lundi 3 février 2020

Nous irons tous au paradigme


Une fois n'est pas coutume mais avisant avec une angoisse teintée d'aigreur la longue traversée du désert que constitue ce trimestre avilissant, qui nous porte jusqu'à maculer nos longs et fins doigts manucurés de dandys de la pêche de la tourbe populacière en une quête résignée du lombric à queue plate ou à tête noire, j'ai décidé pour l'amour du sport de descendre quelques instants de mon Aventin confortablement virtuel. Quel courage. Depuis Michel Onfray, assis entre un imam vindicatif plus poilu qu'un Ewok et une ancienne reine de beauté guatémaltèque transgenre, déclarant, avec les trémolos de rigueur, les yeux dans les yeux, à Thierry Ardisson que la guerre c'est mal, la pauvreté insupportable et la maladie grave pas cool, je ne pense pas avoir vu une telle résolution à faire face aux débats incontournables qui périodiquement déchirent les Français en les poussant à  se saintbarthélémiser dans les coins à la moindre contradiction.


Qu'apprenons-nous dans cette vidéo finalement ? Nonobstant le fait des plus navrants que les pauvres persistent par leur mesquinerie consumériste et leur méconnaissance abyssale des enjeux géopolitiques à se définir comme une forme de vie primitive, méprisable et impossible à éduquer, nous y découvrons qu'en parlant de pêche, on peut arriver AUSSI à aboutir à des débats aussi abscons que ceux d'une quelconque chaîne d'information en continu, réunissant des spécialistes de droite extrême pour qu'ils cherchent à contredire des experts d'extrême droite sur des sujets récurrents permettant la nuance dans l'invective comme la pondération dans les menaces de mort. Au hasard, citons pour mémoire les trois plus courants : le terrorisme, l'immigration et le scandaleux train de vie des fonctionnaires.


Dire que je suis imperméable aux sirènes du vedettariat, aux trompettes de la renommée et au suceboulisme rampant est un euphémisme. Pour moi, ce genre de causeries "entre soi" est une pignolade réchauffée où lieux communs accablants voisinent en un bonheur relatif avec des assertions complètement à la masse. Fishing-Club pour moi, excusez du peu, c'est un peu, si l'on compare cette discussion de bistrot sur canapé à une partie de pêche réussie, ce qu'une polémique opposant des pointures comme Raymond Domenech ou Jérôme Rothen sur le 4-4-2 en losange (débat d'idée avant-gardiste mettant de façon cyclique à feu et à sang les rédactions de l'équipe 21 et de RMC Sports) serait à ce qu'un vrai fan de foot quadragénaire, nostalgique et épicurien, éprouve devant la rediffusion de France-Brésil 1986, une bière fraîche, des cacahuètes et un saladier de chips à portée de paluche.


Subir les couillonnades rivalisant de beauferie et d'analyses marketing pour bas-de-plafond assénées par de mecs qui vivent depuis trop longtemps grassement de la naïveté des uns et des gros revenus des autres tout en dénonçant les effets pervers de la mondialisation et de l'ultra-libéralisme, c'est presque un truc à écouter les envolées lyriques d'un Christophe Dugarry sans envie de meurtre. C'est dire. Quand on vend un crankbait à 30 euros, doit-on s'étonner que les consommateurs se tournent vers le modèle identique vendu moins de 2 ?
Un simili Griffon SRX acheté pour une somme dérisoire... Il va de soi que JAMAIS
je n'aurais dépensé 30 euros et quelques pour acquérir le "vrai".


C'est mon cas et croyez-le ou pas, je n'ai pas l'impression d'être ce primate si complaisamment décrit comme veule, cupide et faisant inlassablement preuve d'un égoïsme environnemental si poussé que je ne peux m'empêcher de remplir des porte-conteneurs (dont le moindre exemplaire pollue autant que tout le parc automobile français...) de saloperies chinoises vendues au prix chinois alors que ce serait, d'après nos "spécialistes", tellement plus civique, éco-responsable, bref économiquement patriote d'acheter des saloperies chinoises vendues au prix somptuaire défini avec une rigueur millimétrée par les importateurs français et arrivant par les mêmes rafiots crapoteurs... Il y a de quoi soutenir une thèse sur le sujet, non ?



Bref, on les sent fébriles, les nantis. Tant mieux. On a pas besoin d'eux. Franchement, en 4 décennies de pêche, j'ai tout appris au bord de l'eau soit seul (le plus souvent à mes dépends, avouons-le^^) soit grâce aux conseils avisés et par essence gratuits de pêcheurs anonymes, sans grade, des "jamais vus à la télé" mais qui, eux, n'avaient rien à vendre, juste beaucoup à partager. Qu'ils en soient ici remerciés. Les têtes de gondoles (même si certains d'entre-elles méritent d'être épargnées par la juste colère des masses populaires) sont le plus souvent limitées cruellement dans leurs aptitudes intellectuelles, habituées qu'elles sont à tapiner sur des stands miteux au hasard des salons provinciaux les plus confidentiels, histoire de vendre du rêve au quidam douillant en série dans le trou à pisse municipal aleviné toutes les années bissextiles quand elles n'en sont pas réduites à pondre péniblement des publi-reportages à la syntaxe tenant plus de la catastrophe naturelle que de Chateaubriand. Ces tristes sires, qu'il neige, pleuve ou vente, allant par les chemins en clamant la supériorité de leur matos, au moins en pêche en étangs privés et/ou en pisciculture, sont à la pêche ce que les proxénètes sont à Roméo & Juliette. Je sais, je m'énerve, je m'insurge, je postillonne mon courroux au museau de qui passe à portée de glaires fielleuses. Faudra pas que je joue les étonnés si les messieurs en blanc reviennent et m'emmènent me reposer entre quatre murs capitonnés à la campagne. C'est juste qu'il fallait que je me défoule.



2 commentaires:

  1. Chère Loutre, vous m'enlevez les mots de la bouche! Vous êtes énervante à la fin...

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  2. Merci Jean-Paul pour le commentaire (ainsi que la dédicace...).

    https://jeanpaulcharles.wordpress.com/2020/01/31/chinoiseries-dhiver/

    Encore des frais supplémentaires... Aie aie aie :-D

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