Cette semaine, j'ai été vacciné. Ayant été malade l'an passé, je n'ai reçu qu'une seule dose d'un vaccin à ARN messenger. Comme de bien entendu, j'ai aussitôt après l'injection capté la 5G avec netteté, eu envie de manger de la chair humaine et je suis comme de juste mort dans d'atroces souffrances pendant que les vaccinateurs riaient comme des hyènes en enlevant leurs masques. Oh mon dieu. Ils étaient donc tous reptiliens et on ne nous disait rien. Flûte. Bref, pour en revenir aux choses sérieuses, j'ai eu le bras en vrac deux jours et demi et je me suis senti dans ce genre d'état qui suit pendant deux trois jours une bonne grosse fête en Basse Bretagne, vous voyez le genre ? Heureusement, tout finit par s'arranger. Profitant d'une occasion de partir pêcher avant un week-end sauvagement routier, j'ai donc pris le chemin des braconniers...
Je m'excuse par avance pour la piètre qualité des photos. En effet, j'ai traîné à la maison trop longtemps ce matin malgré mon éveil aux aurores. Rangements et autres sources de désastres domestiques chronophages m'ont contraint à arriver au bord de l'eau peu avant midi. Le soleil était haut et surtout le peu de couverture nuageuse n'incitait pas les poissons à chasser à découvert. La pêche a donc été difficile.
A l'exception d'une perche à la Veltic vintage, tous les poissons ont été pris sur des leurres souples. Ce n'a pas été faute d'essayer autre chose mais il faut bien admettre que ce matin, il fallait y aller en finesse. J'avais emmenée avec moi une canne pour le brochet mais je n'ai rien pris avec sauf une perche, malheureusement viandée proprement, qui a englouti sans hésitation un Fat Swing Impact 3,8". C'était un joli poisson mais devant le carnage, je n'ai pas pris de photo, vous comprendrez bien pourquoi...
La rivière a baissé de 30 bons centimètres, visiblement cela a suffi pour que les belles perches se cachent ailleurs. Cela dit, arriver quasiment sur le coup de midi fin juillet pour pêcher aux leurres, ce n'est non plus la recette la plus évidente pour une pêche miraculeuse.
Je me suis aussi surpris à enfin essayer les LS que j'avais en stock depuis un bail. Ces petites créatures plaisent aux perches, c'est indéniable. Même si une sortie durant laquelle les touches sont rares et espacées n'est pas sans doute le banc d'essai le plus incontestable que l'on puisse trouver sous nos latitudes.
Finalement le salut viendra d'un de ces bons vieux gros chevesnes embusqués à l'ombre d'une jeune rive en fleurs. Un posé délicat de shad Super Continent au ras des racines sanctionné d'un ferrage de bûcheron à la touche et voilà de quoi me consoler d'avoir pris la route trop tard et pêcher en plein cagnard.
Je partage avec les escargots et les vendeurs de k-way une honteuse manie : j'aime la pluie d'été. Pourtant la pluie automnale ne me remplit guère d'une allégresse tonitruante. Quant à l'hivernale, elle est la sombre Némésis de mon désastre articulaire. Alors que la petite pluie d'été qui oxygène la rivière en réveillant l'appétit des poissons recueille mon approbation pleine et entière !!! Porté par une détermination sans faille, il ne m'en fallait pas plus pour que mes pas me portent vers un secteur jusqu'ici inexploré.
Ne payant pas de mine de prime abord, l'accès à la rivière est dissimulé par une exubérante végétation établissant sans contestation que personne n'y est passé depuis quelques semaines. Joie. Frissons extatiques. Et toutes ces sortes de choses. Allons affronter les éléments déchaînés, hardi moussaillons !!!
L'eau y est d'une clarté inhabituelle depuis le début de cette saison 2021 et me permet de discerner avec ravissement la fuite éperdue de centaines de goujons terrorisés par ma progression délicate voire par moment d'une discrétion éléphantesque. Le premier spot s'avère moins profond qu'escompté mais j'y pique tout de même trois perches assez jolies, toutes au petit shad 2" de chez Super Continent imitant un Arawuna Pontoon 21 qu'on aurait laissé tremper quelques mois de trop dans le nuoc mam. Sur le deuxième spot, quelques kilomètres plus loin, là, je découvre un recoin paradisiaque (n'ayons pas peur des mots) où je pique un brochet de 75 cm sur un shad Bestac exposé sur une tête plombée maison avec palette). La photo, certes, est désastreuse mais pour ma décharge, permettez moi de signaler qu'on ne voit pas sur celle ci que le brochet s'est coincé les quenottes dans un défaut de l'épuisette et qu'il m'a donc fallu en urgence en découper une partie du filet pour libérer l'infortuné animal.
L'épuisette, déjà entamée par quelques contacts prolongés avec les ronciers lors de la Tic & Tac Predator Cup, fait franchement la gueule. Je rebrousse chemin afin de la remettre dans la voiture avant de monter à l'assaut derechef. Remontant le bief, avec la pluie qui commence à fouetter mon délicat épiderme, je retourne à la prospection la plus méticuleuse. Chaque petit accident du fond recèle son lot de perches coopératives. C'est heureux.
En redescendant la rivière, je matraque les bordures à la cuillère tournante vintage, histoire de bien poncer le coin. Et hop, un deuxième brochet, accusant 60 cm de férocité subaquatique sournoise, se pend à ma Cybèle millésimée. Arrêtez, n'en jetez plus !!!
Pour finir sur une note touchante, plus conforme à mes habitudes, c'est une perchette aux yeux plus grands que la gueule qui bouclera la séance de découverte de ce biotope prodigue. La pluie se calmant un peu, je décide de finir sur un petit bief aboutissant à une sortie de moulin prometteuse...
Là, effectivement, je finis en beauté en me faisant casser par un vigoureux brochet amateur de l'imitation aliexpress du Great Hunting Humpback qui venait par ailleurs de provoquer l'attaque rageuse d'un gros chevesne. La pluie sur ces entremises s'invite de nouveau en insistant lourdement. Le message céleste est limpide : il est temps de se calmer et de regagner ses pénates. J'ai de nouveaux points de chute. C'est l'essentiel.
Au hasard des sentes à peine tracées dans la végétation luxuriante par le passage timide de randonneurs occasionnels, égarés sans doute en ces lieux par une lecture bâclée de leur carte IGN, il n'est pas rare que je grapille en ces contrées orphelines du GPS quelques fugaces instants de sérénité entre deux tranches de cette vie urbaine trépidante au sein de laquelle le trivial le dispute au dérisoire.
Mon corps, sculpté par des décennies de pratique télévisuelle intensive du football, harmonieusement moulé dans mon armure de néoprène, me voila enfin prêt à défier la nature dans ce qu'elle a de plus implacablement immuable. J'ai décidé qu'aujourd'hui rien ne m'arrêterait dans ma quête. Ni champs d'orties capables pourtant de ravager mon frêle épiderme de cacochyme banlieusard, ni troupeau de bovins sournois embusqué dans la luzerne et raclant du sabot en attendant de piétiner rageusement fan de Liverpool, porteur de drapeau communiste ou Roselyne Bachelot déguisée en coquelicot ne pourront entamer ma résolution d'airain. Aujourd'hui, pas de quartier, la bête est lâchée !!!
Dès mes premiers lancés à la courbe harmonieuse et au délicat final ne troublant qu'à peine la quiétude de l'onde, la gent aquatique répond présente. Un chevesne puis, chose infiniment moins courante, un gardon s'emparent successivement de mon petit Power Tail avant que les perchettes ne rentrent dans la partie. Hélas, sur l'autre berge, à l'aplomb de la bordure ombragée où je prends les poissons un par un, j'avise soudainement un couple d'octogénaires, probablement propriétaires riverains, en robes de chambre aux coloris chatoyants et qui me fixe depuis plusieurs minutes, se demandant pour le moins ce que je peux bien faire là au bord de l'eau, avec une canne à pêche, une épuisette et une musette contenant de quoi pêcher pendant plusieurs années. La situation est socialement gênante. Heureusement, le couple finit admettre à contre-coeur que je ne suis pas un romanichel, un migrant ou un zadiste et que l'intervention du GIGN serait du coup un tantinet superfétatoire. A ce stade en effet, d'après nos sources, l'hypothèse du pêcheur à la ligne est la piste privilégiée par les enquêteurs. Bon, ils ont fait fuir les poissons dans la bagarre mais ce n'est là que péripétie périphérique pour ne pas écrire accessoire.
Il me reste encore du temps et de l'espace. Je souhaite donc avec une courtoisie forcée une bonne journée aux riverains inquiets de mon inopportune présence et marche gaillardement vers d'autres horizons. Je me mets à l'eau un peu en aval et en descendant la rivière, j'ai la joie de réaliser que mon bricolage d'hameçon simple sur mes vieilles cuillères rouillées a trouvé son public.
Passons sur l'orgie de touches dont je fus le bénéficiaire durant cet intermède aquatique. Il serait indécent d'infliger aux bredouilleurs endurcis un bilan comptable qui les plongerait dans la déprime la plus sombre. Il n'est jamais bon de donner aux médiocres des raisons valables de vous détester, n'est-ce pas, comme le disait l'autre jour Dupont-Aignan à Francis Lalanne.
Crapahutant d'une hanche grinçante dans les hautes herbes de cette pampa pour petits budgets, je ne ménage pas mes efforts afin de trouver d'autres accès à la rivière et, du coup, d'autres fiefs poissonneux à conquérir. Le vent, annonciateur de pluie, se met à souffler. Voila qui est très bon.
Au détour d'une large courbe du cours d'eau, j'arrive à une petite fosse agrémentée d'un arbre immergé.
N'y allons pas par quatre chemins : c'est le Woodstock de la perche teigneuse. A tel point que je dois utiliser mon épuisette comme bourriche, histoire de ne pas interrompre la furieuse noria de voraces ne quittant l'abri de leur bois mort que pour engloutir le petit shad avec lequel je les titille. Que ne t'ai-je enfin vaincu, ô destin contraire ?
Midi sonne tel un tocsin easy listening au clocher du bourg tout proche. J'ai pris une quarantaine de poissons. Je suis comblé. Je m'accorde donc une pause café avant de réfléchir à la suite. Le soleil est revenu, le vent semble s'être calmé. Mon expérience de vieux baroudeur me murmure à l'oreille cette vérité première : l'après-midi caniculaire reste l'implacable pot-au-noir du leurriste estival. Il serait de bon ton d'interrompre là l'échauffourée avant de risquer le coup de bambou. Pourtant, contre toute logique, je tente un dernier coup de poker sur un seuil bien connu du secteur. Malgré le cagnard, le premier lancé est le bon. C'est un gros pépère, gras comme un sénateur et gluant comme un communicant, qui succombe à son tour aux charmes capiteux du Power Tail !!!
Revigoré, je prends le chemin des écoliers pour rentrer, m'arrêtant à deux reprises sur la route. La première fois en vain tant le bief est asséché et la deuxième fois avec succès puisque j'y prends une douzaine de perches dans un bras secondaire lui aussi en voie d'assèchement. Les poissons piqués retourneront dans le bras principal, ce qui leur évitera le triste sort programmé par la sécheresse.
J'arrêterais définitivement le compteur sur un compte rond, soixante poissons en quatre heures de pêche (1 gardon, 2 chevesnes, 57 perches). C'est ce genre de sortie qui vous redonne sinon le moral du moins une bonne raison de ne pas foutre tout votre matériel de pêche à la poubelle avant de rester assis devant Netflix en attendant la fin du monde.
Passé un certain âge, l'évidence s'impose à nous. On ne voit plus les lettres de près mais par contre, on voit se pointer les cons de loin. Ce qui indubitablement nous pousse vers un splendide isolement social genre anacoluthe du vivre-ensemble réfutant tout à la fois les pantalons feu-de-plancher moule-cul du bobo patineur, les survêtements scintillants de pellicules du Bidochon de rencontre, ainsi que les oripeaux militaristes du vifeur endurci. La grandiose solitude du pinseur solitaire est à ce prix. Foin de démagogie, s'il vous plaît, que diable !!! L'enfer, c'est les autres. En plus, ils ne sont toujours pas vaccinés, ces cons là... Quoique la menace à peine voilée de les priver de virée en famille au KFC de Vélizy semble avoir porté ses fruits mieux que le souvenir déjà flou de près de 120 000 décès.
Dans cette optique misanthrope assumée, quoi de plus naturel que de se frotter à plus moche que soi ? Je sais que ça peut paraître discutable au premier abord, certes, mais il est de notoriété publique que le silure ne brille pas ni par son sex-appeal ni par sa crème de jour. De surcroît, cela me fournit, outre l'occasion de tenter d'extraire d'une eau croupie aux arômes de fosse septique autre chose que des perchettes rustiques, l'opportunité de sortir de mon garage poussiéreux ma casting XXH achetée un soir d'ivresse lors d'un confinement passé.
Mon investissement ne demandait qu'à sortir au grand jour. C'est chose faite. La canne, une Obei de bonne facture, s'avère une bonne vieille tricasse à la mollesse digne d'un adjudant-chef de la légion étrangère. Inutile de tergiverser comme un centriste devant une question de fond : cette canne est taillée pour la baston. Elle convient donc à la traque du monstre moustachu amateur de caniches imprudents.
Et voila, c'est pas plus compliqué que ça, la pêche. Une canne de bourrin, une tresse de forcené, un simili Whopper Plopper 130 de chez tonton ali et zou, ça débusque le gobeur de caneton sans coup férir. On reparlera de ce leurre un de ces jours vu qu'il a fait monter un glane beaucoup plus conséquent, ce qui indique que le spot regorge de bestiaux peu farouches en attente de se faire attraper. Ou pas. L'avenir nous le dira !!!
On ne va pas se mentir. On a en effet connu des mois de juillet plus aptes à déchaîner nos besoins exhibitionnistes en libérant enfin ce ventre plat pour l'été qu'on a passé l'hiver à bosser en salle histoire de se la péter sous un soleil brûlant en lorgnant, faussement détaché, les roulements de popotins des naiades environnantes. Oui, nous avons eu jadis de quoi révéler au monde entier nos irrépressibles instincts de grands fauves sentant bon le sable chaud... Mais en ce mois à la pluviométrie affichant un taux de croissance à trois chiffres, il ne nous reste que le souvenir suranné de ces chimères plagistes. Aujourd'hui, j'en suis réduit à assumer les conséquences néfastes qu'entraîne une addiction juvénile à la Youtube Predator Cup. Car malgré mes avertissements sentencieux, Tic & Tac veulent eux-aussi rentrer dans le monde de l'adrénaline, du pattern millimétré et du centimètre fébrile !!!
La destination du jour est vite trouvée étant donné que la pluie de la veille a fait doubler le débit des petites rivières les plus proches. Il nous faut donc pousser jusqu'à l'amont d'un affluent de la Seine pour trouver une rivière pêchable. Là, les règles vont être simples : coefficient 1 pour le brochet, 2 pour la perche et 3 pour les autres espèces éventuellement capturées. Tic, casaque bleue, opte pour une canne L, Tac, casaque jaune, pour une UL et c'est lui qui ouvre le score en split shot du haut d'un petit pont !!!
Tic, maugréant contre le coup du sort, ne sort pas du match et réduit l'écart avec une perche de 10 bons centimètres grâce à un micro shad aliexpress... Tac 40 Tic 20, la joute est bien partie !!!
Nous descendons, sous une averse revigorante, en direction d'un autre petit pont surplombant un micro seuil. Là, Tac fait parler la poudre et s'envole... Quatre perches de suite !!! Il atteint les 130 points et distance Tic qui commence à faire sérieusement la tronche et se demande ce qu'il est venu faire dans cette galère semi-aquatique... Mais heureusement que son coach est là pour le remotiver dans le cadre de la grande cause nationale de cette fin de quinquennant "un jeune = un coup de pied au cul"...
Et là, le choix audacieux de Tic consistant à balancer le plus loin possible un grub chartreuse, s'avère payant puisqu'il prend une perche qui le laisse dans le match... Suspens, suspens. Sur le chemin du spot suivant, nous tombons sur un magasin de pêche. L'occasion est trop belle d'y laisser un billet de 10. Les jeunes craquent pour quelques leurres souples en vrac et c'est l'un d'entre eux, un petit Shad Teez Westin, qui va remettre Tic en ordre de marche !!!
Tic 144 Tac 130... Les mouches ont-elles changé d'âne ? La pluie redouble, nos chaussures ont depuis longtemps oublié toute notion d'étanchéité et le suspens est insoutenable. Il nous reste deux spots à exploiter avant la fin de ce derby musclé. Le premier, d'ordinaire plein de chevesnes, doit permettre à un des deux compétiteurs de distancer l'autre...
Hélas, seule une perche est capturée... Par Tac qui du coup repasse devant !!! Le dernier secteur sera décisif...
Ce dernier arrêt se révèlera au delà de nos espérances. Une avalanche de touches et de décrochés sous une pluie battante n'incitant que modérément à sortir le téléphone portable bouleverse le classement. Tac est en tête avec 206 points quand Tic, à 204 points, pique un brochet bien énervé. Le brochet accuse 40 cm. Tic repasse en tête !!! Tac ne lâche rien, jusqu'au bout, il veut y croire. Une perchette de 11 cm au poisson nageur ne lui suffira pas hélas... Tic assure définitivement son triomphe avec une perche de 20 cm au shad BESTAC. Tic termine à 284 points, Tac à 228.
Les leurres des champions. Ne manque que le shad aliexpress imitant vaguement un swing impact 3" d'un coloris argenté superbe que Tac a cru bon de laisser dans un roncier rivulaire.
Pour la petite histoire, je me dois de rendre hommage au fair-play du jeune Tac qui a laissé Tic pêcher avec une cuiller de sa fabrication, ce qui a permis à ce dernier de pêcher son brochet décisif. De toute façon, une compétition d'une telle intensité ne demande qu'à être reproduite le plus vite possible...
Pour être tout à fait complet, je vous livre ici le choix d'emplettes de Tic & Tac. On discerne sur le champs les spécialistes du pinsage en ruisseau campagnard. On se demande bien qui leur a donné des cours, tiens...
Ah un peu de calme, ça fait du bien. Plus d'obligation footballistique cocardière à l'horizon au grand dam de mon voisin qui, non content d'arborer fièrement un étendard tricolore à son balcon, se croyait déjà irrésistiblement parti pour d'ineffables beuveries en terrasse privative entrecoupées d'éructations chauvines et autres insultes xénophobes avant le triomphe en finale. C'est un homme à terre que les Helvètes ont laissé. Il n'a même plus goût au tuning automobile qui faisait auparavant sa joie, j'en ai peur. Encore un destin brisé par un penalty raté. On est bien peu de choses. Pour rester dans le marasme automobile, je ne sais si je puis me permettre d'évoquer les débuts laborieux de ce week-end halieutique mais, croyez-moi, un carambolage sur une 4 voies, ça ne met pas son pêcheur en avance sur l'horaire...
En effet, par un hasard calendaire bienvenu, j'avais l'occasion d'aller à la pêche trois jours de suite. Pas toute la journée non plus, hein, ne versons pas dans l'utopisme mâtiné de romance. Le week-end précédent, j'avais payé de ma personne en amenant Tic & Tac, deux de mes plus ardents disciples en culottes courtes, crapahuter dans les méandres boueux d'une brousse perdue. Avec un succès éclatant, dois-je le confirmer, puisque l'un des deux petits monstres a enfin ouvert son compteur "brochet" !!!
Vendredi après-midi, je me suis engouffré dans la pampa à la recherche de quelques spots miracles. Le temps orageux à tomber par terre ne m'a pas aidé. J'avais déjà bu mon litre d'eau sur le trajet routier. Les petites bêtes d'orage m'ont littéralement dévoré et je n'ai pas cassé des briques, loin de là. Le parcours est sympa mais à refaire à l'automne...
J'ai quand même pris une jolie perche (celle décrochée lors de la sortie avec les petits, je crois) d'environ 35 cm. Hélas, vu que j'étais zombifié au niveau des réflexes, totalement déshydraté et à la limite du coup de bambou, elle est retournée à l'eau avant la photo, ne me laissant que l'opportunité d'immortaliser la cuillère gagnante du jour.
Un dernier arrêt sur un "spot-ressource" me vaudra une ultime perche avant que je n'écourte la pantalonnade. Il faisait trop chaud pour pêcher de toute façon. Ce début de saison qui oscille entre orages ultra-violents, coulées de boue et journées moites que l'on passe à cuire dans son jus ressemble de plus en plus à une préparation physique robuste à Koh Lanta plutôt qu'à un début d'été en pente douce. Il y a plus de saisons, ma bonne dame.
Dans la nuit, alors que dans les chaumières helvètes et les HLM en briques rouges des banlieues d'Outre Quiévrain, on pleurait à chaudes larmes, qui dans sa fondue, qui dans sa fricadelle sauce samourai, les espoirs déçus, l'orage est revenu. On commence à avoir l'habitude. Ayant consulté vigiecrue de bon matin, j'ai décidé d'un point de chute me permettant de jouer des waders sur quelques centaines de mètres, sauf que... La rivière a pris 50 cm depuis la veille. Damnitude. Les pelles des moulins sont grandes ouvertes, ça va être tendu...
Effectivement, pas de surprise, ça ne se présente pas de la manière la plus optimale. Par bonheur, j'ai quelques tours dans mon sac de vieux trappeur poilu. Un petit shad dégoulinant d'attractants proposé par une boutique chinoise va me permettre sinon de sauver la face, au moins d'éviter la bredouille...
Hélas une fois le secteur exploité, les points de chute se raréfient, tant la propriété privée fleurit sous ces latitudes. La hausse du niveau d'eau me contraint à pêcher rivulaire. Autrement dit à poncer les spots pratiqués par 100% des pêcheurs locaux. Inutile de préciser que les poissons sont aux aguets.
Mais en début d'après-midi, la chaleur moite revient. Mes habits sont à tordre tellement j'ai sué dedans. Je décide de m'arrêter sur un dernier coin vite fait avant de rentrer, d'autant que je n'ai déjà plus d'eau. Arrivé sur place, je ne peux que constater amèrement que la rivière est d'une turbidité plus établie que quelques kilomètres en amont. Ouille ouille ouille. Perdu pour perdu, je tente le coup sans conviction. Au troisième lancé, un chevesne tape court sur ma Veltic. Youpi. Quelques mètres plus bas, c'est un petit brochet qui, à l'orée d'un radier, se décroche sur une cabriole. Finalement, il reste encore un peu d'espoir. Et là, enfin, c'est la touche d'un bon gros chevesne bien grassouillet qui me réveille. Il était temps. Le combat est épique. L'épuisette est restée dans la voiture et il y a un bon mètre de dénivelé entre votre serviteur et l'onde... Presque claire. La solution se trouve une fois de plus dans l'improvisation éclairée : je cale la canne dans une fourche d'arbre, desserre le frein juste ce qu'il faut et cavale jusqu'au parking récupérer ma seule chance de voir le poisson. Un mini footing plus tard, réalisé sans trucage ni infarctus, en ne m'arrachant qu'une moitié d'épiderme de mollet sur un roncier chafouin dissimulé sous une forêt d'orties, il ne me reste plus qu'à me vautrer dans l'ambroisie pour triompher de la Bête !!!
Bon évidemment, la photo ne rend pas hommage à ses dimensions herculéennes mais que voulez-vous, le simple fait de l'avoir pris à la régulière dans des conditions picaresques m'a sauvé mon samedi. Passons maintenant au dimanche durant lequel j'ai résolument changé d'aire de rigolade. Direction la grande banlieue, son béton, ses particules fines, ses gangs de jeunes assoiffés de sang !!!
La transhumance étudiante estivale, un spectacle d'une beauté magistrale.
Tout se présentait sous les meilleurs auspices, le matériel était au complet, j'étais chaud-bouillant quand, paf pim poum, un orage m'est tombé sur le coin du museau. La rivière a commencé à se teinter d'importance. Je la connais bien pourtant, cette bougresse : trois gouttes de pluie, c'est la bouillasse, trois semaines sans pluie, c'est un arroyo déshydraté.
Les carpes en sortie d'eaux usées, un classique local...
J'y décrocherais un joli brochet, louperais deux gros chevesnes (mais on se reverra, petits fumiers^^) et enquillerais péniblement quelques perches avant de céder devant deux grosses averses supplémentaires. Ce n'est que partie remise, j'y retournerai cet été car par eaux plus claires, il m'est avis qu'on peut y faire de belles pêches.
On est plus trop dans le bucolique, voire plus dans le trip "New York 1997" que dans "les enfants du marais" mais quoi qu'on en pense, ça reste de la pêche. J'ai hâte de me faire un petit trip en waders dans cet environnement banlieusard, ça risque de valoir son pesant de cailloux de crack. Oui, je sais, mais ils n'ont pas l'air très cacahuètes dans le secteur.