Restant sur une sortie ligérienne productive, j'ai eu la merveilleuse surprise, vendredi matin, de recevoir ma nouvelle canne aliexpress, une XUL 0,8-3,5 grammes de 1,93 mètre de long. Bien évidemment, je ne le vous cache pas, je n'ai pu réprimer une violente envie d'aller l'essayer sur des spots voisins. Sauf que j'avais perdu de vue que nous sommes fin juillet et que la rivière où je me suis précipité est devenue une autoroute à sportifs pagayeurs s'aspergeant à qui mieux mieux de cyanobactéries croupies en lâchant au ciel des rires gras de beaufs bien nourris (mais non, je suis pas aigri, juste un poil misanthrope) filant sur ce qu'il reste d'eau dans le gouillat. Bref, pris par le temps, j'ai eu à peine la possibilité de tremper du fil dix minutes pour prendre deux rotengles de faible amplitude au Tanta 25 millimètres en split-shot bonzaï. Joie !!! La canne est baptisée.
Une fois mes obligations remplies, j'avais à revenir à pied le long de la rivière et j'ai pu constaté avec effarement à quel point elle est basse. D'autant plus basse que pour complaire aux pagayeurs expansifs, les pelles étaient ouvertes jusqu'en début de soirée. Jamais je n'avais vu le fond à certains endroits. Jamais. Mais ça ne fait que 40 ans que je pêche dans le coin donc j'imagine qu'on trouvera facilement un ou une illuminé.e quelconque sur les réseaux sociaux pour jurer sur la Bible ou un album live de Francis Lalanne que c'était pire en 76.
En pêchant les rares coins accessibles, j'ai quand même eu la surprise de me prendre une touche de maboul au ras des ronces de la berge, un maousse costaud de chevesne qui a bien fait plier la canne. Hélas, la tresse prise dans la végétation rivulaire, j'ai dû trop tergiverser et la bête a su en tirer profit, passant sous une branche et cassant donc le nylon arachnéen qui me séparait d'un triomphe inattendu. Snif, snif.
Un peu plus loin, j'ai décroché un bass alors que je n'en avais pas vu la queue d'un sur ce secteur depuis l'ouverture mais le coeur n'y était plus. Rater un chevesne-surprise comme celui ci sur ma nouvelle canne, c'était moralement insupportable. Le lendemain, après une nuit interrompue moult fois par la symphonie des motodidactes, ces juvéniles amoureux de la mortalité routière prématurée, transcendant leur spleen post-adolescent par la passion des roues arrières noctambules en état d'ivresse, mon lever s'est avéré trop tardif. Malgré tout, voulant à tout crin profiter de mon dernier week-end de vacances ainsi que de mon tout nouveau véhicule, j'ai persisté dans le choix contestable du point de chute halieutique.
En effet, j'ai fini par aller pêcher sur une portion de rivière archi-fréquentée par les randonneurs et les joggeurs, deux ethnies particulièrement portées sur les tenues tribales chromatiquement agressives. Ce qui signifie en clair que les chevesnes du coin sont "aware" de la mort qui tue. Pourtant, j'en ai pris un petit quasiment au premier lancer, qui s'est décroché avant la photo certes, ce qui reste une péripétie insignifiante. Par contre, au moment de relever la ligne partie dans le courant, je perds mon X-30 Megabass !!! Un coulant. Heureusement acheté 5 euros à la trocante-pêche mais le coup est rude.
Dépité, je descends vers l'aval, histoire de titiller un peu les gros qui zonent en aval d'un seuil. J'en rate un correct au Jointed Phoxy Minnow Blux, un autre plus petit au Bevy Popper quand je relève le museau et aperçoit sur la terrasse de l'autre rive un couple en train de prendre son petit déjeûner tardif. Il est presque midi, bon, ce sont les vacances, admettons...Sauf que la dame est totalement nue. Gasp. Ce spectacle aurait pu être émoustillant et me faire perdre tous mes moyens voire troubler mes sens s'il avait eu lieu en 1980. Là, pardonnez-moi, les charmes de la créatures étaient un peu fanés. Peu désireux de voir rappliquer la maréchaussée avide de réponse sur ma présence en ces lieux, probablement privés, j'ai préféré m'éclipser discrètement. Gentleman un jour, gentleman toujours.
Méditant sur les outrages du temps, j'ai finalement renoncé devant la chaleur orageuse et les hordes de blaireaux en fluo hantant le secteur à poursuivre là mon épopée oscillant entre voyeurisme et coup de bambou. Dimanche, au terme d'une journée roborative, j'ai finalement eu le temps de pêcher un quart d'heure avant la pluie. Hourra. Bon, je n'ai pris qu'une perchette mais que voulez-vous, j'avais envie de terminer mes trois semaines de congés sur une note positive.
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