Le fantôme des décembre passés

Au temps jadis, lorsque mes capacités hépatiques se riaient à l'avance du régime pintes-kébabs-frites du samedi soir, que mes ménisques étaient irréprochables et que j'étais un fier gaillard sans foi ni loi, sortir pêcher en décembre n'était qu'une formalité vaguement compliquée par la pluie et les frimas. Hélas, l'âge est venu, s'est glissé dans mon dos comme un traître subreptice de film de cape et d'épée et, d'un bon vieux coup de pied dans le cul, m'a envoyé valdinguer dans l'escalier du terminus des éclopés. Ainsi, reclus, grabataire, songeant avec une poignante nostalgie aux triomphes du passé, j'ai décidé de vous infliger une rétrospective larmoyante. Je sais, je sais, c'est vil. Mais vous verrez quand vous aurez mon âge !!!

Pour lancer cette série, revenons dix années en arrière. C'est loin. À cette époque, François Hollande règne d'une main de fer dans un gant Lindy sur l'hexagone. Nan, je déconne, hi hi. Reprenons. A cette époque, le réchauffement climatique n'est encore qu'un fantasme pour gauchistes joueurs de diabolo à cheveux gras, l'extrême droite a autant de chance d'arriver au pouvoir que n'en possède actuellement l'Olympique lyonnais pour se maintenir en ligue 1, gagner l'Eurovision avec une chanson co-écrite par Vianney et Iron Maiden tout en résolvant le conflit moyen-oriental en convertissant le gouvernement iranien au binge-drinking. C'était une autre époque comme aiment tellement a le rappeler les agresseurs sexuels septuagénaires.

En ces temps héroïques, je moulais mes propres leurres souples avec une réussite technique aléatoire. Pourtant, une formule particulière, alliant tête plombée à palette (Lightning Bold Illex si je me souviens bien...) et l'imitation maison du Black Minnow, leurre tout récent à ce moment précis, avait tout du succès saisonnier.

Bon, tout ça, c'était avant les sécheresses, les pollutions régulières et impunies, l'irrigation massive. Aujourd'hui, évidemment, ce n'est plus le même contexte...

Je vais donc consacrer ce dimanche à regarder tomber la pluie en suivant les conseils de ce bon vieux Blaise Pascal.