vendredi 27 août 2021

A nous deux, Paris !!!

Alors que la ville tentaculaire suait sous le nuage de monoxyde de carbone dont elle aime à se parer aux beaux jours, que ses murs s'ornaient de tags tribaux annonçant mieux que les travelling avant de Francis Ford Coppola qu'on était plus très loin de la garçonnière du colonel Kurtz, qu'une voix accorte annonçait qu'en raison d'un sac de voyage oublié rangée 8 quai 12, tous les voyageurs devaient rester à leur place en serrant les fesses le temps que Kaiser le brave toutou démineur tenu péniblement en laisse par un clone de Nordhal Lelandais décide d'une truffe experte que ce n'était pas le jour de la fricassée de Bidochon, j'arrivais gare Montparnasse, la sneaker altière, le sling-bag Rapala débordant de mignardises, bref, prêt comme jamais à faire parler, halieutiquement parlant, la foudre. Hélas, en remontant du métro Invalides au milieu de tellement de touristes allemands que je m'attendais presque à voir passer la Mercedes du général von Choltiz, la chaleur moite de cette fin du mois d'août m'a remis les idées en place. Effectivement, au bout d'une heure de pêche intensive dans une Seine sentant l'eau de vaisselle oubliée tout un week-end, le bilan est plutôt maigrelet. Une seule perche s'est décidée à mordre. Les autres, suiveuses puis boudeuses, ont dédaigné mes artifices. 


Laissant là ces poissons tatillons, j'ai arrêté la partie de pêche, lassé de surcroît d'éviter tant bien que mal les chieries industrieuses des milliers de pigeons lépreux planqués sous les ponts. Autant remettre au lendemain mes exploits putatifs. Rastignac ne s'est pas fait en un jour, cornegidouille !!! Un roboratif restaurant libanais et une bonne nuit de sommeil plus tard ;  nuit à peine interrompue toutes les dix minutes par les borborygmes tonitruants de la tuyauterie vintage saluant à sa manière toutes les mictions nocturnes et autres ablutions post-galipettes de la population de l'immeuble ; il était temps pour moi de redescendre dans les entrailles putrides du Métropolitain, ce moyen de transport d'un modernisme outrancier dont on parle tant en province. Direction plein est, j'ai rendez-vous avec une troupe de grosses perches dont j'avais décelé la présence l'année passée lors de mon escapade légendaire dont vous pourrez contre une somme que je me flatte de considérer comme modique tout savoir en achetant mon ouvrage appelé à faire date : "La pêche avec une fracture de la hanche pour les Nuls".

N'osant pas déranger les 8 campeurs afro-pachtounes résidant sous le pont se levant un par un pour aller au travail (c'est à dire débâcher les guinguettes des bords de Seine et balayer le quai pour un salaire certainement mirobolant si l'on en juge aux tarifs affichés sur les menus de ces établissements), je commence petitement par dropshoter entre les péniches. Le vent vient du nord et me fait frissonner les mollets. Les perches sont timides et il me faut attendre une bonne heure avant de concrétiser ma première touche. Comme la veille, c'est une petite créature aliexpress conseillée par le Team Pico qui fait la différence.

On ne peut pas dire que ça soit la folie mais je finis par prendre quelques poissons malgré tout alors que le vent se renforce. Les péniches commencent leur va-et-vient, soulevant le limon en bordures. J'essaye de passer en mode plus bourrin avec tête plombée et shad plus costaud, en pure perte malheureusement.


Au bout d'une demi-douzaine de perches, j'abandonne lâchement le terrain prétextant du vent, du froid et de la petite bruine qui colle de la buée sur mes lunettes. Je sais, je suis une sorte d'incarnation claudicante de la veulerie. Mais j'ai su par ailleurs rester simple, humble et abordable. D'ailleurs, pour vous dire, je suis tellement abordable qu'entre Denfert et Gaieté, six personnes m'ont accosté pour me demander du fric ou un ticket resto. Si après ça, je suis pas élu Personnalité de gauche préférée des Franciliens, c'est à en désespérer du communisme, non ?


Et puisque l'on parle de Rouges, quittons-nous, je vous prie, sur une évocation émue de notre Saint Patron à nous autres, Keuplous. Je veux bien sûr parler du Capitaine Kradock, mort prématurément du tétanos suite à un accident de tire-bouchon. Sachons nous montrer dignes de lui, compagnons. 



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