mardi 15 novembre 2022

Just take a ride in Nostalgia

Alors qu'une pluie timide semble s'installer sur ce terroir assoiffé qui désormais m'abrite, j'ai fait une petite pause à peine égayée par une rapide broucouille dominicale en float-tube sur un bief de Sèvre où je n'avais pas mis les palmes depuis une éternité. En trois heures de souffrances articulaires massives, je n'ai eu qu'une seule touche. Un gros bass. Décroché. Misère. Mais là n'est point l'essentiel. En effet, privé de mon glorieux CDI francilien par un revers de fortune soudain, il me fallait retrouver la communauté des hommes dignes, des Centaures du turbin, et, ô miracle, c'est chose faite. Comme quoi, même des DRH surentraînés peuvent parfois passer à côté des craquements de genoux suspects du candidat indiquant sans équivoque que c'est un vieux tas décati perclus de rhumatismes qu'ils vont se trimballer jusqu'au moment où le cabinet de conseil en management Wagner leur expliquera comment alléger la masse salariale en expliquant au boiteux qui c'est Negan. Quant à la pêche, évidemment, en ce moment, c'est un peu mis de côté pour la bonne cause.

J'en profite donc ingénument avant d'aller grossir les rangs des Stakhanov modernes pour revenir sur une époque épique que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître car ils ne s'intéressent qu'à des conneries de youtubeurs, ces petits salopiots de freluquets chevelus !!!

Quand les hivers étaient encore des hivers et de par le fait faisaient la joie, le bonheur et la prospérité des actionnaires Damart, il arrivait d'aventure que des armadas de poissons blancs se regroupent en des lieux d'ordinaire improbables et fassent bombance des alevins de l'année en virant au cannibale.

Là, avec le gracieux concours de petits leurres nippons typés rockfishing comme le Mebaru Bushi ou le cultissime Peke Peke, tous deux de l'honorable maison Jackall, ou bien d'autres encore venus des USA où ils faisaient autorité en matière de pêche du panfish, comme le Live Baby shad de chez Lake Fork, la pêche miraculeuse était sinon assurée, du moins envisageable !!!

Ablettes, brèmes, chevesnes, gardons, rotengles se laissaient leurrer en série comme de vulgaires perchettes à un point tel que cela en devenait presque gênant. La dernière fois que j'ai dû faire face à une telle situation, c'était, je crois, en janvier 2019 dans le marais poitevin. Bien sûr, j'entends déjà les commentaires de nos sempiternels censeurs qui, générations après générations, opposent "poissons nobles" aux autres, les "roturiers", les obscurs, les sans-grades puant le mucus, la vase et l'asticot douteux.


Un poisson reste un poisson. Tant qu'il est pris à la régulière, ça reste quoi qu'une "élite" puisse en penser, de la pêche à la ligne. Pour tout dire, j'éprouve, le titre est explicite, une certaine nostalgie de cette époque pas si lointaine (8-12 ans à tout casser, comme le temps passe...) durant laquelle s'est forgé le mythe des Keuplous, ces fiers gaillards au gosier en pente raide qui terrorisaient saloons, sponsorisés et garde-pêche bénévole du Grand Ouest. C'est vrai que nous étions jeunes et larges d'épaules. C'était le bon temps, tiens, remets-moi donc une Suze...




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