mercredi 6 novembre 2024

Carton plein au Hair Jig maison

Je ne sais pas si c'est l'effet de dix jours d'hiver nucléaire sans le moindre rayon de soleil, la réélection d'un psychopathe cuit aux UV et affublé d'un QI de clé à molette ou simplement que je suis devenu trop vieux pour ces conneries mais franchement, entre nous, ça commence à devenir limite pesant, cette ambiance. Du coup, à peine ai-je fini de déjeuner que je me rue en direction de la rivière afin de profiter de mon temps libre loin du spectacle avilissant que constitue toujours le bonheur (provisoire) des cons.

Eau basse, très claire, température de l'air plutôt fraîche avec toujours ce petit vent d'est mutin, porteur de particules fines, les conditions ne sont pas idéales mais que voulez-vous, l'idée de me faire pousser un ulcère supplémentaire en zappant devant des chaînes d'infos en continu n'a pas eu le privilège de me convenir. Une fois n'est pas coutume mais le leurre que j'ai choisi d'entrée m'a rapporté un poisson au premier lancé !!!

Pour rudimentaire qu'il soit, ce hair jig maison monté autour d'un hameçon Matzuo numéro 6, un des premiers que j'ai confectionné, a montré toute son efficacité, spécialement après que, d'un coup de ciseaux d'une précision millimétrée, j'en ai raccourcie la collerette pour qu'il plonge plus vite sur les relâchés. Oui, on rigole, on rigole mais la technique, ça reste un truc de spécialiste.

Cette après-midi, comme je ne travaillais pas le soir, ouf, j'en ai profité pour explorer des coins inconnus et aussi renouer avec des spots perdus de vue depuis dix voire quinze ans. J'ai pris note de certains parcours qui devraient être sympas à faire en float-tube à la belle saison.

En ce qui concerne la pêche proprement dite, ça n'a pas été trop compliqué. Gratter la caillasse et les bouillées déclinantes de nénuphars restent les méthodes les plus éprouvées pour prendre de la perchounette. Il est vrai aussi que j'avais choisi de pêcher des parcours peu profonds et accessibles, histoire de me contenter d'une paire de bottes.

En raison des conditions assez bizarres, à dire vrai, j'étais plutôt en mode expérimental. Rien ne me garantissait en partant que, sur ces coins bien fréquentés, j'aurais des touches. Pire, en temps normal, je ne me serais même pas risqué dehors avec un 12 degrés dans l'air et un vent frisquet à vous en refiler un torticolis vicelard au cas où vous seriez assez coquet pour renoncer au port intégral de la capuche.

C'est que ça caille, bordel. Cela dit, des touches, j'en ai eu et pas qu'un peu. Les perchettes étaient au rendez-vous et mordaient d'une manière immanquable au ferrage. J'ai dû décrocher, allez, juste un ou deux poissons, c'est tout. Sinon c'était coffré tranquille.

J'ai rarement eu un ratio aussi élevé de touches concrétisées. Est-ce grâce au choix du leurre souple, cette petite chose chinoise dégageant une vague odeur faisandée ? Ou mes choix artistiques d'un avant-gardisme provocateur quant à la disposition pileuse harmonieuse ornant majestueusement ce leurre artisanal ? J'avoue ne pas être en mesure de départager ces deux options, me réfugiant même assez lâchement derrière une hypothèse faisant de l'association des deux la clé de voute de ce succès d'estime.

Encore une fois, je vous l'accorde, cette ribambelle de prises ne comporte pas en son sein de ces bêtes de foire propres à provoquer l'admiration des foules. Mais cela était acquis dès le début de la sortie car pêcher sur des secteurs largement pêchables du bord, sous des arbres portant dans leurs branches flotteurs divers et leurres discount abandonnés au vent pour cause de non-maîtrise des techniques de lancer élémentaires, cela ne met pas toutes les chances de votre côté dans la course au poisson-record. Je le sais et je l'assume. Je vais juste à la pêche pour prendre l'air voire, parfois, sur un malentendu, quelques poissons.La quête de la performance, la compétition à tout crin, je laisse ça volontiers, comme la mythomanie et la BMW tunée, à ces pauvres spécimens d'humanité souffrante désirant compenser à tout prix la taille ridicule de leur zizi.

En attendant, cartonner les perchettes avec mon petit hair jig maison, ça me fait passer le temps en souplesse, assez loin des cons de toutes obédiences pour parvenir à oublier, hélas trop provisoirement, leurs noirs desseins en devenir.



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