dimanche 19 août 2018

Neurotoxines au fil de l'eau...

Après un petit intermède sans pêche du tout vu que j'entretiens une pusillanimité hors-norme dès qu'il s'agit de tremper mon corps gracile dans un bouillon verdâtre devant pour l'essentiel sa couleur chatoyante à des bactéries coloniales potentiellement émettrices de neurotoxines dotées de propriétés si affriolantes que n'importe quel potentat du Moyen-Orient (certain que cela résoudrait  bien des problèmes socio-économiques dans ces riantes contrées) m'en achèterait la formule chimique pour un pont d'or, voire quelques paquets de One Up shads neufs, j'ai fini par ressortir à mes moments perdus les tréteaux et mes vieilles boîtes débordantes de corde à piano tirebouchonnée, d'hameçons en vrac au piquant aussi douteux que les diplômes d'un ministre et d'accessoires divers et variés pouvant me conduire jusqu'à la production d'un leurre capable sur un coup de bol de leurrer une perche de  20 centimètres ayant contre toute attente survécu à l'été ligérien, aussi connu localement sous l'appellation, ma foi fort parlante, de "Gamelle trophique"...








Rien ne presse quant à un retour rivulaire offensif : les prélèvements à usage agricole, pourtant interdits par décision préfectorale, et ce d'une manière que ma congénitale naïveté m'autoriserait presque à qualifier d'étrange,  continuent… Sans discontinuer, "on" arrose les haricots et les céréales en plein cagnard en toute impunité… Il y a donc comme on peut le constater chaque année des "zones de non-droit" qui visiblement dérangent beaucoup moins que d'autres dans ce pays… Choisis bien ton camp, camarade punk à chien. Vaut mieux filer le cancer à tout le bassin versant en se goinfrant de primes européennes tout en se tenant prêt à repeindre  au lisier frais les tribunaux ou les sous-préfectures à la moindre petite contrariété que s'amuser à construire une cabane au fin fond des bois. Ici, croyez moi, le Thoreau prendrait vite un coup de corne en vache…


Buzzbait-maison... Pour le jour où il y aura des poissons ?



Tout au long du triste bassin versant, les niveaux d'eau sont descendus plus vite que la côte de confiance de certains Pinocchio élus par effraction sous l'étiquette du "moindre mal" et enfin reconnus comme pervers narcissiques manipulateurs à tendance autocratique par une plèbe soudain décillée. Les rives  dégagent une odeur d'ammoniaque fermenté absolument exquise (genre vieilles chaussettes de foot oubliées sales dans votre sac de sport en cuir vintage pendant 15 jours… Les sportifs repentis savent de quoi je parle... ) qui colle un mal de tête et des irritations de gorge si on s'en approche de trop près. Là où reste assez d'eau pour ne plus avoir pied, elle est d'un joli coloris caca d'oie strié de vert fluorescent révélant la présence de charmantes cyanobactéries prospérant dans le potage…


Tête plombée Makaira Sakura + Palette… Un montage qui plaisait aux aspes et aux belles perches, il n'y a pas si longtemps.

Où sont-elles donc passées ces heures grandioses, ces épopées sauvages de jadis que des études anthropologiques récentes situent entre le précambrien et le coup de boule de Zizou sur Materazzi ? Qu'est-ce qu'il survit encore de cette époque lointaine durant laquelle les berges des rivières parcourant mon biotope viticole étaient encore une vraie jungle où seuls les baroudeurs burinés de mon acabit ; les Bob Morane de la Suissex qu'on disait ; osaient traverser les champs d'orties hauts comme des baobabs (et à peine moins épais) pour aller tabasser des poissons dignes de ce nom avec des leurres de bonhomme et pas ces petites mignardises pour perchettes que l'on trouve désormais partout au bout des cannes ultra légère pour boys-bands coréens coiffés comme une pétasse peroxydée du Top 50 de l'été 1984 et qui sont la honte de cette unité, mon colonel… Heu, pardon, c'est l'heure de mes gouttes.

Sur une base de tête plombée Okashira Megabass, un petit spinnerbait 5 grammes...

Chaque année, tout s'aggrave : moins d'eau, moins de poisson, plus de coups de chaleur, plus de cyanobactérie… Moins de pêcheurs l'année suivante donc un permis qui augmente parce que… Ben… Tout augmente, ma bonne dame… Et puis faut bien racheter des poissons pour en remettre là où l'abandon total de la moindre mesurette de Protection des Milieux Aquatiques (le fameux PMA contenu dans AAPPMA, ça veut dire ça…) conduit inlassablement à des mortalités massives vite dissimulées par le travail de l'ombre des charognards (vous voyez bien qu'elles peuvent parfois être utiles, les écrevisses à pattes rouges, hein…). Le serpent se mord allègrement la queue sans que personne ne daigne lever son museau vermillon de la mire du guidon...

Quelques Sworming Hornet en 21 grammes… Enfin du sérieux ?^^
C'est certes éminemment fâcheux mais si on prend le temps de réfléchir un peu, finalement, ça se rattache à un tableau d'ensemble. Il n'y a pas que la côte de confiance du premier sinistre, les viaducs italiens et l'espérance de vie d'Anthony Martial à Manchester United qui peuvent s'effondrer comme ça, pouf, d'un coup. Les écosystèmes en sont capables aussi si on sait trouver les maux qu'il faut...
Un petit spinnerbait basé sur une TP Delalande. Basique.

Il n'est plus tellement éloigné sans doute le moment gênant où les rivières seront à sec tous les étés, provoquant l'arrêt d'une partie de la production d'électricité du pays (sauf si un Docteur Folamour quelconque veut tenter la surchauffe d'un petit EPR caché dans la campagne…) et où les pouvoirs publics auront à gérer avec leur brio légendaire  un stress hydrique usuellement inhabituel sous nos climats mais qui risque de donner demain aux Bidochons d'aujourd'hui une petite leçon de chose sur les conditions climatiques qui poussent tellement de personnes à tenter de traverser la Méditerranée à 120 sur un Zodiac...
Ah enfin, il était temps. Mon "Javallon-Shad" en 10 cm a été produit à quelques exemplaires...

En attendant  que ces catastrophes se produisent, je consacre le peu de temps libre que j'ai pu dégager la semaine dernière pour mouler quelques têtes plombées, spinnerbaits et autres leurres souples. Je sais que c'est l'été et qu'il faut profiter de la belle saison sous peine d'être assez vite catalogué comme un gauchiste purulent anti-maillot de bain, un anachorète exégète du Livre des Révélations entassant rations de combat, filtres à eau et AR-15 dans sa cave ou un Père Noël de supermarché au chômage technique en raison des fluctuations saisonnières d'activité de cette branche professionnelle. Mais je crois avoir exposé plus haut qu'en ce moment, l'eau pue la mort et qu'elle est d'une couleur absolument repoussante y compris pour un type comme moi qu'on pourrait difficilement qualifier d'esthète raffiné...
Une tournée de petits shads à perche, ça peut toujours servir.

C'est donc d'une certaine manière contraint et forcé que je m'astreint à ces tâches productivistes. Il est évident que je serais bien mieux à la pêche. Sauf que tremper du fil dans une sauce au cresson qui sent le gros stock de palourdes enfermé dans un congélateur en panne depuis 3 jours, ce n'est pas, je le répète, ma façon d'aborder le loisir...
Shad Biwaa Divinator S en taille 6cm... 
Allez, plus que quelques leurres souples à ébarber, quelques boîtes à réorganiser et d'ici quelques semaines, s'il pleut un peu, peut-être que ces petites choses me serviront à quelque chose, qui sait ?


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