dimanche 1 juin 2025

La revanche du street-fisher masqué

À l'heure de regagner mon terroir, laissant le Leader Suprême du Maillochistan seul face à la terrible nouvelle du triomphe footballistique de Jafar & Co, il n'était pas écrit que j'allais rester lamentablement sur un constat d'échec. Et oui, je ne suis pas qu'un boiteux sournois, je sais aussi ourdir dans l'ombre des projets d'une bassesse sordide à en rendre jaloux Gérald Darmanin. En effet, j'avais prévu de m'arrêter sur le chemin du retour en une bonne ville du Phytosistan du bas, histoire de me refaire une réputation halieutique ou au moins essayer.

La rivière était très basse, bien envahie d'algues filamenteuses et dégageait un doux parfum d'égout. J'étais donc en terrain connu. Le seul point faible restait ma canne ML un peu trop musclée pour pêcher ce genre de spots, pensais-je. Mais je pèchais par pessimisme. 


Les perches ont répondu présentes même si la clarté de l'eau me faisait repérer par les plus grosses. J'ai essayé quelques leurres durs et métalliques dans les rares trouées entre les amas de myriophylles, en pure perte. Seuls les leurres souples avaient du succès à condition de pouvoir les présenter d'assez loin à la convoitise des zélées zébrées.


Je n'avais emmené pour le week-end qu'un choix limité de souples calibrés perche mais au final, ils ont tous pris du poisson (enfin surtout, quelle surprise, le Swing Impact 2" et le shad WXM 62). La mission était donc accomplie car j'ai pris quasiment 4 fois plus de poissons en trois heures en plein cagnard que pendant les trois jours précédents !!!


Après il faut supporter les odeurs fortes, les pigeons crevés et les quolibets des amateurs éclairés de 8.6 traînant leur spleen dans les rues mortes de cette sous-préfecture perdue au milieu des champs de céréales. Il est vrai que la contrée paraît plutôt assez éloignée des standards sauvages du Montana, on peine à y concevoir un Brad Pitt furieusement vintage, les pieds dans l'eau faisant majestueusement siffler sa soie. On serait plus sur un scénario s'approchant d'un épisode de Meurtre à Ploucville diffusé sur France3.

   
N'oublions pas, ce serait leur faire injure, nos amis de la FNSEA, ces "premiers écologistes " de France, qui, grâce à un labeur acharné, réenchantent les milieux aquatiques indigènes par leurs apports azotés sans limite de stocks disponibles... 
 

Bref, une nature préservée, une ville où il fait bon vivre sa retraite de gagne-petit en fouillant les poubelles et où une faune pittoresque fait la fortune du Mini Market à grands renforts d'achats de canettes de bière extra-strong financés par une mendicité festive, quoi de mieux pour se convaincre que la France va mieux, profitant sans soucis majeurs du ruissellement orgiaque boosté par les baisses d'impôts pour les riches, du dynamisme social créé par le contrôle renforcé des chômeurs, feignasses assistées et autres cas sociaux cradingues, sans oublier la libération tant attendue des énergies bouillonnantes d'un monde agricole  jusqu'alors opprimé par la dictature écologique, je vous le demande ?


Vous avez saisi le contexte général qui n'était pas du plus pur bucolique mais tant qu'il y a quelques poissons à prendre, je sais faire taire mes scrupules et puis désormais,  dans la région, dégoter un coin avec de l'eau répondant sans trucage aux normes sanitaires,  ça doit être aussi aisé que de trouver une parole sincère dans un monologue de François Bayrou.



Enfin, on fait ce qu'on peut, en attendant la fin du monde, avec ce que nous laisse en pâture le lobby agro-alimentaire. Allez, zou, un Lexomil et au lit.




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