mardi 8 décembre 2020

Le confinement polémique : qui a le droit ? Qui a le droit de faire quoi ?

Force est de constater qu'à mesure qu'on nous confine, déconfine, re-confine et dé-confine progressivement, on finit par ne plus savoir à quel moment on est en infraction. Tout le monde pourtant, de Joseph Staline à Pascal le Grand Frère, le sait : l'autorité naît non seulement de la distance mais aussi de la clarté. Même un doberman est capable de le comprendre. On serait donc en droit (tiens, tiens, encore un concept de gauchiste, ça, le droit, non ?) d'attendre des pouvoirs publics qu'ils sachent dire clairement "Assis, debout, couché, la papatte, susucre, il est à qui hein le Youki ?"

"Pauvre France !!! Il nous faudrait un grand coup de Bagley". Jean-Eudes, 68 ans, Versailles.

Hélas, à part le talentueux préfet de police de Paris qui a su renouer avec l'atmosphère légère de l'Occupation en chaussant les brodequins cloutés du regretté René Bousquet, résistant exemplaire ayant su gagner la confiance des nazis en leur confiant 60 000 Israélites, peu de gens au sommet de l'état savent encore laisser entrevoir à leurs ouailles affolées voire outrageusement ostentatoires du bronzage naturel (ce qui est une provocation en plein confinement, je le rappelle à notre jeune public qui n'a pas connu les évènements d'Algérie) quel est le bon chemin à prendre pour ne pas se faire défoncer le pariétal à coups de matraques en cas d'oubli du masque chirurgical dans l'espace public. 

"Ce crankbait est un Bandit. Votre devoir est de le dénoncer". Gérald, 38 ans, Tourcoing.


Pour leur décharge, ces gens bien nés, énarques pour la majorité, ignorent peu ou prou (voire dans les cas les plus graves Pascal Praud) les us et coutumes du plouc d'en bas. Ils ignorent  que le plébéien n'aime rien mieux pour occuper ses soirées de liberté conditionnelle qu'une bonne biture se concluant par une bonne baston agrémentée de coups de boule de bonne tenue ou pour les plus romantiques un accouplement laborieux en état d'ivresse dans le local poubelle le plus proche de la sortie de l'estaminet afin de conclure en beauté son samedi soir. C'est ça de se couper des plaisirs simples du bon peuple : on se retranche dans sa tour d'ivoire en s'empiffrant de homards Thermidor en frissonnant au nom de Robespierre...

"Les jeunes ne respectent plus rien, ah c'est du Prop tiens !!!" Marie-Chantal, 43 ans, Paris XVIème.


C'est en grande partie de cette coupable ignorance de la vie privée de ces organismes primaires appelant leurs enfants Jordan ou Kimberley qui poussent les élites dans l'ornière sournoise de la répression mesurée empêchant les forces de l'ordre de donner toute leur mesure. On se contente de quelques mains coupées, d'énucléations au lanceur de balles, bref de gamineries ouatées à la limite du pusillanime qui auraient fait rire à gorge déployée les fiers guerriers assyriens des temps antiques. On touche là au bout du tonfa les limites pratiques de la démocratie quand il s'agit d'expliquer aux gens que c'est pour leur bien qu'on leur fait du mal.

"Le rire est le Prop de l'homme". Laurent, 53 ans, Bourg-en-Bresse.

Ajoutons aussi, faut être juste, que des gars qui depuis la maternelle ne rêvent que de s'en mettre plein les fouilles, tout en occupant les plateaux de télévision en enfilant les truismes les plus accablants, sont un peu désarmés quand ils doivent faire face au terrorisme, à une pandémie en annonçant d'autres et à une contestation sociale bouillonnante faisant suite à leurs brillantes tentatives de vider les poches de tous les pousse-mégots de France et de Navarre. Alors si on les projette dans un avenir proche avoir à gérer en douceur un réchauffement planétaire de grand style, j'ose même pas imaginer à quel point ils vont verser dans le baroque.

"Hélices partout, Pastis nulle part". Renaud, 68 ans, Paname tin tin tin.


Du coup, pour en revenir aux conséquences immédiates de l'accumulation de règlements incompréhensibles, contradictoires ou abscons des ineptes gougnafiers qui nous protègent ou du moins imaginent le faire, on en est toujours à supputer, à ergoter, à biffer subrepticement toutes les cases de nos motifs honorables de sorties en journée sans savoir vraiment si ce qu'on a à faire dehors relève du péché véniel ou des fossés de Vincennes à l'aube. A la longue, c'est déstabilisant. Y compris pour des gros con...formistes se laissant aller jusqu'à parfois rêver de se déguiser en Henry Thoreau du village parce qu'on leur interdit de se balader le museau à l'air comme un vulgaire Staff élevé à la taloche, aux amphétamines et aux laitages dans une cave de Trappes. C'est terrible de voir à quel point le quidam peut basculer moralement dès qu'on lui demande des efforts pour le bien commun (quand bien même il serait défini de façon factuellement discutable) allant plus loin que de remplir correctement son avis d'imposition.

"Quand on me disait de tailler une bavette, je n'en mesurais pas les conséquences."
Jonathan, 36 ans, Gray-la-Ville

Nous avons le bonheur de découvrir que la France abrite 68 millions de Ministres de la Santé si prolixes qu'au travail ou sur les réseaux sociaux on finit par s'apercevoir médusés que le seul qui soit totalement à la ramasse est le couillon titulaire du poste. On en a une de ces veines de bénéficier de cette masse de spécialistes éclairés dont une bonne partie consacre son temps éveillé à se prosterner devant l'autel dédié à Saint Dédé de Marseille voire pique avec une joie non dissimulée des épingles dans une poupée vaudou de Karine Lacombe. Nous avons aussi moult contestataires aussi virulents que prudents prônant l'insurrection depuis leur canapé simili cuir acheté à crédit chez But. Quel merveilleux pays de forts en gueule. J'adore. Mais palsambleu, ne nous arrêtons pas au superficiel. Pays de Descartes, Pasteur et Michel Chevalet, je sais qu'il subsiste en toi un esprit expérimental incitant aux projets scientifiques les plus achevés. J'invite donc tous ceux qui se prendront dans les mois qui viennent un PV pour avoir outrepassé de 2 km leur rayon d'action immuno-dérogatoire à faire valoir leurs sacro-saintes libertés individuelles aux flics en leur proclamant haut et fort, les yeux dans les yeux, que "pendant ce temps-là que vous me prunez, bande de vaches, Dupont de Ligonnes court toujours !!!" Je suis certain qu'ils seront sensibles à la vérité première émanant de ce message fort. Rien ne nous permet de douter d'ailleurs qu'ils remettront en cause à l'instant leur férocité répressive en s'effondrant en larmes et en demandant pardon pour tous les horions distribués aux citoyens de passage. Ou pas. Si tel était malheureusement le cas, vous pourriez m'assigner en justice à la sortie du service de réanimation où vous aurez pantouflé quelques semaines, vieux brigand.






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