jeudi 16 août 2018

Un 15 août à prise unique

Loin des privilégiés qui ont encore le loisir de tremper benoîtement leur anatomie d'athlètes dans une eau sinon correcte du moins pas pleine de saloperies potentiellement mortelles, il existe un monde où la FNSEA a définitivement enterrées les us & coutumes de la république, serait elle simplement bananière… Ce monde affreux où les rivières disparaissent en une semaine, où les plans d'eau se recouvrent peu à peu de jussie et dont les berges croulent sous les déchets généreusement abandonnés par les "fins pêcheurs" que l'on ne rencontre qu'au mois d'août, et bien, pas de bol, c'est le mien pig 


Mais où est donc passée la biodiversité de jadis, bordel ?


Difficile de convaincre, dans ces conditions apocalyptiques qui feraient passer un épisode des Walking Dead bien fourni en zombies de longue durée pour une enquête du Club des 5 se déroulant en baie de Morlaix, des quidams au cerveau normalement irrigué et pêcheurs occasionnels voire totalement débutants de se livrer en ma compagnie à une quelconque activité halieutique y compris de basse intensité… C'est pourtant une "tradition" que nous essayons d'entretenir, mes deux potes pêcheurs occasionnels et moi… L'année dernière, hélas, nous n'avions pas pu nous caler une implacable bredouille du 15 août mais heureusement cette année, même si les Pieds Nickelés de l'Estran ne sont que deux, nous voilà repartis  pour une performance maritime qui fera date Cool 






Comme de bien entendu, les débuts de l'épopée se révèlent cahoteux. Une fringale nocturne d'un de mes chats me pousse à me rendormir à une heure plus que limite et sans surprise, je suis victime de la panne de réveil qui tue. Damnitude. Nous nous retrouvons persécutés par un destin impitoyable qui prendra un malin plaisir à nous torturer par les biais les plus sordides comme la limitation de vitesse à 80 km/h ou les voiturettes sans permis conduites par les Patsy & Selma indigènes zigzagant sur la route des marais tout en semant de mégots incandescents jetés nonchalamment par la fenêtre les rives des étiers à l'eau croupie d'un engageant caca d'oie…


Malgré tous ces petits tracas, on finit quand même par arriver juste à temps pour nous retrouver au milieu de la troupe compacte, bigarrée et essentiellement rondouillarde des Bidochons claquettes-chaussettes se pressant sur le port pour découvrir extasiés l'animation chants de marins en état d'ébriété avancée menée d'une glotte vacillante par une chanteuse qui serait abattue préventivement si elle décidait de s'approcher de moins de 200 km du casting de la Star Ac' ou le stand de la Fédération Nationale des Pêcheurs Plaisanciers, sympathique barnum convivial où là aussi, étrangement, le muscadet semble couler à flot en milieu de matinée, au sein d'un public choisi de baby-boomeurs ayant encore de la ressource sans avoir besoin d'aller jusqu'au bar… Laisse Madeleine… J'me comprends What a Face Rolling Eyes 


Le Rockfishing, c'est comme tout… C'était FRANCHEMENT mieux avant !!!^^


A deux doigts de finir notre terne existence comme des ragondins inondés tentant de fuir leur terrier immergé en terminant les boyaux éclatés sur le bitume par un pauvre zoom-zoom à casquette cramponné au volant moumouté de sa caisse tunée d'un jaune moutarde tout en discrétion flirtant avec la classe à la British  clown et sonorisant, en mélomane altruiste distingué, de sa douce techno à 130 décibels le bras de mer jusqu'à l'estuaire tout en ne forçant pas plus que nécessaire son talent pour s'emparer de la dernière place de parking dispo de l'île dans un dérapage digne des plus belles heures de Starsky & Hutch, nous constatons avec aigreur que le dit-chauffard est un pêcheur à la ligne du genre "dans le vent", fringué avec toute l'élégance d'un dealer moderne et semblant, nous pouvons le dire, assez redoutable tant au niveau technique qu'au niveau tactique pour foutre la chiasse au cul de tous les alevins du pertuis et couper définitivement court à toute tentative de sociabilisation venant de notre côté affraid On s'en  fout, nous, on va de l'autre côté du blockhaus de toute façon, Fangio tongue 



L'océan se retire majestueusement. Nous, on commence à cramer doucement sunny Une heure d'efforts puis deux, puis trois… On commence à songer à tuer les chiens de traineaux pour survivre en buvant leur sang avant qu'en un éclair inattendu de lucidité, on ne se rende compte que c'est une insolation qui nous fait délirer ainsi. Décillés  nous tombons des nues en nous apercevant que depuis un certain temps, nous beuglons aux goélands une chansonnette improvisée à la gloire d'un rapeur récemment incarcéré et qui commence par "Booba, Booba, tu dors en prison…" Bon, je vous passe le freestyle, il y a peut-être des enfants qui regardent clown C'est alors qu'un phénomène inexplicable à moins d'être un des frères Bogdanoff ou l'imaginatif avocat d'Alexandre Benalla se produit Shocked Shocked Shocked  

Un poisson se pique à mon leurre affraid affraid affraid 





Merci mon Dieu. La bredouille est sauvée !!! Il est temps d'aller célébrer ce triomphe en faisant honneur à une des tables étoilées du secteur avec un kebab-frite suivi d'une glace à l'Italienne. Oui, je sais. Mais voyez-vous, dans ce pays d'aigris où on jalouse la réussite d'autrui, j'assume ce côté élitiste de bobo cosmopolito-mondialisé. 
 
Bref, pour être honnête, tout ça n'a pas été facile  lévitation 



Pourtant, on n'a pas mégoté sur les changements de pattern. Mais en matière de poissons, à part une bande de petits tacauds et un crénilabre aussi hargneux que petit, on n'a pas vu grand monde  No Si l'on excepte les hordes de "morts de faim" en train de creuser un grand canyon-bis sur le Gois pour une poignée de palourdes qui auront dix fois le temps de tourner dans le coffre avant le retour au camping… Pauvre France… Une fois de plus, nous touchons donc d'un doigt tremblant de fatigue et tout gras de Biafine les limites de l'exercice : le 15 août, c'est la Saint Mimile, le Grand Pardon du débardeur fluo, l'Aïd el Kebir des moules-frites. L'exact opposé de la date qui convient pour pêcher comme on aime, dans le calme et la sérénité… Mais comme tous les autres cocus de la Croissance à deux chiffres pelant de leur couenne de laborieux sous l'ombre dérisoire de leur bob Ricard chiné à la caravane du Tour, on a pas vraiment le choix dans le timing de l'escapade. Poil dans la pierrade.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire