lundi 21 décembre 2020

Les 10 leurres qui ont révolutionné la pêche

La plupart des pêcheurs sachant faire preuve en privé d'un minimum d'honnêteté (c'est à dire moi et deux ou trois autres pauvres types) savent pertinemment que certains leurres ont à leur humble mesure révolutionné la pêche. Bien sûr, selon les uns ou les autres, le classement sera différent et en grande partie bouleversé. Un pêcheur accroc au sandre n'aura pas les mêmes coups de coeur qu'un autre fanatique de pêche du bar en surface. Pour crédibiliser s'il est possible ce petit classement, il faut prendre en compte la popularité non démentie d'un leurre, son efficacité, voire sa polyvalence. Je pourrais m'étendre sans limitation de durée en multipliant les exemples mais je préfère commencer tout de suite à livrer ce "Top 10" sans prétention quoique horriblement partial. Entamons donc le compte à rebours...


Numéro 10 : le Spinnerbait Strike King.


Crée en 1966 par Charles Spence à Collierville, Tennessee, Strike King s'est rapidement affirmée en tant que marque productrice de spinnerbaits vainqueurs de tournois du Bassmaster. Certes, le spinnerbait existe en tant que tel depuis la fin du XIXème siècle mais Strike King a su affiner le design de ce type de leurre à tel point que Strike King est devenu quasiment une appellation courante pour désigner un spinnerbait, un peu comme on désigne encore un poisson-nageur comme un Rapala. Parmi les nombreux modèles de spinnerbaits que propose la marque, tous ont en commun une finition impeccable et une grande diversité de coloris. D'ailleurs, plus d'un demi-siècle après la première version de spinnerbait de Strike King, les versions ultérieures continuent de gagner des tournois de pêche.


Numéro 9 : le Lazy Ike


D'innombrables leurres du type "Flat Fish" ont été produits au cours des ans mais aucun n'a acquis la renommée du légendaire Lazy Fish. Sculpté à la main par Newel Daniels de Fort Dodge, Iowa, dans les années 30, il capture toujours du poisson plus de 80 ans plus tard. Le secret du succès de ce leurre réside dans sa nage folle, insensée, qui le fait aller de droite à gauche comme une proie paniquée. Un pêcheur sachant pêcher ne peut décemment s'en passer. 

Numéro 8 : la cuillère ondulante Effzett Blinker.



Cette cuillère est tout simplement une légende. Elle a été conçue au début des années 30 en Allemagne. Elle a déplorablement contribué, il est vrai, à la raréfaction du brochet dans les eaux européennes tant elle a été utilisée depuis. Aujourd'hui, on en relie deux ensemble par des anneaux brisés "exo" pour titiller les silures. L'ondulante ignominieusement délaissée par les pêcheurs se voulant modernes est hélas un leurre trop souvent dédaigné mais qui prend toujours, voire souvent quand rien ne marche.

Numéro 7 : le Heddon Spook Junior


Entrons dans la modernité avec un grand "M" en compagnie de ce leurre de surface qui fut à l'origine de la mode de la pêche en mer au leurre de surface. Connu depuis longtemps aux USA, son apparition sur le marché français nous a fait délaisser sans façon nos Raglous défraîchis, nos Anguillons plombés plus lourds qu'une séance des Grandes Gueules et nos cuillères à maquereaux de ferrailleurs moustachus un peu has-been dans leur survêtement en nylon. Que de souvenirs...


Numéro 6 : le Rubber Jig.


Pas de modèle ni de marque n'émargent particulièrement à mon sens pour les ériger en icônes du genre. Le Rubber Jig est l'ustensile rêvé qui nous manquait pour titiller dans les obstacles les plus rébarbatifs les carnassiers embusqués. Associé ou pas à un trailer, il nous a fait prendre les bass auxquels nous rêvions en nous permettant d'accéder à un nouvel univers technique. Tout simplement.

Numéro 5 : le Big-Big Ragot


Le Big Big est un leurre lui aussi légendaire. Création d'Ange Porteux, c'est un leurre qui a comblé les pêcheurs de bars mais qui a accompagné pareillement les débuts des traqueurs d'aspes sur le Rhin au début des années 90. Ange Porteux est décédé à 104 ans, il y a un peu plus d'un an. J'ai eu le privilège de le rencontrer il y a bien des années. Au cours d'une conversation improvisée, alors que je lui apportais un café, je l'avais appelé Monsieur Porteux. Il avait cligné de l'oeil malicieusement, fait semblant de regarder derrière lui comme si on s'adressait à quelqu'un d'autre (dans un hall d'exposition vide à 7h30 du matin) et m'a confié un des secrets essentiels de l'existence en me répondant qu'il n'y avait pas de "Monsieur" à la pêche. Juste des pêcheurs un peu plus chanceux que les autres. Un grand leurre fait par un grand pêcheur, voila donc le titre de gloire du Big Big.

Numéro 4 : la Mepps Aglia.



Lorsque André Meulnart dessina l'Aglia en 1938, il savait déjà qu'il tenait une idée de génie. La palette tourbillonnait sans effort, renvoyant ses éclats au loin et elle ressemblait à un papillon (d'où son nom de baptême "Aglia" soit Papillon en latin). Afin de produire en masse sa cuillère, André Meulnart créa cette firme que nous vénérons encore aujourd'hui : Mepps pour Manufacturier d'Engins pour la Pêche Sportive. Ce leurre aurait pu rester l'apanage hautement confidentiel des pêcheurs hexagonaux sans les prétentions territoriales d'un moustachu accablé par le destin l'ayant privé d'un testicule et d'un diplôme des Beaux Arts de Vienne. Passons sur les menues péripéties pour en arriver au croustillant : dès l'été 1944, la France fut traversée par de braves garçons venus du Canada, des USA et de Grande-Bretagne dont beaucoup étaient férus de pêche à la ligne, ce loisir encore étrangement populaire à l'époque. Ils ramenèrent chez eux des exemplaires de la Mepps Aglia et ceci changea la face du monde. En 1951, un marchand d'articles de pêche du Wisconsin, Todd Sheldon, alors qu'il allait rentrer bredouille osa accrocher au bout de sa ligne une cuillère ramenée de sa guerre en Europe par un ami et vétéran local, Frank Velek. Deux heures plus tard, Todd avait 4 truites pesant un total de 12 livres dans son panier. Mepps venait de faire une entrée fracassante sur la scène mondiale. Moins de 10 ans plus tard, Todd, unique importateur de l'Aglia en Amérique du Nord en vendait plus de 3 millions par an. 


Numéro 3 : le Rapala Original.



Tout le monde connait l'histoire du pauvre pêcheur finlandais, Lauri Rapala, gagnant chichement sa vie au bord du lac Paijanne. Son sens de l'observation génial lui fit remarquer que les perches et les brochets n'attaquaient pas n'importe lequel des poissons qui musardaient sous son ponton. Seuls les affaiblis à la nage erratique se faisaient bouloter sans plus de manière que ça. Lauri prit son opinel, un bout de bois et zou, le reste appartient à l'histoire. Dès 1936, Lauri a pu vivre de sa production de leurres, qu'il testait lui-même, un par un. Rapala est depuis devenu une appellation générique pour les poissons-nageurs. Je ne compte plus les poissons pris avec l'original flottant et même si aujourd'hui, à mon grand désarroi, je délaisse le chef-d'oeuvre finnois pour d'autres leurres plus clinquants, je lui dois bien des émotions. Près de 80 ans de triomphes ininterrompus ne doivent rien au hasard.

Numéro 2 : le SANDRA Delalande.



Remis régulièrement au "goût du jour" par les designers de l'honorable maison Delalande, le Sandra est comme son nom l'indique un leurre initialement dédié à la traque du sandre. Mais il ne démérite pas sur les brochets, perches et autres silures. J'ai même pris des bars avec ce leurre souple, un jour où, pas franchement bien remis des excès de la veille, j'étais parti naviguer sur le golfe du Morbihan accompagné de... Mon sac à pêche d'eau douce !!! Depuis plus de 20 ans, je le considère comme un des meilleurs leurres et ce dans toutes les tailles. 


Numéro 1 : le Turbo Shad Bass Assassin.


En toute partialité, il me fallait mettre en tête de ce classement un shad puisque c'est LE leurre souple que je mets en priorité à l'eau quand je ne connais pas le coin ni les populations de poisson qui y dominent. J'aurais pu ou dû en sortir un autre de mon chapeau : Easy Shiner, One Up, Rockvibe, Ripple Shad, Slit Shad, etc... Mais j'ai préféré revenir un peu en arrière et mettre en avant un leurre souple qui m'a rapporté autant en eau douce qu'en eau salée du poisson sans trop me fatiguer la cervelle. Un leurre qui, lui aussi d'ailleurs, ne dépareillerait pas dans une musette de pêcheur actuel qu'il soit débutant ou un pratiquant confirmé.

Voila, c'est un classement critiquable mais en attendant, c'est le mien. Sous réserve d'évolutions éventuelles qui ne sauraient trop tarder tant je suis un être abominablement fluctuant du panégyrique. 





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