Quelques jours de vacances loin du fracas du monde moderne sont un luxe inappréciable. En partant de chez les Carnutes, transitant rapidement par l'ancien fief des Bituriges, c'est chez les Arvernes que je pose finalement mes gaules pour une poignée de journées dédiées à la traque de la truite. A peine sorti de mon véhicule, je suis accaparé par mes commensaux et traîné manu-militari, canne à mouche en main, au bord d'un bras de l'Allier recouvert d'éclosions en cours et au fond parsemé de cailloux du plus remarquable casse-gueule. Malgré ce milieu hostile et des débuts relativement difficiles sanctionnés d'une casse sans appel suite à un ferrage musclé en 14/100° en pointe, c'est un spirlin (mon premier à la mouche) qui me préserve d'avoir à me justifier d'une bredouille inaugurale à l'apéritif. Ouf.
Le lendemain matin, plein d'entrain, nous partons repérer les rivières de nos futurs exploits. Le verdict tombe rapidement. Les petites rivières si prometteuses pour la pêche en ultra-léger sont si basses que même le toc y serait difficile à pratiquer. Je me félicite du coup d'avoir pensé à emmener une canne ML. Les courants de l'Allier vont m'être accessibles. Par contre, la température caniculaire ne va pas nous aider. Nous ne pouvons les premiers jours que pêcher seulement tôt le matin et tard le soir.
Les truites se font discrètes et nous n'en piquerons que quelques unes, surtout le matin de la veille du départ, par un ciel gris entrecoupé d'averses de bruine. Par contre, les chevesnes sauront nous égayer un peu par leur présence. A ce petit jeu, c'est une antédiluvienne Veltic dorée n°3 qui me fera prendre la majorité d'entre eux ainsi que quelques truites qui, elles, profiteront de l'accroc de mon épuisette dans un roncier farceur pour s'évader avant la photo.
Cette écrevisse californienne égarée en montagne est venue nous saluer brièvement en comblant notre besoin d'exotisme toujours vivace, à peine assouvi le soir venu par notre traversée du hameau nous hébergeant, le slip sur la tête en hurlant a capella du Dario Moreno. On ne prévient pas assez les touristes des dangers de la gnôle de châtaigne, je trouve...
Pour en revenir aux chevesnes, ces sauveurs de séjour, il est à noter que le plus imposant a été capturé par le Fléau de la Boutonne alias Mailloche Ier, aidé d'un petit poisson-nageur plongeant coloris truite arc-en-ciel proposé par une boutique ali dont le nom commence par PROB et se termine par EROS mais, chut, je ne vous ai rien dit.
Les traditions ne sont pas un vain mot au coeur de la "France des territoires"
Finalement ces premiers jours difficiles au point de vue de la pêche strictement dite ont été favorables à l'exploration et à la découverte de jolis coins dont certains se sont révélés plus ou moins poissonneux.
En tout cas, le but initial que je m'étais fixé, à savoir un peu de dépaysement, a été rempli au delà de l'objectif. La montagne, ça vous gagne, comme dirait l'autre. Même si, comme souvent lorsque l'on parle de séjour pêche, on aurait aimé avoir plus de temps et/ou une météo plus clémente pour vraiment exploiter les bons secteurs découverts.
En parlant de bon secteur, nous nous en sommes trouvé un où perches, chevesnes, barbeaux, goujons et truites cohabitent en bonne intelligence. C'est sur celui ci que je prendrais mes trois plus gros chevesnes du séjour dont un doublé le matin de mon départ.
Un gros pépère pris au Salmo minnow sinking. On peut voir sur l'épuisette les conséquences de ce passage en force dans les ronces qui permettra le lendemain aux truites de s'enfuir...
C'est grâce à une imitation improbable du V-Joint minnow 75 River2sea trouvée il y a des lustres à 1$ dans une échoppe aussi virtuelle qu'interlope que j'ai pris ces deux pépères à quelques minutes d'intervalles, dans le même amorti à la sortie d'un gros courant de radier devant charrier moult sources d'alimentation.
Deux poissons à même de plier un peu le carbone de ma bonne vieille ML chinoise habituée de la perchette ligéro-eurélo-maraîchine, ça fait toujours plaisir dans ce contexte difficile de pêche au compte-gouttes et de rivières à l'étiage.
Au final, je n'aurais pas eu le temps de rencontrer les monstres de légendes de la région qui faisaient frémir la ménagère de moins de 50 ans jusque dans la plus reculée des chaumières avant l'irruption déplorable de "Faites entrer l'accusé" : la légendaire Bête des Tourbières, la Bête du Gévaudan, premier fait-divers médiatisé de l'histoire de France ou encore la Bête du Puy en Velay connue sous le pseudonyme de Laurent Wauqiez depuis qu'elle a été mordue un soir de pleine lune par Eric Zemmour. Dommage pour le côté culturel, c'est sûr, mais que voulez vous, on ne fait pas toujours ce que l'on veut.
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