samedi 18 février 2023

70 jours à tenir

 

Oui, j'ai compté. Encore 70 jours de mistoufle halieutique en technicolor. 70 jours pendant lesquels ma seule chance d'échapper à la folie furieuse se verra prendre la forme d'une traque du poisson blanc au pain de mie, voire, en cas de soleil à l'horizon, celle d'une pêche à la mouche sèche où l'enthousiasme, espérons, palliera la maîtrise technique douteuse de l'impétrant imposteur qui a remisé pour le moment ses songes océaniques en raison d'une douleur dorsale persistante, souvenir de ce lâche attentat commis par des rongeurs tunneliers venus clandestinement de contrées exotiques se faire dépouiller en série au bord d'un canal belge par de joviaux équarisseurs wallons avant que les gros canons du Kaiser ne les exilent vers nos trop accueillantes contrées. Fumiers.

Oui, ces ignobles agoutis de kermesse, cette sinistre bande d'hypsodontes scatophages, bref ces mal-élevés qu'on dit pour la plupart argentins (comme par hasard...) m'ont frappé de leur malédiction. Qu'ils chopent la gangrène de la queue jusqu'à la septième génération, tiens, ces fils de myocastors !!! Bon, reprenons nos esprits, terminons cette Suze et revenons à notre propos initial sans trop verser dans l'anathème xénophobe sinon ça risquerait de se voir que le groupe Bolloré a repris le blog. Ah oui, les 70 jours à tenir. Quelle histoire, ça, encore. Je vous jure, plus je vieillis et plus c'est dur ce trimestre de glandouille contrainte, surtout que j'ai regagné un terroir où le brochet doit représenter moins de 1% de mes prises annuelles aux leurres les trois dernières décennies à peu de choses près. Mais il paraît qu'il faut "préserver la ressource". Mouais. D'après mes dernières promenades (les mains dans les poches, hein, en tout bien tout honneur) au bord des rivières du coin, ça va être plutôt tendu le jour de l'ouverture. Il n'y a pas d'eau mais alors pas du tout. On est juste mi février, je dis ça, je dis rien. Il y a deux jours, du eau d'un pont, sur une petite rivière, on comptait les cailloux au fond, j'y ai observé brèmes, chevesnes et, plus inhabituel, une troupe de petits sandres longeant les bordures en quête de fretin. Dès les premiers beaux jours, tout ça sera recouvert d'herbiers. Youpi. J'en salive d'avance.

Certes, dans trois semaines, l'ouverture de la truite, opportunité immanquable de rejoindre les jungles perdues du Maillochistan pour la cérémonie tribale censurée chaque année, on ne sait pourquoi, par le National Geographic, brisera la monotonie d'une fermeture grisâtre durant laquelle je ne peux m'empêcher d'acheter des trucs sinon inutiles du moins superfétatoires comme des crankbaits ou des leurres souples alors que j'en ai assez en stock pour permettre le réassortiment des rayons de tous les Bass Pro Shops entre Miami et Denver. Mais ce sont encore trois semaines, 21 jours, à supporter sans avoir le droit de faire vrombir une Mepps ou tressauter un Countdown Rapala au hasard d'un courant. C'est vraiment trop inzuste.



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