jeudi 21 mai 2020

Vadrouille à l'aube


Terroir fécond jumelé avec l'Eure-et-Loir à qui il fournit notamment des moustiques
d'une taille fort respectable, cette bourgade des marais du Pripiat donne l'exemple !!!
Aujourd'hui, toujours friand d'expériences inoubliables, je suis parti avant l'aube explorer les farouches contrées du Glyphosatistan (ou Eure-et-Loir pour l'administration coloniale). Mon premier arrêt m'a vite amené à comprendre une réalité locale : on ne plaisante pas avec la variété de moustiques locaux. Les fumiers… Je me suis fait littéralement bouffer sur place alors qu'il n'était pas 6 heures du matin. Ils les font venir de Tchernobyl ou quoi, leurs nuisibles ? Je n'avais jamais vu ça en France. Des mastards de moustiques capables de percer un tshirt "Keuplou Fishing Touch", c'est un truc de film d'horreur. Bref, en un quart d'heure, j'ai saisi l'allusion et j'ai quitté les lieux.

 Contraint à une retraite peu glorieuse, je me suis replié vers divers villages des alentours sans grand succès, piquant de ci de là quelques perchettes dans les amortis et rien dans le courant soutenu des petits cours d'eau anonymes du secteur...

Ce n'est pas faute d'avoir tenté des trucs capables de tromper la méfiance de la poiscaillerie locale mais ne connaissant pas du tout le coin, j'ai insisté sur des spots manifestement poncés à l'année par tout ce que le comté comprend de viandards insatiables amateurs de gros nylon fluo et de bières fortes en cannettes d'un demi-litre… De plus, portant avec élégance un masque protecteur aux endroits les plus populeux, j'ai eu, à mesure que la matinée avançait, à soutenir de plus en plus les regards bovins des indigènes méfiants. En effet, à part quelques octogénaires chenus revenant masqués du marché local, toute la population semble ignorer avec superbe la pandémie. Il est aussi vrai qu'être en zone verte, c'est rassurant… Sauf si le coronavirus est daltonien bien sûr.
Une titite imitation de leurre à truite Great Hunting 50 Megabass chopée sur aliexpress et qui tient remarquablement bien les courants.
Alors que je lorgnais avec désespoir sur l'horaire implacable me condamnant à rentrer au bercail sans  avoir eu le plaisir et l'avantage de prendre autre chose que de l'alevin monté en graine, j'ai eu la chance improbable de repérer à l'ombre d'une friche végétale, quelques jolis chevesnes maraudant la truffe au courant. Sans trop d'illusion, je leur ai proposé un Power Tail en taille 4 centimètres. Et là, c'est le drame !!!


Le plus gros de la troupe le poursuit à la furieuse et le chope d'un coup de gueule sans équivoque. Je ferre et le moulinet siffle. Bon, là, les choses sérieuses commencent. Je suis en haut d'un pont et le fil va casser si je tente de remonter le poisson avec le leurre en bouche. Je me lance donc dans un numéro de haute-voltige dont j'ai le secret depuis mon stage de trapéziste au Cirque municipal de Melun. Je laisse tomber la canne deux mètres plus bas dans un noisetier, je vole par dessus la main courante et je me laisse choir dans les orties… Pour finir deux mètres plus bas, en dérapant d'un fessier magistral, avec de l'eau jusqu'aux genoux. Je récupère la canne sous les regards ébahis des badauds ayant assisté à mon exploit sportif. Le chevesne est toujours au bout. Hourra !!!

Ayant ainsi édifiées les populations autochtones (désormais au fait des potentialités incroyables que la pêche sportive pratiquée par des professionnels aguerris au physique d'athlète entretenu par une consommation régulière de picon-bière représente^^), il ne me restait plus qu'à rentrer, tête haute et mains gluantes, vers mes pénates avec la satisfaction du devoir accompli.




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