jeudi 31 décembre 2020

Adieu 2020

L'année écoulée s'est avérée sacrément déroutante. Qui aurait parié un rouble qu'un pholidote taquin revenu dans une sauce aigre-douce allait réussir là où Leonid Bernstein, Michel Bakounine et Daniel Cohn-Bendit avaient lamentablement échoué ? Pas moi en tout cas, je vous l'assure. Alors qu'on nous affirmait que la Décroissance était une utopie criminelle, située entre le malthusianisme à la Pol Pot et l'épicerie bio pour Hansel & Gretel, notre pangolin a suspendu les vols long-courriers, fermé les usines et provoqué des échauffourées picaresques (on s'est quasiment entretués pour les 12 dernières merguez du Auchan d'Evry par exemple !!!) qui ont, j'en suis certain, fait saisir à la plèbe l'urgence d'un Grenelle des Particules fines... Ou pas.

Comme c'est l'usage dans les temps troublés par des épidémies nouvelles, des figures tragiques ont émergé du chaos rampant. Savonarole, par exemple, fut sans doute grandement aidé en l'établissement de sa dictature millénariste par l'explosion de la syphilis qui emplissait alors les cimetières florentins. Loin de moi toute tentative de comparer le Gourou du Lavandou au prédicateur fanatique de la colère divine mais on peut discerner, non sans consternation, les mêmes mécanismes psychologiques à l'oeuvre. De plus, ce choc de contamination a levé le rideau sur l'état mental d'une société aux abois, sans aveu et autant le dire, invertébrée car se répandant partout comme une méduse échouée au premier coup de grisou. De partout se sont mis à aboyer les "Born again" complotistes, brûlant de l'inexpiable flamme qui consume les nouveaux convertis. Concert insupportable et irraisonné dont nous devons nous préparer à désormais supporter les sophismes, les non-sens et les invectives haineuses jusqu'au Jugement dernier (qui ne saurait tarder si j'en crois une partie de ce public captif).

Rayon de soleil dans la grisaille : ce Arbogaster texan qui orne désormais une de mes étagères !!!

A titre personnel, 2020 m'aura vu survivre à la Pangolinose au prix de séquelles assez peu agréables et par la suite battre un douteux record d'ITT sur une année civile (120 jours, honnêtement, je ne m'attendais pas à une telle performance...). Bref, l'année n'a pas comblé toutes mes attentes, voire m'a fortement déçu mais sans toutefois que je me laisse aller à manifester ma contrariété publiquement car vous me connaissez, je suis un gentleman au flegme légendaire, gardant son calme en toutes circonstances, y compris lorsque je décroche un poisson. A ce propos, en ce qui concerne la pêche, on ne peut pas dire que j'ai particulièrement "remboursé" le permis. J'ai assez peu pêché finalement mais j'ai eu sur deux mois à peu de choses près l'occasion de découvrir ou redécouvrir plein de coins sympas sur l'Eure, le Cher, la Seine, les Sèvres nantaise et niortaise, la Loire et même l'Yvette, c'est dire !!!^^

Le Réveillon tragique : "Qui a parlé d'hydrochloroquine avant le dessert ?"

Bref, 2020 de l'avis général restera dans nos mémoires comme une année inoubliable que l'on aimerait pourtant oublier. On n'est jamais content, c'est déplorable. D'ailleurs, doit-on cette année se signer une autorisation d'émissions de voeux du nouvel an ou ceux-ci sont-ils suspendus temporairement en attente de la publication des chiffres du Bonheur Intérieur Brut ? J'avoue que je suis étreint par le doute. En attendant, croisons les doigts et serrons les fesses. Qui sait si d'ici une semaine nous ne serons pas de retour au gnouf pour une période indéterminée qui se révèlera interminable ? Personne ne le souhaite mais connaissant désormais intolérablement mieux nos gouvernants et leurs capacités, on ne peut s'empêcher de considérer cette option comme inéluctable.



mardi 29 décembre 2020

Le dormeur obscur & ses turpitudes

Moi, vous me connaissez : mauvaise foi chevillée au corps, physique quasimodotique assumé, moyens financiers digne d'un FRAC somalien, une sorte d'inventaire définitif de la clochardisation rampante du Pêcheur d'en Bas,  un étalage d'infâme paupérisation, bref, un gueux à la limite de signaler son arrivée au Salon de Clermont-Ferrand par l'usage immodéré d'une crécelle. Pourtant, si l'on devait m'accorder contre toute attente un moindre défaut, ce serait probablement ma capacité à ergoter sans rémission sur les tarifs en vigueur...

En effet, un magasin de pêche a récemment ouvert ses portes aux confins de la sous-préfecture où je réside et je n'ai pu m'empêcher, une après-midi où ma volonté de partir à la pêche avait été compromise par des précipitations diluviennes, d'en pousser vigoureusement les portes. Achetant depuis 15 ans sur le web et depuis trois ans et demi sur aliexpress, il va sans dire que j'ai été frappé par l'élévation des prix moyens du matériel de pêche !!! L'exemple que j'ai choisi afin d'étayer mes récriminations du jour concernera le Dark Sleeper de chez Megabass, un leurre souple à lest intégré.


Comme vous n'êtes pas sans l'ignorer, "Le Dark Sleeper imite à la perfection la forme mais aussi la nage des poissons de fond comme les gobies, les chabots ou les grémilles. Plombé d'origine en tête, le dark sleeper est également armé d'un hameçon piquant et fort de fer camouflé entre les 2 parties de la nageoire dorsale du leurre. Cette excroissance de plastique camoufle l'hameçon de la vue des prédateurs mais joue aussi un très bon rôle d'anti-herbe et limite même très largement les risques d'accrocs." Rien que ça. J'avoue que le tableau est plus que tentant. Mais à plus de 12 euros le morceau de plastoque, on aurait comme qui dirait (du moins pour les horribles de ma catégorie) des pudeurs de rosière à l'idée de raquer tant d'oseille pour un truc pareil. Je sais : je suis d'une pingrerie confondante mais vous n'arriverez pas à m'attendrir, vil flatteur.


En fouinant sur aliexpress, j'ai rapidement trouvé en soldes des imitations de la chose. Je me suis donc empressé de me procurer pour moins de deux euros la version 1/2 oz et à 2 euros pièce 3 exemplaires de la version 1/4 oz. Pour environ 7,50 euros, je suis donc devenu l'heureux propriétaire de 4 Dark Sleeper de contrebande totalement identiques à ceux proposés avec une sournoiserie sans nom à notre consumériste candeur par les somptuaires Nippons et leurs ternes complices bellilois.


Le calcul est vite fait : si j'avais acheté ces 4 exemplaires en boutique, cela m'aurait coûté 50,50 euros. Autrement dit, il est impossible que j'eusse pu me commettre jusqu'à les acquérir en versant une somme tutoyant le dispendieux d'aussi odieuse façon. D'autant que les coloris sont tout à fait identiques, que les versions discount frétillent de la caudale avec une frénésie rappelant les meilleurs moments de la carrière de Dominique Strauss-Kahn et par là même mettant tout le monde d'accord sur le lien de filiation spirituelle que ce grand économiste entretenait avec le regretté Benjamin Griveaux. 








samedi 26 décembre 2020

Kosadaka Cubix 35F, hors norme & fier de l'être

Le proverbe est formel : "tout vient à point à qui sait attendre". Plus de cinq ans après avoir brillamment mis en exergue un crankbait atypique, j'ai fini par craquer et en commander un. Bien sûr, j'avais déjà tenté d'en obtenir par des biais inavouables, en traînant sur le dark web et entretenant des intelligences avec des bandes armées écumant le Donetsk tout en refusant avec une certaine hauteur ne manquant pas de noblesse le paiement Paypal. Mais, sans vouloir me compromettre jusqu'à professer des préjugés envers les Slaves mal rasés armés jusqu'aux dents amateurs de guerres civiles interminables, j'entrevoyais comme une possibilité d'escroquerie difficile à corriger sans solliciter les services dispendieux de tueurs à gages chassés du FSB pour brutalités excessives pendant le service. Heureusement qu'un brave boutiquier bien de chez nous en propose sur un célèbre site d'enchères en ligne pour une somme relativement indécente toutefois pour qui en est resté aux standards tarifaires aliexpress... 


Une fois la bête arrivée en mon auguste boîte à lettres, je me suis empressé de déballer, ému, ce petit leurre, confit en sa gangue éphémère de papier-bulle, dont j'évoquais depuis longtemps l'hypothétique acquisition comme un fantasme récurrent et pour ainsi dire inaccessible à moins de me lancer dans des transactions douteuses avec les psychopathes alcooliques décrits ci-dessus. 


Je n'ai pas été déçu. Il a de la gueule, ce simili Chubby échappé de Minecraft. En l'observant sous tous les angles, on comprend qu'il est carré de caractère. Carrément même. Je n'ai encore pas eu l'occasion de le tester mais, à moins d'un nouveau confinement drastique nous percutant le groin la semaine prochaine, j'ose espérer procéder à des essais en eaux libres. 


Il a une dégaine à bouger beaucoup d'eau pour sa taille. En hiver, vu qu'il est peu plongeant à priori, je ne lui donne pas trop de chances de me ramener une perchette mais à la belle saison, je pense raisonnablement qu'il sera en mesure de leurrer quelques poissons de temps à autres. C'est dire à quels errements l'enthousiasme me pousse... Franchement, même moi, parfois, j'en arrive à m'effrayer de mon optimisme.



mercredi 23 décembre 2020

Antiquités remarquables

Je sais, ce blog manque effroyablement de poissons tirés manu-militari de l'onde claire et exposés sans plus de chichis à l'admiration virtuelle du quidam 2.0. Ne m'en voulez pas trop. La seule justification qui me vienne à l'esprit consiste à mettre en avant mes disponibilités réduites et mon physique chancelant quoique en bonne voie d'amélioration. L'humidité régnant est aussi un facteur limitant car, souvenez vous en, je suis tout de même la quintessence bancale du keuplou cacochyme. Non mais...


Remontons donc ensemble le temps jusqu'en 1915. Alors que l'Europe s'entre-tue avec un bel enthousiasme, sur les berges de l'Ohio, la firme Harlow & Steinbaugh de Newark sort un des leurres les plus redoutables de tous les temps. Oui, redoutable. Mais surtout pour les mains des pêcheurs tant son système anti-herbes sous tension avait tendance à s'ouvrir violemment. Et pour anticiper la question qui vous brûle les lèvres, oui, le capitaine Crochet en a eu un alors qu'il n'était pas à jour de son vaccin anti-tétanos. Sauf que le lobby des fabricants de leurres a tout mis sur le dos d'un pauvre saurien chronophage. William F. Harlow et Johnny Steinbaugh auraient sorti le même leurre quelques décennies plus tard, ils auraient été crucifiés au tribunal par les Ralph Nader de la pêche du black-bass. Par chance, ces deux inventeurs avant-gardistes sont morts avant. Ouf.


Digne témoignage de l'engouement patriotique ayant embrasé l'opinion publique américaine après la nouvelle de l'attaque nippone qui ferrailla la flotte du Pacifique par surprise, le Shooting Lure, création du mécanicien Thomas G. Prentice, comprenait lui aussi un système d'éjection de l'hameçon à la touche le rendant virtuellement imperdable. On excusera le coloris très "Stars & Stripes". En effet, d'après certains historiens, l'effort de guerre américain aurait apporté sa petite pierre à la victoire finale sur la barbarie. Même le général de Gaulle a failli le reconnaître publiquement un jour avant heureusement de se reprendre.


Dans les années 30, Sainte Croix, entreprise basée à Stillwater, Minnesota, était, avant de devenir le facteur de cannes mondialement reconnu que nous connaissons, aussi fabriquant de leurres. Pas toujours, il est vrai, très respectueux de l'environnement. Le Neon Fire Fly, destiné à la pêche de nuit, irradiait une luminosité très coquette grâce aux 42 grammes de... Mercure planqués dans son nez transparent. Véritable cauchemar de Greenpeace avant la lettre, notre seul espoir est que peu d'exemplaires aient été vendus et surtout perdus en pleine nature.


Terminons par un de ces losers magnifiques qui nous font tant aimer l'envers du rêve américain : Harold Ensley, le Walter Mitty du swimbait vintage, celui là même qui osa affirmer que son "Sneaky Snake" (soit "Serpent sournois", une révérence peut-être mal venue pour certains pêcheurs conservateurs de la Bible Belt ?) était meilleur que les Rapala. A sa décharge, il faut préciser que l'époque n'était pas propice des masses à l'expression totale de la vérité. En plus, il avait une tronche à faire l'assassin dans un Columbo vintage.


Voila, vous devrez vous contenter de ça pour la journée. En effet, comme chaque année, il manque des trucs pour les Fêtes. Ce qui va m'obliger à plonger en une apnée risquée au milieu des hordes de zombies consuméristes parties claquer leurs minima sociaux dans une succession de joyeux clusters. Mais que voulez vous, c'est toujours plus agréable que d'être démocrate en Iran, pauvre en Russie ou contraint d'argumenter entre la bûche et le digestif sur l'hydroxychloroquine en face de fanatiques qui feraient, par leur érudition médicale fraîchement acquise, passer les sorciers préhistoriques qu'affronte sempiternellement ce bon vieux Rahan pour Louis Pasteur. 




mardi 22 décembre 2020

Métal d'avant

Entre deux confinements de basse intensité bloquant autant le virus que les filets de raquette de tennis bloquent les courants d'air, il m'arrive de ranger quelque peu mes pièges à tétanos. Il est vrai que ces deux dernières années, j'ai dû déménager à plusieurs reprises (ah la magie des foules de villageois primitifs en colère équipés de fourches, de piques et de torches...) et que je commence donc tout juste à récupérer mes trésors accumulés depuis des décennies. Aujourd'hui, nous aborderons si vous le voulez bien la question brûlante des vieilles tournantes n°3 et n°4. 

Si je vous ai déjà auparavant accablé de mes dithyrambiques couinements quant à la merveilleuse efficacité des Veltic Rublex n°2 ou n°3, je vous avais épargné mes considérations définitives sur la n°4. Cet oubli désastreux appartient désormais au passé. Comme vous pouvez le distinguer sur la photo du dessous, la Veltic offre au "bricoleurre" une opportunité magistrale en permettant de remplace le triple gainé de rouge par un hameçon simple à hampe droite style Streamer permettant d'y glisser délicatement un shad quelconque de votre choix à partir du moment où son morphotype est celui du One Up évidemment !!!^^ Sans vouloir briser les sceaux du dossier classé secret défense renfermant les rapports circonstanciés de mes escapades esoxophiles de jadis, je peux publiquement affirmer que cette hybridation sans douleur constitue un de mes vieux trucs de trappeur poilu sévèrement burné, pardon, buriné et sentant un peu l'urine de moufette parfois mais que voulez vous, personne n'est parfait.


Pour moins cher qu'une calamiteuse cuillère aliexpress (oui, les Chinois ne peuvent pas être bons partout, hélas), vous pourrez au hasard des allées poussiéreuses d'une brocante provinciale vous encanailler en devenant le propriétaire comblé d'une cuillère Whisper. Là vous tiendrez dans vos mains un de ces artifices dignes d'éloge, voire parfaitement capable de sortir des flots tumultueux d'un radier ligérien, un aspe velu, un chevesne en surpoids ou même un ide mélanote doté d'un IMC d'éléphant de mer. Je sais que le plan est ambitieux mais bordel à queue, vous n'avez pas d'ambition ou quoi ?


Afin de préserver le cheptel aquatique et tout spécialement les gros spécimens de perches, la cuillère Vibrax est tombée en désuétude. Heureuse nouvelle. Car c'est un leurre qui diffère grandement de la masse des autres ferrailles vouées à une submersion épisodique en temps normal ou éternelle en cas de problème. Si je vous disais que la n°4 est une arme de dépoiscallisation massive en de mauvaises mains, je serais, je le crains, en dessous de la réalité. Par chance (mais aussi par vouloir comme le dit le poète breton contestataire poilu en ciré jaune dont le nom m'échappe), je possède aussi la version "Black Metal" soit la même mais en noir, qui, avec son faux-air de dytique berserker, intéresse fortement les gros black-bass embusqués à l'ombre des frondaisons d'un marais que nous connaissons bien...

Voila de quoi fantasmer à une saison de pêche future qui ne devrait plus tarder, j'imagine. Même si des nuages noirs s'amoncellent à l'horizon, j'espère que d'ici quelques mois, nous pourrons reprendre une vie sinon normale, du moins raisonnablement équilibrée. En attendant la crise de foie, la neige fondue et le reconfinement de lundi prochain qui semble officieusement se profiler (aaaah ces rumeurs invérifiables de drones pourchassant le fêtard isolé et programmés pour des examens proctologiques aléatoires post-réveillonnaire, quelle innovation), permettez moi de vous souhaiter de bonnes Fêtes en espérant que vous ne tuerez pas à coups de tison votre tonton rougeaud fanatique du savant de Marseille ni votre belle-mère persuadée que les pangolins sont tous franc-maçons à l'issue d'une controverse avinée n'en comprenant pas. D'issue, je veux dire.





lundi 21 décembre 2020

Les 10 leurres qui ont révolutionné la pêche

La plupart des pêcheurs sachant faire preuve en privé d'un minimum d'honnêteté (c'est à dire moi et deux ou trois autres pauvres types) savent pertinemment que certains leurres ont à leur humble mesure révolutionné la pêche. Bien sûr, selon les uns ou les autres, le classement sera différent et en grande partie bouleversé. Un pêcheur accroc au sandre n'aura pas les mêmes coups de coeur qu'un autre fanatique de pêche du bar en surface. Pour crédibiliser s'il est possible ce petit classement, il faut prendre en compte la popularité non démentie d'un leurre, son efficacité, voire sa polyvalence. Je pourrais m'étendre sans limitation de durée en multipliant les exemples mais je préfère commencer tout de suite à livrer ce "Top 10" sans prétention quoique horriblement partial. Entamons donc le compte à rebours...


Numéro 10 : le Spinnerbait Strike King.


Crée en 1966 par Charles Spence à Collierville, Tennessee, Strike King s'est rapidement affirmée en tant que marque productrice de spinnerbaits vainqueurs de tournois du Bassmaster. Certes, le spinnerbait existe en tant que tel depuis la fin du XIXème siècle mais Strike King a su affiner le design de ce type de leurre à tel point que Strike King est devenu quasiment une appellation courante pour désigner un spinnerbait, un peu comme on désigne encore un poisson-nageur comme un Rapala. Parmi les nombreux modèles de spinnerbaits que propose la marque, tous ont en commun une finition impeccable et une grande diversité de coloris. D'ailleurs, plus d'un demi-siècle après la première version de spinnerbait de Strike King, les versions ultérieures continuent de gagner des tournois de pêche.


Numéro 9 : le Lazy Ike


D'innombrables leurres du type "Flat Fish" ont été produits au cours des ans mais aucun n'a acquis la renommée du légendaire Lazy Fish. Sculpté à la main par Newel Daniels de Fort Dodge, Iowa, dans les années 30, il capture toujours du poisson plus de 80 ans plus tard. Le secret du succès de ce leurre réside dans sa nage folle, insensée, qui le fait aller de droite à gauche comme une proie paniquée. Un pêcheur sachant pêcher ne peut décemment s'en passer. 

Numéro 8 : la cuillère ondulante Effzett Blinker.



Cette cuillère est tout simplement une légende. Elle a été conçue au début des années 30 en Allemagne. Elle a déplorablement contribué, il est vrai, à la raréfaction du brochet dans les eaux européennes tant elle a été utilisée depuis. Aujourd'hui, on en relie deux ensemble par des anneaux brisés "exo" pour titiller les silures. L'ondulante ignominieusement délaissée par les pêcheurs se voulant modernes est hélas un leurre trop souvent dédaigné mais qui prend toujours, voire souvent quand rien ne marche.

Numéro 7 : le Heddon Spook Junior


Entrons dans la modernité avec un grand "M" en compagnie de ce leurre de surface qui fut à l'origine de la mode de la pêche en mer au leurre de surface. Connu depuis longtemps aux USA, son apparition sur le marché français nous a fait délaisser sans façon nos Raglous défraîchis, nos Anguillons plombés plus lourds qu'une séance des Grandes Gueules et nos cuillères à maquereaux de ferrailleurs moustachus un peu has-been dans leur survêtement en nylon. Que de souvenirs...


Numéro 6 : le Rubber Jig.


Pas de modèle ni de marque n'émargent particulièrement à mon sens pour les ériger en icônes du genre. Le Rubber Jig est l'ustensile rêvé qui nous manquait pour titiller dans les obstacles les plus rébarbatifs les carnassiers embusqués. Associé ou pas à un trailer, il nous a fait prendre les bass auxquels nous rêvions en nous permettant d'accéder à un nouvel univers technique. Tout simplement.

Numéro 5 : le Big-Big Ragot


Le Big Big est un leurre lui aussi légendaire. Création d'Ange Porteux, c'est un leurre qui a comblé les pêcheurs de bars mais qui a accompagné pareillement les débuts des traqueurs d'aspes sur le Rhin au début des années 90. Ange Porteux est décédé à 104 ans, il y a un peu plus d'un an. J'ai eu le privilège de le rencontrer il y a bien des années. Au cours d'une conversation improvisée, alors que je lui apportais un café, je l'avais appelé Monsieur Porteux. Il avait cligné de l'oeil malicieusement, fait semblant de regarder derrière lui comme si on s'adressait à quelqu'un d'autre (dans un hall d'exposition vide à 7h30 du matin) et m'a confié un des secrets essentiels de l'existence en me répondant qu'il n'y avait pas de "Monsieur" à la pêche. Juste des pêcheurs un peu plus chanceux que les autres. Un grand leurre fait par un grand pêcheur, voila donc le titre de gloire du Big Big.

Numéro 4 : la Mepps Aglia.



Lorsque André Meulnart dessina l'Aglia en 1938, il savait déjà qu'il tenait une idée de génie. La palette tourbillonnait sans effort, renvoyant ses éclats au loin et elle ressemblait à un papillon (d'où son nom de baptême "Aglia" soit Papillon en latin). Afin de produire en masse sa cuillère, André Meulnart créa cette firme que nous vénérons encore aujourd'hui : Mepps pour Manufacturier d'Engins pour la Pêche Sportive. Ce leurre aurait pu rester l'apanage hautement confidentiel des pêcheurs hexagonaux sans les prétentions territoriales d'un moustachu accablé par le destin l'ayant privé d'un testicule et d'un diplôme des Beaux Arts de Vienne. Passons sur les menues péripéties pour en arriver au croustillant : dès l'été 1944, la France fut traversée par de braves garçons venus du Canada, des USA et de Grande-Bretagne dont beaucoup étaient férus de pêche à la ligne, ce loisir encore étrangement populaire à l'époque. Ils ramenèrent chez eux des exemplaires de la Mepps Aglia et ceci changea la face du monde. En 1951, un marchand d'articles de pêche du Wisconsin, Todd Sheldon, alors qu'il allait rentrer bredouille osa accrocher au bout de sa ligne une cuillère ramenée de sa guerre en Europe par un ami et vétéran local, Frank Velek. Deux heures plus tard, Todd avait 4 truites pesant un total de 12 livres dans son panier. Mepps venait de faire une entrée fracassante sur la scène mondiale. Moins de 10 ans plus tard, Todd, unique importateur de l'Aglia en Amérique du Nord en vendait plus de 3 millions par an. 


Numéro 3 : le Rapala Original.



Tout le monde connait l'histoire du pauvre pêcheur finlandais, Lauri Rapala, gagnant chichement sa vie au bord du lac Paijanne. Son sens de l'observation génial lui fit remarquer que les perches et les brochets n'attaquaient pas n'importe lequel des poissons qui musardaient sous son ponton. Seuls les affaiblis à la nage erratique se faisaient bouloter sans plus de manière que ça. Lauri prit son opinel, un bout de bois et zou, le reste appartient à l'histoire. Dès 1936, Lauri a pu vivre de sa production de leurres, qu'il testait lui-même, un par un. Rapala est depuis devenu une appellation générique pour les poissons-nageurs. Je ne compte plus les poissons pris avec l'original flottant et même si aujourd'hui, à mon grand désarroi, je délaisse le chef-d'oeuvre finnois pour d'autres leurres plus clinquants, je lui dois bien des émotions. Près de 80 ans de triomphes ininterrompus ne doivent rien au hasard.

Numéro 2 : le SANDRA Delalande.



Remis régulièrement au "goût du jour" par les designers de l'honorable maison Delalande, le Sandra est comme son nom l'indique un leurre initialement dédié à la traque du sandre. Mais il ne démérite pas sur les brochets, perches et autres silures. J'ai même pris des bars avec ce leurre souple, un jour où, pas franchement bien remis des excès de la veille, j'étais parti naviguer sur le golfe du Morbihan accompagné de... Mon sac à pêche d'eau douce !!! Depuis plus de 20 ans, je le considère comme un des meilleurs leurres et ce dans toutes les tailles. 


Numéro 1 : le Turbo Shad Bass Assassin.


En toute partialité, il me fallait mettre en tête de ce classement un shad puisque c'est LE leurre souple que je mets en priorité à l'eau quand je ne connais pas le coin ni les populations de poisson qui y dominent. J'aurais pu ou dû en sortir un autre de mon chapeau : Easy Shiner, One Up, Rockvibe, Ripple Shad, Slit Shad, etc... Mais j'ai préféré revenir un peu en arrière et mettre en avant un leurre souple qui m'a rapporté autant en eau douce qu'en eau salée du poisson sans trop me fatiguer la cervelle. Un leurre qui, lui aussi d'ailleurs, ne dépareillerait pas dans une musette de pêcheur actuel qu'il soit débutant ou un pratiquant confirmé.

Voila, c'est un classement critiquable mais en attendant, c'est le mien. Sous réserve d'évolutions éventuelles qui ne sauraient trop tarder tant je suis un être abominablement fluctuant du panégyrique. 





samedi 19 décembre 2020

Des prix fous...

Parmi les effets collatéraux dramatiques des deux confinements-série en cours-de cette peu glorieuse année 2020, il en est un qui, à ma grande honte, révèle au grand jour mes troubles de la personnalité. Il me coûte de l'avouer mais j'ai acheté des revues de pêche au lieu de consacrer mon argent de poche au picon-bière. Au détour des pages de ces opuscules minimalistes, je suis tombé sur quelques articles publicitaires qui m'ont laissé pantois. En effet, ne pêchant plus quasiment qu'en cuillères vintage, leurres-maison ou petites saloperies d'aliexpress, j'avais perdu de vue les tarifs en vigueur...

Le Zipbaits Orbit 130 vendu à plus de 30 euros, ça calme un chouia le consommateur lambda. 

En parlant d'ali justement, sachez qu'on peut se procurer le même leurre sur des boutiques comme Fishall, All Blue et autres pour moins de 5 euros (et encore, en dehors des promotions). Certes, le choix de coloris sera plus réduit mais à moins d'être totalement débutant, vous savez bien qu'avec deux ou trois coloris différents, on arrive toujours à s'en sortir. Un Flashy (Fire Tiger par exemple), un Doré, un Argenté et/ou un Translucide suffiront dans 90% des situations où la pêche au jerkbait se justifie. Pas besoin d'être rédacteur en chef de Tackle Tour pour se le tatouer sur l'avant-bras.

15 euros les deux Têtes plombées à palette et ça ne dérange personne ?

En ce qui concerne les têtes plombées Texas à palette du dessus, j'en ai acheté 3 pour 3,50 euros. Prix de détail : 1,16 euro. A comparer au prix magasin des VMC : entre 5 et 7,50 la pièce. Ouille, ça calme aussi. On doit serrer les fesses à la moindre branchette affleurante. Mais poursuivons, je vous en prie, notre petite évaluation...


Un avatar de ce leurre souple existe sur Sunmile à un tarif que je peux me permettre de qualifier de "compétitif". Une légère différence de forme de caudale (qu'on peut résoudre d'un habile coup de ciseaux) et un centimètre de moins, certes... Mais sur ali, pour le même prix, vous avez 30 shads au lieu de 8...


Parmi les innombrables copies du Fat Swing Impact, la Pêche & les Poissons fait la promotion du modèle Bass Assassin, marque honorable. Mais à 11 euros les 6 exemplaires, je me tournerais plutôt si j'étais vous du côté de chez Hunthouse. A 50 centimes le leurre souple, ça reste plus économique pour le même genre de produit. Bref si vous m'avez suivi, 2 têtes plombées, 1 leurre dur et deux pochettes de ces leurres souples vous coûteront entre 60 et 75 euros chez un détaillant. Le même panier sur aliexpress vous reviendra à... Environ 10 euros. Je dis ça, je dis rien. Joyeuses fêtes quand même...




vendredi 18 décembre 2020

Des ferrailleurs venus d'au delà du Mur...

La pêche aux leurres artificiels "modernes" au moins en Europe occidentale est un phénomène ancien. Certes, tout comme la pêche à la mouche, elle a longtemps été l'apanage d'une "avant-garde éclairée". Il a fallu attendre les années 50 pour la voir se démocratiser vraiment. Fibre de verre, équipements à portée de tous les budgets, voiture individuelle, l'époque était propice. Or à la même période, une moitié de l'Europe ne bénéficiait pas de l'apport des technologies américaines. Au delà du Rideau de Fer, on en était pas encore à bénéficier de ces cochonneries capitalistes dont l'importation aurait de toute façon constitué un crime contre le peuple. Toutefois, par une réaction salutaire finalement, le manque de matières premières pouvant être consacrées à des activités individuelles soupçonnables d'être effroyablement petite-bourgeoises a poussé les fabricants d'Europe orientale à se montrer remarquablement créatifs. Dans l'immédiat après-guerre, le matériel de pêche disponible dans la zone d'occupation soviétique en Allemagne provenait encore principalement de la zone occupée par les Alliés occidentaux. Les frontières étaient encore poreuses et les grandes entreprises du secteur, comme par exemple D.A.M, étaient pour beaucoup d'entre-elles situées à Berlin-Ouest. A la proclamation de la République Démocratique Allemande le 7 octobre 1949, il restait de nombreuses petites entreprises privées capables de produire du matériel de pêche. La nationalisation totale des appareils de production ne sera en effet réalisée totalement que 10 ans plus tard.


Jusqu'au début des années 50, le grand magasin de Leipzig, Berndt-Lax & co, fournissait toujours du matériel de pêche mais essentiellement issu des stocks d'avant-guerre. En 1955, Kurt Zick-qui devînt plus tard président de la commission centrale de l'association des pêcheurs à la ligne de RDA- lança un appel désespéré dans le journal spécialisé "Deutsche Angelsport" afin de décider des fabricants à concevoir et produire du matériel de pêche moderne et accessible pour le prolétariat épanoui du paradis des travailleurs (garantie évidemment non contractuelle). Le seul fabricant officiel de cannes à pêche, Oswald Kuckuck, était basé à Grosskorbetha. Il manquait de tout et particulièrement de matériel pour fabriquer les cannes à pêche, ce qui peut être gênant dans cette branche (ah ah) d'activité. Heureusement l'état-major du Corps Expéditionnaire Français d'Extrême Orient avec son sens aigu de la tactique réussit à ouvrir une voie royale d'approvisionnement en bambou en cherchant à anéantir le Viet-Minh en une seule bataille décisive. Dien-Bien-Phu tombé, le bambou de qualité arriva à plein wagons du sud-est asiatique peuplé désormais de "peuples frères".


Un autre problème se posa alors : la République Démocratique Allemande manquait de matériaux capables de servir à la production d'anneaux capables de résister à l'abrasion. Une société de galvanoplastie, Schlegel, finit par subvenir à ce besoin crucial. La Berliner Metallhütten- und Halbzeugwerk fournit elle les cannes. Ce manque de matière première conduisit par ailleurs notre ami Oswald a inventé le raccord de canne sans bague métallique qui était pourtant le standard indépassable de l'époque. La prochaine fois que vous emboiterez votre deux brins, sachez que vous le devez à un communiste. Allemand de surcroît. Je sais, c'est dur.

La politique étrangère de la RDA n'a pas contribué à la large diffusion de marques comme Heddon ou Silver Creek sur les berges de la Spree ou de l'Oder...



Au cours des années suivantes, des fabricants tels que la "Coopérative de production de mobilier individuel Weissenfelser" ou "Fritsche & Herzig" se sont eux-aussi mis à produire des cannes à pêche sans que toutefois aucun n'arrive à égaler la qualité de celles d'Oswald Kuckuck. Face à la pénurie endémique nuisant à l'équipement du pêcheur est-allemand, des initiatives commencèrent à voir le jour.


Dans une petite usine de métallurgie d'Heiligenstadt, une machine-outil importée sous le manteau depuis l'alter-égo odieusement réactionnaire, permit de fabriquer des hameçons. Les fabricants de RDA manifestèrent leur besoin de métaux non ferreux et autres alliages légers pour produire du matériel de pêche local. Kurt Zick appela alors les pêcheurs est-allemands à collecter eux-mêmes dans toute la RDA ces précieux matériaux. Rappelons que nous sommes alors à moins de 10 années de la fin de la seconde guerre mondiale. Des métaux jonchent alors les sols des villes et des campagnes, ultimes scories de la tuerie finale. En 1958, la situation du pêcheur local s'améliora nettement grâce à Hans Wagner, un Allemand de l'Ouest philanthrope, qui installa en Saxe à Sebnitz, une unité de production qui fournit des cannes en fibre de verre à cette clientèle jusque là tenue à l'écart de la modernité halieutique.


Wagner introduisit la fibre de verre creuse, une révolution au pays nourri pourtant des doctes enseignements de Marx et Engels. Le gros problème fut que rien n'était disponible pour usiner des matériaux fiables pour le talon des cannes à pêche. On essaya moult pis-aller comme le plastique expansé ou le liège compressé sans réussir à régler le problème. Hélas, les talons de canne ne tenaient pas la distance, se recroquevillant ou cédant sous l'effort. Le sort du socialisme halieutique était en jeu. Tout s'arrangea provisoirement grâce à un pays bienveillant et peu rancunier quand on songe à ce que les Allemands en avaient fait 20 années plus tôt : la Tchécoslovaquie. 


En effet, la firme Bata, mondialement connue dans le domaine de l'écrase-merde, utilisait un substitut de liège (en d'autres temps on aurait dit Ersatz...) nommé le "Korkfant". Bon, ce n'était pas le truc du siècle non plus. Lassés des échecs successifs, les fabricants s'adressèrent au camarade suprême Walter Ulbricht pour obtenir un peu de carbone à injecter dans leur fibre de verre. Leur demande fut rejetée. Motif : impératifs stratégiques d'état !!! Le carbone était rare et cher. On allait pas en gaspiller pour des taquineurs de brochetons alors que les hordes fascistes de la République Fédérale Allemande étaient à deux doigts de sauter à la gorge de la Patrie des Travailleurs, zut !!! 

A la fin de la décennie toutefois, la demande des consommateurs est-allemands commença à se voir satisfaire par quelques produits locaux : le "Pueppsche" de Malhsdorf, le "Mueller" de Rostock ou encore le "Neulac" de Coswig (près de Dresde) sont à distinguer particulièrement. La grande entreprise d'état (pléonasme en RDA) ne fut pas en reste et proposa plusieurs gammes de cannes à pêche comme les "Bambi", "Plasti" et "Nixe" produites dans son usine d'Oranienburg. Le SGDG (Sans Garantie Du Gouvernement) local s'appliquait par contre strictement pour la fabrication des cuillères et autres poissons-nageurs. Leur fabrication dépendait d'un système D absolu. La qualité était donc pour le moins aléatoire voire nulle en ce qui concernait la fiabilité des hameçons réalisés en acier n'en ayant que le nom.

En 1955, à la Foire commerciale du Printemps se déroulant à Leipzig, cinq entreprises ont présenté des leurres fabriqués en RDA. Les berlinois Bubach, Rohde et Soeffge ainsi que la firme de Leipzig, Lehmann, produisaient alors beaucoup d'ondulantes plutôt correctes mais leur production manquait cruellement de leurres non métalliques. A l'époque, le principal journal de pêche est-allemand, le "Deutsches Angelsport" osait critiquer cette timidité. Il faut dire que le Mur de Berlin proprement dit n'était pas encore sorti de terre. 


En 1960, Sportartikel révolutionna le paysage en proposant tout bonnement un catalogue de pêche. Les moulinets Emté-Deplhin, aujourd'hui fort prisés des collectionneurs comme premier moulinet allemand à frein arrière, conçus par l'ingénieur Stairshauer de Dresde, y était à l'honneur ainsi que d'autres productions plus confidentielles comme les cuillères ondulantes Heintz et Z. Le VEB Solidor d'Heiligenstadt proposait aussi des cuillères tournantes qui n'étaient ni plus ni moins que des Mepps dont le secret de fabrication avait dû être arraché par des agents de la STASI n'écoutant que leur devoir, j'imagine.

Dans les dernières années de la RDA, différentes usines se réunirent pour proposer sous la marque "Germina" une plus grande diversité de leurres. Le plus connu et sans doute le plus vendu fût la cuillère Choppi, une copie de la Reflex Abu Garcia. D'autres méritent aussi une certaine attention comme le Wobbly Blinker qui a été une sorte de leurre-miracle pour des vaillants pêcheurs germaniques pas encore réduits à vivre des aides sociales, avachis dans leur canapé en sirotant un schnaps-coca devant MTV. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'était le bon temps mais il est toujours intéressant de voir comme la pénurie peut introduire innovation et émulation à l'échelle des pêcheurs de tout un pays. 


Allez, sans rancune, Pays qui n'existe plus... Je viens de m'apercevoir par ailleurs que ce billet à l'érudition sans faille vous est infligé le jour du 142ème anniversaire de Staline. Oups. Je tiens à vous assurer qu'il s'agit là d'un hasard total. En plus, d'après les mémoires de Trotski, il paraît qu'il était pas foutu de choper une perchette à la cuillère n°0, ce con là...



jeudi 17 décembre 2020

Un avant-goût de ce qui va aller à l'eau en 2021

J'ai beau manifester publiquement une condition physique d'opossum trop cuit et redouter une troisième vague menant à un énième confinement pour janvier prochain, il m'est apparu nécessaire de m'équiper un tant soit peu en petits leurres souples pouvant éventuellement sur un malentendu inexplicable rationnellement leurrer un sandre ou deux. Je sais que j'ai mis la barre très haut, certes. Surtout si je ne peux pas me rendre au bord de la Seine avant le fatidique dernier dimanche de janvier. Mais je suis un risque-tout, un forban buriné, un véritable gentilhomme de fortune du steady-retrieve en milieu fluvial périurbain encombré pour ainsi dire. Ainsi, j'ai su discerner au hasard des coins et recoins d'un site chinois que l'on ne présente plus aux pingres racornis, grippe-sous larvaires et autres tristes rebuts de la réussite sociale soucieux de ne pas acheter leurs leurres souples au prix du caviar...


Chez Super Continent, honorable échoppe finalement assez peu connue, j'ai pris pour une somme dérisoire un paquet de ces shads conséquemment gluants de phéromones suspects. Pour moins d'1,50 euro les 6 leurres souples de 97 mm de long, je n'ose parler d'affaire du siècle mais je n'en pense pas moins !!! J'ai très très hâte d'aller les faire nager dans le fleuve. Au pire du pire, ils iront se promener un peu dans le Marais poitevin un de ces jours, c'est acquis. En tout cas, ça fouette sévère et ça devrait décider les percidés de partout.


Atteignant sans vergogne la longueur du précédent shad décrit, ce leurre souple nommé Madfry (soit la "Frite tarée", où va se nicher l'imagination des créatifs halieutiques, je vous le demande ?) proposé par Ravencraft, une marque aux tarifs plus élevés que ceux de Super Continent, est vendu lui aussi par six exemplaires. Il semble s'adresser effectivement aux sandres mais aussi aux bass, bars et grosses perches par sa texture souple et, lui aussi, son attractant un peu trop lourd pour servir en toute efficacité de déodorant. A moins que vous soyez un calamar peu porté sur l'hygiène intime évidemment.

Comme je suis une crapule infâme sans aucune moralité et au patriotisme si embryonnaire qu'à côté de moi Pierre Laval aurait soudain comme de faux-airs de bienfaiteur du peuple, j'ai aussi tapé dans la contrefaçon de Black Minnows. Ne m'arrêtant pas en si bon chemin, j'ai sans l'ombre d'une hésitation acheté les têtes plombées spéciales destinées à magnifier leur auguste nage. Car je ne désespère pas, dans un avenir proche, me (re)lancer dans la production de têtes plombées. A priori, ces copies ne semblent pas démériter : souplesse et arômes sont au rendez-vous. Il faudra voir ce qu'il en est en situation réelle mais en attendant, sortis du paquet, les petits shads ont l'air tout ce qu'il y a d'aguichant. 






mercredi 16 décembre 2020

Quelques trucs en vrac...

 

Un petit moulin typique dans cet écrin de verdure hors du temps qu'offre au pêcheur itinérant une certaine vallée d'un certain affluent de la Seine mais chut, ne dévoilons pas lequel...


Aaaaaah, joie, bonheur et toutes ces sortes de choses. Depuis hier, nous avons l'autorisation de nous autoriser à ne pas nous autoriser à sortir afin de faire des trucs non essentiels. Je ne sais pas si vous avez suivi mais c'est ce que j'ai conclu de l'intervention des Shadoks gouvernementaux. Bref, je serai charitable en n'insistant pas sur ces nouvelles preuves de leur souplesse d'esprit. Pour une fois, j'avais un peu de chance avec le top-départ du lâché de covidés. En effet, j'avais deux heures de libres l'après-midi et j'ai ainsi pu explorer de visu quelques spots pas trop lointains aperçus depuis certaines applications espionnes bien pratiques. Hélas les pluies des jours passés ont rendu l'eau un peu trouble et surtout ont accéléré le débit de la rivière. Difficile avec une canne L de tenir le jus et le seul endroit où le flux s'avérait un tant soit peu amorti n'était pêchable qu'à quelques centimètres de deux superbes Beaucerons visiblement très énervés et vaguement contenus par un grillage douteux.

Une perche leurrée par un combo TP + odieuse contrefaçon de 
One Up 2" depuis un pont perdu en rase-campagne...

Mais la mission initiale a été remplie. J'ai repéré quelques accès fort intéressants qui seront plus exploitables à la belle saison tant à la mouche qu'aux leurres. Pour la pêche en elle-même, je n'ai eu accès à rien de bien enthousiasmant par contre, si l'on excepte le décrochage surprise d'un joli brochet amateur éclairé de One Up "bubble gum". Les ésocidés du coin semble apprécier le One Up 2" flashy car pareil mésaventure m'était survenue en janvier dernier sur un coloris chartreuse... 

Vivement les cadeaux sous le sapin. Sans vouloir déflorer le suspens,
je crois qu'il y aura du aliexpress dur et du mou à découvrir !!!^^

Cela dit, le plus important était de vérifier si mes vieux os allaient tenir la secousse sans que je finisse la journée aux Urgences. Malgré l'humidité ambiante, j'ai réussi à marcher un peu sans subir de conséquences trop dommageables. Fait troublant : j'ai même réussi le lendemain matin à m'extraire du lit sans assistance. On dirait bien que je suis en bonne voie de guérison. Enfin, je l'espère. 





lundi 14 décembre 2020

Le "Fait-Maison", un sport de saison...

 


Depuis bien des lunes désormais, gringo, je profite de mes toujours trop rares moments de temps libre pour bricoler des machins plus ou moins bien élaborés, bricolés et finalement testés sur des poissons plus ou moins enthousiastes. Je ne compte plus les leurres souples aux formes conçues dans mon esprit enfiévré qui ont su leurrer les perchettes les plus candides de l'Ouest sauvage. Idem pour les têtes plombées qui, par dizaines, honorent désormais de leur présence les embâcles de Loire & dépendances que j'ai moulé avec amour le masque à gaz vissé sur le museau. 


Hélas depuis deux ans, je suis un peu sur la route comme un Jack Kerouac hyperactif. Du coup, le bricolage et ses impératifs (local, temps, matos empilé jusqu'au plafond dans un garage industriellement bordélique) a été laissé un peu de côté. Ce n'est que partie remise, certes, mais tout de même, jouer les apprentis sorcier du home-made sans filet me manque cruellement.

C'est pourquoi, ne reculant pas devant cet esprit de partage désintéressé effroyablement proche de la haute-trahison du projet macroniste, j'ai compilé quelques petits trucs qui pourraient, sait-on jamais, complaire à un public avide de sortir des sentiers balisés à la naphtaline du consumérisme moutonnier.


Evidemment, je ne fais que rêvasser à la velléitaire. Je n'ai pas pour le moment l'opportunité de retourner à mon prolifique atelier. Mais j'y pense avec une délectation extatique si je puis m'exprimer ainsi. Bientôt peut-être, bientôt, je pourrai m'y remettre. Le plus tôt sera le mieux...




vendredi 11 décembre 2020

HEDDONISME et puis c'est tout.

Peu de gens le savent mais la marque HEDDON est une des plus anciennes compagnies de fabrication de leurres artificiels. Tout commença en 1902 quand James Heddon, l'illustre ancêtre, abandonna son noble métier d'apiculteur pour se lancer dans ce qu'on n'osait encore appeler le "garage craft".  James fabriquait déjà pour son propre usage dans la cuisine familiale de Dowagiac, Michigan, des leurres en bois depuis 1894 avant qu'il ne se se décide sous la pression populaire à en faire profiter contre une honnête rémunération ses chers compatriotes. Le plus ancien des leurres connus de James Heddon s'appelait sobrement la Frog. On peut, je crois, deviner facilement pourquoi.


Malheureusement, James Heddon décèda en 1911, âgé de 66 ans et ne put donc connaître l'étendue du succès de ses productions. En effet, bien des concurrents imitèrent sans vergogne ses leurres, ne les modifiant qu'à la marge pour éviter des procédures pénibles suite à des mises en accusation de se livrer à la contrefaçon, les veules. James Heddon, fin pêcheur de black-bass ne négligeant aucun détail retenu des milliers d'heures qu'il passa au bord de l'eau, créa une série de leurres baptisés Dowagiac en clin d'oeil au berceau de la famille. En 1902, pour les grands débuts de la firme sortit le Slopenose Dowagiac Expert dont la carrière fut courte car la production s'interrompit juste après le décès de James lorsque que Will Heddon, son fils, reprit les rênes de l'entreprise.

Les deux autres versions estampillées Dowagiac connurent deux destins différents : le Underwater Expert fut retiré des rayons en 1904 mais le Dowagiac Minnow 100, lui, continua à rencontrer le succès et des millions de black-bass pas commodes jusqu'en 1939...

Pour la petite histoire, la légende raconte que toute cette aventure familiale débuta alors que James Heddon assis sur un banc au bord du lac municipal de Dowagiac attendait un ami appelé Godot (si, je l'ai vu sur facebook) qui évidemment ne vint jamais. Entre temps, d'un Opinel méticuleux, James avait tué le temps en taillant quelques innocents bouts de bois avec lesquels il s'essayait distraitement à faire des ricochets quand, ô destin farceur, un énorme bass surgit et goba le bout de bois. Frappé par l'évidence comme Isaac Newton le fut par une pomme et Robert Bruce par une toile d'araignée, James Heddon se décida alors à créer des leurres artificiels en bois. Petite cause, grands effets. Dans les années 20, la firme Heddon était devenue en 20 ans sous la houlette de Will Heddon la plus grande marque de matériel de pêche au monde !!!


Pour vous donner une idée du poids de la marque, elle avait une flottille d'avions publicitaires. Que ne faisait-on pas pour faire connaître ses produits avant les réseaux sociaux, je vous le demande. Heddon avait tellement de fric à consacrer à ses avions que la marque alla jusqu'à recruter Frank Hawks, "l'aviateur le plus rapide du monde" qui à l'époque ne le cédait en célébrité qu'à Mary Pickford ou Al Capone. Vous me direz que Sakura a bénéficié de l'aura de JPP. Oui, bon, d'accord, j'ai rien dit, O.K ?

En 1939, avec l'apparition des nouvelles technologies incluant le plastique, Heddon joua la carte de l'innovation en mettant sur le marché un leurre appelé à des hautes destinées : le Zara Spook 9260, ancêtre de tous les stickbaits. Imaginez un peu la platitude bornée de votre existence sans leurres de surface ? Vous en seriez encore à l'âge du fer. Vous auriez l'air malin, tiens, avec votre Effzet DAM rappelant par l'année de sa naissance les pires moments de l'histoire allemande, espèce de salopiot révisionniste. Alors qu'en maniant d'un poignet soyeux votre scion mutin, vous pouvez désormais faire voguer nonchalamment votre Spook Junior sur les vaguelettes. Alors merci qui, ingrat ?

En 1955, la famille Heddon vendit la marque aux Murchinson qui eux-mêmes après moult tribulations finirent par la refiler à EBSCO, désormais une des 200 plus grosses boîtes américaines qui, détail cocasse, entama son existence par la vente d'abonnements de magasines grands publics destinés aux G.I mobilisés et déployés aux 4 coins du monde (sauf l'URSS^^). Aujourd'hui, certains leurres Heddon sont toujours produits et distribués parfois 100 ans après leur conception. Ainsi, le Lucky 13, matrice de bien des poppers actuels brille toujours par son efficacité.
Comment parler d'Heddon sans évoquer le River Hunt ? Apparu en 1929 dans sa version bois initiale, il bénéficia de l'apport du plastique et connu une seconde jeunesse qui dure toujours en se faisant rebaptiser River Hunt Spook.

Voila bien de quoi pousser les jeunes générations à la collectionnite inconséquente, briser des ménages installés, voire dans les cas extrêmes ruiner des pater familias jusqu'alors d'une tempérance et d'une parcimonie dépensière au dessus de tous les éloges y compris du FMI... Il me vient toutefois une idée urgente : celle de vilipender les odieux contrefacteurs britanniques qui, alors que les Yankees peu rancuniers du souvenir de Benedict Arnold leur ont sauvé les miches deux fois au siècle dernier, osèrent jouer les vils copieurs de l'oeuvre-pie de ce saint homme que fut James Heddon...

Ah perfide Albion, tu ne pouvais donc pas te contenter de tes actes ignobles coutumiers ? Il a fallu que tu profanes ce que nous avons de plus sacré en te vautrant dans la contrefaçon. Bravo. Et après ça critique les Chinois. Franchement, vous êtes tombés bien bas, les gars...