engourdis. On n'est pas une fois encore dans un contexte de réussite appelant les superlatifs mais on s'accroche résolument en attendant des jours meilleurs !!!



dimanche 30 mars 2025

Pérégrinations dominicales

 

Pour ma sortie pêche du week-end, j'ai délibérément laissé tomber les petites rivières à perchettes afin de sortir de ma zone de confort et prendre un peu de risques. Direction donc les grands espaces sauvages à la recherche de poissons si grands que certains, paraît-il, dépasseraient allègrement les douze centimètres. Je sais, je mets la barre en hauteur mais je suis comme ça, dévoré par une ambition maladive, un véritable Iznogoud du lunker-keeper rural.

Un peu désarmé devant le volume d'eau fraîche me faisant face, j'avoue que je n'ai pas fait le malin très longtemps, surtout que j'avais fait péter les waders. Le courant était vif, les cailloux recouverts d'algues, ça sentait fort la grosse gamelle, voire la bredouille sordide et sans appel. Car les poiscailles n'étaient pas très actifs, loin s'en faut. J'ai dû attendre une heure avant de décrocher mon premier chevesne et il m'a fallu vingt minutes de plus pour enfin en prendre un. Un jeune mâle visiblement...


Ils ont manifestement entamé leur reproduction mais cela ne nous regarde pas. Un peu plus tard, devant l'absence totale d'autres touches, je me suis transporté plus loin mais la tradition datant de 1891 y était toujours en vigueur.Là encore, le vent frisquet et les nuages bas n'ont rien fait pour me remonter le moral.


Un tantinet désappointé, j'ai pris le chemin du retour, morose, mutique, le regard noir de rancoeur, Michel Sardou dans une librairie féministe, quand soudain, ô miracle, le soleil a fait timidement son apparition. Je me suis donc motivé pour un arrêt de dernière minute pour ne pas dire de la dernière chance...


Et là, paf, incroyable, un chevesne daigne me réconforter. Je n'y croyais plus. Encore au fameux Tanta dos marron ventre paillettes, l'incontournable sauve-bredouille qu'on ne présente plus. Comme quoi, changer de spot, baguenauder au hasard des départementales, faire du tourisme le nez en l'air, parfois ça paye...


Bon, on va quand même recentrer le débat avant de trop s'auto-célébrer. La pêche a été dure. Incertaine. Un troisième chevesne, toujours au même leurre, se laissera attraper pendant le bref intermède ensoleillé mais on reste dans des formats standards, pas de gros pépères au compteur, non.



On ne sabrera pas le champagne donc. Cependant, j'ai la faiblesse de penser que j'ai sauvé les meubles au final car c'était plutôt mal engagé au départ. Vivement que les températures augmentent et surtout restent stables. Je commence à me lasser des pin's difficiles par temps maussade.




Spinnerbaits Maison

Il ne reste plus qu'un mois avant de reprendre fébrilement le chemin des rivières de seconde catégorie des environs dans la ferme intention d'en découdre avec les perchettes et les éventuelles autres espèces concernées par nos efforts pathétiques. Inutile de préciser que je suis au taquet. Mais ce n'est pas le tout, il me reste à enfin terminer toutes les séries de bricolages en suspend. À commencer par les spinnerbaits !!!

Je ne sais plus si j'y avais fait vaguement allusion en ces pages mais l'automne dernier, j'ai fait l'achat d'un lot de palettes lors de la trocante pêche de Niort. Certaines sont de respectables reliques mais elles vont me servir pour compléter mes fameux spinnerbaits maison. 

Pour la petite histoire, j'avais acheté ce moule à spinnerbaits lors d'un confinement quelconque afin de disposer d'un stock destiné à pêcher l'Eure, rivière pleine d'herbiers ET de brochets. Désormais, ce seront les poissons de l'ouest sauvage qui en feront les frais, j'espère. 

Il est vrai aussi qu'il y a une éternité que je n'ai pas pêché au spinnerbait. Quand je pense que c'était MON leurre favori pour le brochet et le black-bass au début de ce millénaire. Cela ne nous rajeunit pas. 

 Allez, zou, cette année, je m'en sers. Promis.



mercredi 26 mars 2025

Recyclage de raison

Alors que je dispose ces derniers jours de quasiment toutes mes après-midi pour aller à la pêche, le temps est déplorable. Ciel gris, vent froid, bref, cela n'éveille en moi aucun désir brûlant pour la traque de l'alevin en milieu hostile. L'éventualité de dépenser du carburant pour me les geler afin de galérer une paire d'heures pour prendre quelques percidés anorexiques, franchement, ça ne vend pas du rêve. Mais plutôt que de fléchir mes genoux cagneux sous le joug de l'infamie ou de courber l'échine face à ce destin implacable, j'ai su garder ma dignité en m'attaquant au recyclage des cuillères !!! Car vous n'êtes pas sans l'ignorer, je suis un frénétique récupérateur de ferraille suspendue dans les airs par des pêcheurs emportés par l'exaltation et faisant fi de toute prudence ainsi que des principes de base de la balistique.


Périodiquement, je me penche sur le stock entassé et, bravant gaillardement le tétanos, j'en bricole, leur donnant une seconde vie. En ce moment, à un mois du retour à une activité halieutique digne de ce nom s'entend, c'est ma principale occupation en dehors de mes efforts désespérés pour rester digne et propre par l'entremise d'une activité salariée de bas étage. J'ai toujours mon stock de lombrics mais, entre nous, l'idée d'aller pêcher au posé avec me révulse tant je sais que je vais m'ennuyer en restant le postérieur calé sur un caillou, à répondre d'une voix morne aux sempiternels "alors ça mord ?" ou "y a plus rien, j'ai tout pris" que les passants se sentiront obligés de m'adresser en guise de tentative faussement joviale d'interaction sociale totalement superfétatoire. Du moins en ce qui me concerne.


Mais il va bien falloir que je les utilise, morbleu, ces petits vers. Bon, laissons ça de côté, je leur trouverai bien un usage. Je me connais à force, il est probable que je trouve une heure ou deux pour aller jouer du drop-shot lombric dans des contrées méridionales relativement proches, même si mon plan float-tube a fait pschiiiiit vu que le spot que je comptais pêcher est en réserve temporaire jusque fin mai, damned.

En attendant de me décider à retourner harceler de pauvres poissons innocents, je continue donc tant bien que mal à recycler mes petites cuillères, les agrémentant avec coquetterie de poils et de plumes du plus bel effet. Les quatre semaines qui s'annoncent risquent fort d'être industrieuses tant il me reste à faire au niveau tri et rangement. D'autant plus si, au lieu de trier et de ranger, je produis des leurres supplémentaires en série. On s'en sort plus à ce tarif.


Autant vous le confesser, j'ai commis un acte effroyable, enfin un de plus quoi : j'ai commandé sur aliexpress de quoi monter encore quelques cuillères. Voire d'autres microspinnerbaits. C'est dire si la fermeture m'a fait basculer dans une maniaquerie productiviste ayant quitté depuis longtemps les austères rivages de la lucidité pour l'océan déchaîné de la créativité sans filet. Je sais, je sais, je sais. Je n'ai pas pris ma quétiapine.

Tout ça pour dire que ça commence à être foutrement long cette fermeture. Poil à Balladur.





mardi 25 mars 2025

Nécromancien de l'accrobranche rivulaire

Lors de ma petite promenade d'hier, j'ai récupéré (avec maestria, notons le) un petit truc qui pendait aux branches depuis un bon bout de temps, semble-t-il. Une cuillère Caperlan numéro 1 qui a quitté les rayonnages depuis des lustres et qui va compléter ma collection de leurres récupérés. Après évidemment une remise en état, hein, je ne suis pas (totalement) fou.

Partant du fait que je suis très limité en hameçons triples adéquats, je suis parti sur un simple à œillet agrémenté d'une décoration assez sobre au final mais que j'ai la faiblesse d'estimer de bon ton.


Rien d'extravagant, me direz-vous avec une condescendance teintée de mépris. Soit, j'en conviens. Je ne me suis pas fait mal, c'est un fait. Cependant je suis à deux doigts de penser que vous pourriez être plus aimable envers mes travaux manuels. Ne serait-ce que parce que m'y livrer m'a évité de consommer du carburant fossile pour m'en aller agacer les perchettes...



lundi 24 mars 2025

Après-midi difficile

En reprenant en douceur le flux valétudinaire de mon existence de mollusque stipendié quoique chichement si l'on y songe, après un week-end des plus casaniers, j'étais loin de me douter que, poussé par on ne sait quelle pulsion inattendue, j'allais retourner à la pêche dans deux des petites rivières du secteur un tant soit peu revigorées par les pluies récentes. 

Au premier arrêt, un sentiment de colère mêlé d'envie de meurtre saisit mon corps frêle de bureaucrate pusillanime. Un type pêche MON spot. Le scélérat. L'ordure. L'hitléro-wokiste. Devant un tel manque de savoir-être, je décide donc d'être veule comme un socialiste et de changer de bassin versant tout en articulant à mi-voix des imprécations démoniaques à l'encontre de cet ignoble fâcheux.

J'enquille dans la douleur une quinzaine de kilomètres supplémentaires afin de changer de bassin versant. En pure perte, malheureusement, car les autoproclamés premiers écologistes de France ont déversé tellement de lisier en amont qu'une véritable marée verte rend toute pêche inefficace en transformant chaque lancé en récolte de salade. Fin mars. Voilà qui promet...


Après avoir pris conscience de l'inanité de mes efforts, il m'a bien fallu ouvrir les yeux et me rendre compte de l'étendue de mon erreur. Il ne me restait plus toute honte bue que de m'en retourner hanter les berges de la première rivière convoitée.



C'est finalement là que je trouverais en serrant les dents, avec une abnégation élevant le bruxisme au rang des plus ardus des arts martiaux, une dizaine de perchettes dépressives. L'eau avait beau être boulée en apparence, le coloris chartreuse ne m'a rapporté que deux pin's. Par contre, une fois encore, le ventre pailleté dos marron s'est montré souverain dans l'empilement d'alevins rachitiques qui semble être devenu le passage obligé de ces pratiques de fermeture.