Science Friction

Vu que demain soir (attention spoiler^^) notre Glorieux Leader va nous annoncer qu'on ne mettra le nez dehors sans risquer de se faire drôner la cheutron comme un vulgaire Taliban en goguette pas avant la mi-mai (et encore si on est sage…), je vais me permettre de commettre un billet d'humeur superfétatoire à la limite de l'inconséquence. Passe encore que tout était écrit d'avance. Je veux bien croire qu'un candidat énarque ne s'abaisse pas à la lecture de sous-littérature, bloqué qu'il est dans son Adam Smith, Paul-Loup Sulitzer ou même son Tocqueville en bandes dessinées (oui, le niveau faiblit là aussi si j'en juge aux résultats brillants de nos technocrates favoris). Mais franchement, ça fait combien de décennies que le GIEC vous abreuve de sombres prédictions, messieurs-dames les premiers de la classe, quant au devenir sanitaire d'une humanité irresponsable ? 

Seulement, quand on croit à la main invisible du marché, qu'on plane au dessus de la plèbe et qu'on se torche avec les rideaux tissés d'or de la république, on ne regarde plus où on pose ses Berluti. Hélas, la justice immanente, soit la grosse bouse sournoise venue d'un bouiboui exotique à l'hygiène plus douteuse qu'un plan de redressement de l'économie somalienne, guette la pompe somptuaire tel le crocodile à fleur d'eau lorgnant le gnou un peu plus présomptueux que le reste du troupeau. Et quand la merde passe à travers le ventilateur, il y a plus grand monde pour assurer à son poste...

Au bout de ces quelques semaines un tantinet inattendues, je pense que nous avons un aperçu assez révélateur de la dimension historique et des capacités pratiques de nos gouvernants. Combattre la plus grosse pandémie connue depuis la Grippe espagnole en rétablissant les 60 heures, en enfermant tout le monde comme on faisait en 1347 pour la Peste noire et en disant tout et son contraire à longueur de gloubibouga télévisuel, on doit être un certain nombre à se demander si cela contient encore un peu de logique, de bon sens ou simplement d'efficacité…

Affirmer publiquement que les masques de protection ne servent à rien remonte en ma mémoire ces grands moments de jadis… Les mitrailleuses en 14 ? Jamais !!! C'est une arme de lâches, pas étonnant que les Allemands en aient tous, tiens. La Ligne Maginot est infranchissable. Les Allemands ne passeront pas par les Ardennes. Bon, d'accord, ils l'ont fait en 14 mais ils risqueront pas de repasser par là avec leurs chars. Au besoin, on coupera les arbres et ils seront bien emmerdés, ah ah ah...En plus, les départementales y sont merdiques. Rien n'a changé depuis : aujourd'hui les Allemands avec leurs tests, leurs masques et leur refus du confinement, ils courent au désastre sanitaire d'ampleur biblique, ces cons là... Incorrigibles. Comment ? Cinq fois moins de morts ? Cinq fois plus de gens testés ? Aie, on nous aurait donc mentis ?

On a toujours eu raison, nous autres, fiers gobeurs d'escargots et nobles avaleurs de batraciens destinés de tous temps à éclairer de la lumière de notre génie les peuples inférieurs mais néanmoins amis.  La pénurie, nous, on ignore, on méprise. L'intendance suivra. Et quand elle ne suit pas, l'esprit français revient avec toute sa superbe, son panache et son mépris des contingences. Pas de masques ? Pas de gants ? Sortez vous les doigts, bordel, Décathlon a des masques de plongée et les gants Mapa, c'est pas pour faire du macramé, merde !!!

Comme on devine facilement qu'à côté des conséquences de leur branquignolerie, l'écoute du Requiem de Fauré ressemblera à celle de Carlos au meilleur de sa forme, on ne peut que pressentir qu'aux prochaines présidentielles, le candidat Colgate-Savonnette, porte-parole officiel des auto-proclamés "braves gens" se fera laminer par des candidats sponsorisés par le Kremlin. Un deuxième tour Jean-Luc v/s Marine, ça laisse rêveur. Pas besoin de coup d'état lorsque l'état est hors du coup. On connait déjà le pronostic pour ce qui restera de notre démocratie (oui, je sais, je m'accroche à ce concept petit-bourgeois, je suis indécrottable) : un Knock-Knout.

Bref, dans quelques semaines, mois, années, il nous suffira sans doute d'un équipement sommaire comprenant pour l'essentiel une corde, un réverbère et une foule en colère (le rail de chemin de fer, le goudron et les plumes, c'était avant ma radicalisation domiciliaire…) pour que nous montrions à nos salopards incompétents le sens que nous avons trouvé à l'expression "premier de cordée" pendant ces trop longs moments d'introspection forcée...