Entamant la semaine avec l'énergie d'un tofu de navet oublié dans le frigo depuis la dernière apparition publique de Jean Castex, j'étais loin de prévoir que j'allais recevoir le midi un premier colis de mes commandes du 11 novembre. En effet, une fois n'est pas coutume, j'ai acheté quelques petits trucs afin de passer l'hiver, ou du moins ce qui en tiendra lieu, à bricoler des colifichets halieutiques plus ou moins utiles. Je me suis donc senti obligé de tester quelques trucs comme le Grub 3 cm de Supercontinent.
Et bien, à priori, cela fonctionne correctement. Sur les pin's, hein, s'entend. Car de toute façon, je n'avais pas le temps d'aller à l'aventure, je suis toujours enchaîné par le chronomètre à fréquenter en coup de vent des spots du secteur...
Je n'avais qu'une heure et quelques minutes à ma disposition. C'est donc très rapidement que j'ai eu l'opportunité de pêcher. Heureusement, j'ai quelques nids à pin's à disposition pas trop loin. J'ai une fois encore eu recours à la fameuse canne XUL pour proposer des bouchées délicates à la faune locale.
Quatre espèces (dont plusieurs kiki bass bien réchauffés) différentes au compteur cette fois-ci, je n'ai pas à me plaindre pour le peu de temps passé et surtout en allant pêcher après un bon petit coup de froid nocturne qui suivait de peu une période de chaleurs exceptionnelles. Le Ploukistan, terre de contrastes ?
Allez, c'était une sortie rapide, largement improvisée mais franchement, après trois jours de relâche, ça faisait plaisir de retrouver un peu les bords de l'eau. Vivement que je dispose de meilleures disponibilités.
De retour en terre ligérienne du bas, j'ai eu droit malencontreusement à une journée de formation qui m'a privé de mon mercredi après-midi traditionnellement dévolu à une partie de pêche conséquente. Jeudi midi, j'avais par contre deux heures de libres avant de retourner chercher la croissance avec les dents comme le disait jadis un Hongrois de petite taille. Cela n'a pas débouché sur une performance colossale mais la bredouille n'était pas au rendez-vous. Grâce au Whopper Plopper récupéré dans les branches d'un arbre bordant le canal de Nantes à Brest dimanche dernier, j'ai peut-être bien pris le dernier poisson de l'année au leurre de surface.
Les poissons n'étaient pas franchement survoltés. Quelques suivis timides de perches ou de kiki bass tant l'eau était claire et la surface débarrassée en grande partie des feuilles mortes flottantes, une seule touche ratée, un petit bass, bref, rien qui permettait de conclure en fanfare. Par chance, une perche a daigné s'attaquer à mon LSN (Leurre Sans Nom, bande d'incultes !) avant que je ne sois happé de nouveau par la frénésie du salariat provincial de basse intensité.
Disons-le sans timidité excessive : on ne s'achemine pas vraiment vers les meilleurs moments de l'année halieutique. Les rivières sont toujours basses et la probable arrivée des premières gelées dans les semaines qui viennent risquent de stopper net une activité déjà moyenne.
On verra bien ce qu'il en sera. Mais ce sera au plus tôt dans plusieurs jours en ce qui me concerne car le week-end sera à priori de manière tragique une nouvelle fois sans possibilité de pêche et les mercredis après-midi à venir seront eux bloqués par des journées de formation. Damned.
Cela faisait pas loin d'une éternité que je n'étais pas passé si près d'un grand chelem à 5 espèces différentes prises pendant la même partie de pêche. Pour la petite histoire, mon record personnel en pêchant aux leurres reste bloqué à 9 espèces en un jour, durant une mémorable pêche en Loire (aspe, barbeau, brème, chevesne, hotu, ide mélanote, perche, rotengle et sandre). Ça commence à dater, 15 ans ou presque, mais reconnaissez que ce n'est pas trop le truc qui se produit quotidiennement. Sauf chez les mythomanes professionnels, cela va de soit !!!
Il est vrai que j'ai d'emblée placée la barre très haut en ferrant par le plus grand des hasards un silure dès mon deuxième lancer alors que j'attendais les collègues. La bestiole était embusquée en entrée de conche. Bon, évidemment, entre une berge abrupte et celle d'en face riche d'un intraitable roncier mutant, la fin de l'histoire était déjà écrite. Surtout en canne ML, faut pas déconner. Les heures suivantes seront monotones jusqu'à ce nous arrivions dans un virage comptant quelques haut-fonds prometteurs. Certes, le vent y souffle avec une redoutable ardeur et refroidit mes compères. J'y reste en leur promettant de les rejoindre sous peu. Bien m'en prend au final car j'y claque un triplé de bass au... Grub WXM en chartreuse (pas vraiment le leurre auquel on pense en premier pour ce poisson mais je ne vais pas porter plainte non plus).
La pause casse-croûte, que j'ai très légèrement anticipée pendant mon épisode en solo, expédiée, je tente une autre entrée de conche d'ordinaire propice. Je n'y prends qu'une perche, toujours au Grub WXM, et j'y décroche deux bass pas énormes mais qui auraient complété le tableau en cette journée difficile. Les copains sont remontés plus loin, je les y rejoints mais ce n'est pas la fête. Ils sont toujours capots. On tente le tout pour le tout en bougeant vers un de nos coins de prédilections. Le Team maillochistanais opte pour la rive sud, histoire d'être dans le bon sens pour l'inexorable retour à la maison. Quant à moi, pour les mêmes raisons routières, je prends la rive nord.
Force est de constater que je bénéficie d'un gros coup de bol. J'ai des touches dès mon arrivée. Des petits voire très petits bass, O.K, mais encore une fois, quand on considère les conditions du jour, c'est déjà ça. Pire, sur la rive sud, accessible en voiture avec places de parking, une longue file de carpistes explosés au shit cohabite avec quelques vieux vifeurs allumés au Châteauneuf-du-Pape. Le Maillochistan souffre. Quant à moi, faisant preuve d'une insolence rare, je prends un petit brochet au désormais célèbre "Leurre sans Nom" qui semble être aussi efficace dans le marais que sur le canal !
Je picore de ci de là quelques petits bass sur le chemin du retour quand, pour une raison qui échappe à mon entendement, je décide d'insister un chouia sur un spot où il nous arrive parfois de prendre une ou deux touches. Pour l'occasion, je change de leurre souple mais pas de tête plombée. En effet, j'ai laissé depuis mon premier poisson la même tête plombée artisanale !!! Contre toute attente, c'était une bonne idée. Je prends ainsi le plus gros bass de la sortie. Ouf, on a failli attendre. Entre temps, mes comparses s'en sont retournés dans leur contrée. Je suis de nouveau solitaire...
Du coup, un poil décontenancé, je descends le fleuve tranquillement à la recherche d'un coin où tremper du fil. Hélas, sur des kilomètres, c'est occupé. Je me retrouve donc dans un petit village que nous connaissons bien. Là, histoire de relever les compteurs, je titille au Shad WXM les poissons potentiellement cachés en sortie d'écluse. Il est pas bien gros mais il compte. Un sandre. Youpi.
Ce sera le dernier poisson du jour car, harcelé par un moutard hyperactif laissé sans la moindre surveillance parentale au bord de l'eau qui et poussera l'abjection juvénile jusqu'à me balancer des herbes aquatiques pourries dans le dos car je n'avais pu, en pédagogue averti, m'empêcher de questionner fortement son présumé potentiel HPI, je finis par lâcher l'affaire avant l'infanticide jubilatoire qui couvait. C'est donc sur ces entrefaites que j'ai pris le chemin du retour, snif snif...
Exceptionnellement, en ce dimanche de bruine aux températures surprenantes de douceur, j'avais rendez-vous en terre armoricaine avec celui que les ragondins du Trégor n'osent évoquer sans trembler, le Attila du myocastor comme le surnomme avec une certaine emphase non dénuée de réalisme Piègeurs-Magazine !!! Nous avions prévu de pêcher l'aval d'un ouvrage d'art situé sur une rivière bretonne mais nous déchantons au bout d'une petite heure. Pas de touche. Aïe. Lors d'un rattrapage sur le canal, suite à ma brillante intuition, mon camarade débredouille à la Craw grâce à une perche compatissante. Ouf, on aura vu un poisson, c'est déjà ça. Mais l'activité ne décolle pas donc nous retournons à l'ouvrage, en espérant que le soleil timide nous soit propice. C'est alors que survient le premier drame de la journée. Cherchant la perche du haut de la passerelle en question, je me ramasse une touche furieuse et je me fais couper net. Le boulet... J'avais des bas de ligne en titane plein la musette.
Franchement dépité de l'affaire, je décide qu'il est temps de déjeuner (en même temps vu qu'il est midi passé, je ne m'élève pas au rang des plus grands visionnaires de l'Histoire de l'Humanité non plus...). Quelques tartines de rillettes de porc plus tard, après consultation, la décision est prise : changement de spot. Sur le chemin, j'essaie de magouiller en tentant de faire croire que j'ai moi aussi sauvé le capot mais le Fléau du R.A.P (rongeur aquatique du Paraguay, hein, n'allez pas vous imaginer que je pêche avec JUL le dimanche !!!) ne m'accorde pas ce chevreuil en no-kill automobile. Le nouveau spot est superbe mais là aussi, je pêche sans vraiment trouver le mojo. Pire, d'un crankbait mutin, le Croque-Mitaine de l'Agouti bas-breton, déchaîné, reprend une perche. Ça commence à sentir fort la correction, cette histoire. Bon, histoire de me passer les nerfs, j'insiste sur un arbre auquel pendent 3 leurres. Après moult efforts, j'en récupère un, un Whopper Plopper 90. Youpi.
Je vais devoir me livrer à un inventaire sérieux car j'en ai récupéré plus d'un ces dernières années dont un 130 pas plus tard que le week-end passé.
Alors qu'inexorablement la journée touche à sa fin, nous remontons la rivière sur quelques centaines de mètres. Là, je rate deux perches qui essayent avec une conviction louable de gober un montage texan palette + C Tail worm Zoom un poil trop gros pour elles. Comme le matin, après cet échec en rivière, nous nous rabattons sur le canal...
Et là, dans les arrêts de jeu, nous tombons sur un regroupement de perches bien voraces. J'en prends deux, débredouillant enfin, j'en décroche une très correcte et mon binôme, Ragondin Dundee himself, en remonte une aussi au mini spinnerbait en dandine. Chat échaudé craignant l'eau froide, j'ai pris grand soin de garder depuis la coupe matinale un bas de ligne en titane. Bien m'en a pris car dans les ultimes secondes, PAF. Un grooooos brochet tape mon leurre souple et c'est parti pour le rodéo. Quelques minutes seulement car le bougre se décroche alors que nous étions en pleine panique pour trouver une pente assez douce pour descendre le mettre à l'épuisette sans trop de risques de baignade intempestive. C'est donc sur cette note tragique que s'est achevé ce périple halieutique ayant frôlé le triomphe sans toutefois jamais l'atteindre. Ce qui sera l'objectif avoué, disons-le, du prochain périple en ces lieux !!!
Jeudi, mon emploi du temps ne m'a pas laissé le loisir de pêcher, ne serait-ce qu'une heure ou deux alors que la douceur ambiante aurait mérité un tour au bord de l'eau. Mais après le carnage de mercredi, je pouvais tenir le coup, sans crise de manque mettant en péril les biens et les personnes alentour.
Vendredi, j'avais vaguement eu l'intention de vadrouiller jusqu'à un spot à chevesnes mais le sort m'a rattrapé en m'obligeant à travailler plus longtemps que prévu. À peine débauché, vers le milieu d'après-midi donc, je me suis rué vers un coin pas trop éloigné, renonçant par la force des choses au but que je m'étais fixé. La nuit tombe trop tôt pour s'adonner à la randonnée automobile. Arrivé sur place, je déchante, la surface de la rivière est pratiquement recouverte de feuilles mortes. Obligé donc de prendre les waders dans le coffre afin d'avancer le plus possible vers le peu d'eau libre disponible. Et là, c'est le drame. Le ciré est resté à sécher. Damned. Je n'ai donc que mon blouson de travail à me mettre sur le dos. Bien évidemment, la pluie choisit ce moment exact pour tomber. Drue.
Je n'ai donc tenu que dix minutes avant d'être proprement transformé en éponge sur pattes. Pendant ce court laps de temps, heureusement, j'ai pu sortir deux perches avec le petit leurre sans nom et aussi, de manière moins glorieuse, vendanger quelques touches fugaces. Par chance, il fait encore extrêmement doux pour la saison et je m'en tire sans dommages autres que quelques douleurs articulaires aisément gérables. Place désormais à la pêche de dimanche qui, je l'espère, placera haut les couleurs de la pêche automnale sérieuse. Il serait grand temps, saperlipopette !!!
En cette pleine lune du Castor, sous les rafales mutines d'un vent méridional plus chaud que Shakira sous MDMA dans une baraque à frites en flammes, j'avais mon après-midi entier de disponible pour partir persécuter les perchettes d'un spot un peu plus lointain que ceux dont d'ordinaire je hante les berges entre deux épisodes de labeur acharné.
Après avoir longuement hésité, environ quelques secondes, j'ai opté pour un combo XUL. Et heureusement encore... Car une fois arrivé sur les lieux du drame, j'ai constaté avec effroi que la sécheresse n'avait pas abdiqué du tout et que la recherche du brochet avec des leurres conséquents, ça aurait été au delà du concevable.
Devant l'étendue du désastre, l'utilisation forcenée des mini-leurres souples s'imposait. Pas d'eau, avec un peu de courant tout de même, cela s'annonçait pourtant plutôt périlleux. Mais heureusement que le secteur est blindé de perchettes.
Sans oublier quelques petits voire très petits chevesnes de temps en temps, soyons honnête.
J'ai donc passé un bon moment de détente relativement à l'abri du vent qui soufflait fort par instants. Un taux de touches assez incroyable couplé avec un ratio de décrochages assez bluffant, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer, ce qui était le but inavoué de l'escapade.
Cela m'a aussi donné le prétexte à essayer toutes sortes de petits shads, qui ont tous à dire vrai pris leur quota de pin's tant les perchettes du cru semblent cruellement manquer de nourriture. Le temps m'était compté mais une prochaine fois, s'il y en a une, je prendrai de quoi les transporter et les aleviner dans une plus grande rivière.
Tout de même, les conditions météorologiques pour une quasi-mi-novembre étaient totalement inhabituelles. Une température flirtant avec les 20 degrés ? Franchement, c'est de l'inédit dans le coin...
Difficile de retrouver de quelconques repères saisonniers dans ces conditions, surtout quand le manque d'eau dans les rivières est encore si visible alors que nous devrions être au beau milieu de la période de recharge des nappes phréatiques qui seront, de toute façon, qu'il pleuve ou pas, rechargées totalement au printemps comme tous les ans et ce, miracle, par simple arrêté préfectoral...
Après une matinée de pinsage, un repas plantureux et une micro-sieste réparatrice, j'étais mûr pour la deuxième mi-temps. Là encore, j'ai privilégié les circuits courts, peu enthousiaste à l'idée de perdre du temps de pêche derrière un volant. Inutile donc de s'attendre à des exploits mythologiques. En l'occurrence, je n'ai pris qu'une perche correcte au S-Cape REINS et encore, juste en fin de session.
Pour le reste de l'après-midi, j'ai bien eu du mal à avoir quelques touches au début avant que je tombe sur deux ou trois bancs de perchettes compatissantes. Mais on est resté bien loin des standards orgiaques de certaines rivières quand elles veulent être généreuses en cette saison, je vous rassure.
L'autre leurre à succès, que je n'avais bien sûr emmené qu'en un seul exemplaire (en ma coupable imprévoyance), a été le Tanta 40. Sans surprise évidemment, on en connaît le potentiel de séduction.
Seule animation sortant de l'ordinaire en ce dimanche ensoleillé : une sombre radasse accompagnée de son Bidochon conjugal qui m'a pris à partie en me reprochant à grands cris de pêcher une zone interdite à cette activité. Or, au grand déplaisir de cette lepéniste du dimanche (et du reste du temps probablement tant l'engeance avait l'invective gestapiste...), la pratique de la pêche y est parfaitement autorisée à la condition expresse de ne pas faire chier les badauds, de déposer des déchets et d'avoir un permis en règle. J'avoue avoir moi même récemment contacté le service municipal compétent il y a quelques semaines et donc avoir bénéficié d'une confirmation de la licéité de ma traque de la perchette en ces lieux. Incident médiocre, s'il en est, mais qui révèle le climat d'autoritarisme latent réclamé par une frange non négligeable de bas-du-front nationaux, impatients de pouvoir se fournir en chemises brunes sur Sheim.
Bref, une fois avoir proprement renvoyée Mémère à ses inavouables fantasmes policiers, j'ai gratté encore et encore en picorant de la perchette de ci de là mais sans véritablement rencontrer un triomphe incontestable.
Bon, effectivement, ça ne valait pas le coup de brûler de l'essence.