Debout les damnés de l'alevin...

Parfois il faut savoir prendre les bonnes décisions et ne pas s'obstiner à conserver envers et contre tout des moulinets merdiques affublés de freins au fonctionnement aléatoire, de bobines grinçantes et de manivelle se grippant aux pires moments. Ce matin, j'ai donc sacrifié, toute honte bue, au consumérisme le plus abject, je suis descendu au niveau du Bidochon transhumant en claquettes-chaussettes, le survêtement du PSG scintillant de pellicules, dans une Z.A.C de grande couronne le samedi après-midi, bourlinguant entre Kiabi et Netto, folâtrant du chéquier à Bricorama, Aldi ou Jardiland, bref, vivant cette vie d'inénarrable bonheur pour laquelle sont morts sans même pouvoir en pressentir les délices nos braves poilus de 14-18. Je me suis donc, vous l'aviez deviné, j'en suis sûr, payé un nouveau moulinet pour l'ultra-léger.

L'occasion était trop belle de l'essayer dans la foulée durant les deux heures de disponibles cet après-midi. Les lieux du crash-test étaient par la force immuable de l'emploi du temps confinés à cette rigole Seveso où je vais torgnoler avec une régularité malsaine des chevesnes ridicules. Et bien, ce petit moulinet EVOK (sans aucun doute du aliexpress rebadgé et vendu plusieurs fois son prix initial), pour le moment, tient la secousse. Pas de perruques, un frein qui, s'il n'est pas d'une sensibilité d'intellectuel tourmenté voire de poète maudit, fait son boulot sans éclat mais correctement. Voila qui me va.

Evidemment, je vous connais, vous allez me rétorquer avec cette mauvaise foi purulente qui aurait dû vous pousser à envoyer votre CV à Cnews que ce ne sont pas des poissons de cette taille qui peuvent mettre à mal un moulinet, y compris s'il s'avérait de basse-extraction. J'entends bien vos récriminations. Pourquoi n'essayeriez vous pas la pensée positive ? Ou le tranxène ? Ou même le rosé-pamplemousse avec vos amis du camping des Trois Mouffettes ? Faites quelque chose de votre existence s'il vous plaît, je vous en conjure. Vous ne pouvez pas perdre votre temps sur ce blog alors que Nicolas Dupont-Aignan a entamé le plus grand effort de redressement national depuis... Depuis... Oula au moins, ouais.

Pour en revenir à mon plaidoyer initial, ce moulinet est destiné à orner sans ostentation une canne aliexpress achetée 14 euros. Inutile donc de vous attendre à ce que je me fourvoie dans le somptuaire, le sybaritique, voire dans des dépenses frisant l'investissement immobilier opime voire strauss-kahnien à Marrakech.

C'est donc équipé de ce combo de prolo que j'ai ratissé le filet d'eau croupie serpentant au milieu de la vallée de Chevreuse en pinsant comme aux très riches heures de mes années nantaises. Le changement des hameçons triples émoussés, rouillés, cassant comme du verre, de mes vieilles Mepps a porté ses fruits. J'ai désormais un taux de ratés négligeable. Les petits chevesnes n'en reviennent pas et s'empilent sur la berge (métaphoriquement parlant) malgré la chaleur implacable.

J'ai fait le parcours sur toute sa longueur, soit un peu moins de 500 mètres, en une petite heure, je suis donc dans les temps pour le retour. Je pêche les mêmes spots mais de l'aval vers l'amont. C'est alors que survient le drame...

Oui, vous ne rêvez pas, il y a d'autres espèces que le chevesne dans cet insane arroyo !!! Cette perche-soleil, témoignage éclatant de la qualité du biotope, ce poisson de sport digne des plus grands compétiteurs vus dans le journal, vient récompenser mes efforts. Disons le mot : je suis comblé. Et ce n'est, diantre, point fini, loin de là !!!

En effet, à quelques encablures du parking où m'attendait sagement mon destrier d'acier, c'est le Monstre du secteur qui succombe lui aussi à une Mepps n°0 vintage !!! Là, le moulinet montre un peu plus ce qu'il a dans le ventre mais sans tomber dans l'outrance un tantinet gore du samourai contrarié. Franchement, pour les truitelles et perchettes à venir, je n'ai pas trop de soucis à me faire. On va voir ce qu'on va voir. Poil à Simone de Beauvoir.