vendredi 15 mai 2020

Figure imposée

On en avait pourtant rêvé fort du déconfinement, peut-être aussi fort que jadis on rêvait dans les chtetlekh des confins orientaux de la vieille Europe de passer l'année qui viendrait à Jérusalem avant que les Einsatzgruppen ne viennent y exprimer leur conception du vivre-ensemble. Mais par delà les épreuves toutes relatives consistant essentiellement à glander devant Netflix en survêtement sale, la routine est bel et bien la plus forte, cette saloperie. A peine libérés-délivrés, il faut faire face aux contingences : la Seine à portée de bagnole est interdite d'accès, les transports en commun sont, avec les écoles, les apéros sauvages du canal Saint Martin et les salons de coiffure, les nouveaux foyers d'infection et pour tout dire, j'ai autant de disponibilités qu'avant, voire encore moins vu que deux petits monstres n'ont pas regagné leur "cluster" éducatif.

Frustré comme il se doit de folles courses échevelées à travers une campagne verdoyante, je n'ai à me mettre sous la canne qu'un misérable ruisseau, d'une profondeur égale à une réflexion philosophique de Marseillais à Cancun et n'abritant que quelques chevesnes d'une taille incitant à la pitié la plus sincère… Si l'on précise que le site, d'ordinaire désert, voit passer depuis le déconfinement des hordes de Bidochons désireux de s'aérer en bandes organisées, on comprend facilement que je n'ai pu jusqu'ici accéder à la plénitude de l'acte halieutique.


Pour le moment, c'est toujours mieux que rien mais ce n'est tout de même pas grand chose. Il va VRAIMENT falloir que je me penche plus sérieusement sur d'autres solutions de repli car je ne vais pas faire ma saison sur ce spot. En espérant cela dit que les comportements des uns et des autres ne conduisent pas à cette échéance redoutée que nous gardons tous dans un coin de notre esprit tourmenté : ce fumier de Père Fouettard de reconfinement...


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