Ne reculant devant aucun sacrifice afin de satisfaire son aimable clientèle...

En ce jour à l'ordinaire plus propice aux libations échevelées célébrant l'épopée d'un curé balayeur compulsif de reptiles qui ferait aujourd'hui horreur à tout ce que l'underground compte de satanistes refoulés végans à écarteurs d'oreille et aux membres blêmes agrémentés de tatouage maoris de supérette (O.K, je parlerai de ma position sur les bagnes pour enfants plus tard, on va rester dans le consensus mou), il était temps que je le confesse : toujours à la pointe du progrès, chassant la nouveauté comme un gros goret périgourdin la grasse truffe, le prince britannique sexagénaire la nymphette ou le douanier bulgare la famille de migrants, je me devais de tester le dernier truc à la mode.

Mais oui, tout le monde en parle. Même le petit de chez Rotzild en face, vous savez, Manu le Fayot, avec son cheveu sur la langue et sa tronche de faux-derche jésuitique en diable. Oui, j'ai chopé le Corona. Pas cool. J'ai été malade comme un chien cinq jours complets avec le cerveau au court-bouillon, une fièvre que Travolta en sa période Disco à côté c'était Derrick au congélateur et je viens d'en sortir avec dignité tout en arborant au sortir de l'épreuve une musculature de serpillère LIDL.

Bref, pour la deuxième année consécutive, je rate l'ouverture de la truite. C'est rageant mais je ne me sens pas assez con pour me plaindre. Maintenant que je sais la saloperie qu'est cette maladie, le degré d'impréparation psychologique de la population à qui on répète depuis 2 mois que "c'est rien, ça reste en Chine, ça va passer, pas de ça chez nous" et l'état du système de santé (en 10 jours, j'ai eu 2 fois 2 minutes le SAMU où on m'a répondu "plus de place, meurs chez toi si t'es pas cap") en train de montrer ô combien la sacro-sainte politique de réduction des dépenses publiques s'est faite au détriment du bien commun, je suis trop en colère contre certains fumiers ainsi que les quelques millions de moutons de Panurge qui ont fait qu'ils sont bien assis au chaud dans leur tour d'ivoire, les foutriquets, les peigne-culs, les énarques... 

Je les adore, les porte-parole de la valetaille, en train de frémir pour le devenir du CAC40, angoissant à la seule évocation de chômage technique et qui sont encore aller voter comme des cons dimanche au lieu d'aller distribuer le virus sans mesquinerie, en bons camarades sur leur lieu de travail en serrant les dents pour ne pas nuire à la Croissance. Ce sont les premiers à dénoncer, reprenant en boucle les vieilles ficelles de la propagande gouvernementale (rien n'a changé depuis Vichy.... Ce bon vieux "esprit de jouissance", tarte à la crème des vrais responsables des grandes catastrophes) qui fait glisser implicitement le poids de l'épidémie sur les gens qui sont sortis se balader (les salauds...) le dimanche des élections en dédouanant en creux les gouvernants qui n'ont rien préparé depuis deux mois comme l'a avoué l'ex-ministre de la Santé elle-même... Les fumiers... Foutre le pays en vrac en bouffant des glaces sans respecter les distances de sécurité décidées en conseil des ministres ou en crachant, en Gavroche glaireux, depuis son scooter volé sur les joggers bobos pour manifester son émoi devant la fracture sanitaire et sociale d'un récipiendaire du triple A. C'est tellement Paris... D'une manière à la fois chic, rebelle et décontractée. A la Française. Qui tousse mais ne se rend pas. Enfin, on verra ce qu'en dira l'autopsie...