samedi 10 février 2024

Drame exotique en gestation

Comme le disait un fin pêcheur amateur éclairé de zizi coincoin arraché prématurément à l'affection des siens par la tragique tout autant qu'inexplicable survenue d'une cirrhose foudroyante, la fermeture c'est long et surtout sur la fin. Sans compter que, par le truchement malvenu d'un réchauffement planétaire que personne n'aurait pu prédire à part ces irresponsables scientifiques anxiogènes qui n'y connaissent rien, la crue est de retour, éliminant par son ampleur mes chances de titiller le glane au Frolic posé.

Heureusement, grâce à un virus venu de Chine il y a quelques années, l'oisiveté, mère de tous les vices, m'a permis de rentrer virtuellement en contact avec un mystérieux ermite reclus dans un coin perdu du sud profond, un peu comme Nino Ferrer s'il avait épousé sa soeur pour jouer de la country près d'un feu de pneumatiques dans un trailer-park du Mississipi mais bref, passons sur le côté naturaliste de la présentation. Après un certains nombres d'échanges courtois portant sur la vie, la mort, les pignons déficients de certains moulinets grand public, j'ai fini à force de palinodies peu reluisantes par gagner la confiance de l'homme des bois, le Big Foot du Lavandou ou le Fada comme le surnomment les pittoresques buveurs d'apéritifs anisés de son canton.

Or à la défaveur de péripéties dégradantes pour l'homme du monde que je me flatte d'incarner jusqu'au bout de mes mocassins à gland en cuir de pangolin, l'anachorète du Mitchell 300 millésimé m'avait moult fois proposé de migrer jusqu'à son humble gourbi afin de me faire découvrir son arrière-pays, terre de contraste et son atelier, lieu d'états d'ivresse publique manifeste de classe mondiale. Malheureusement, occupé que j'étais alors à parer les coups redoublés qu'un destin contraire assénait avec une volupté malsaine sur mon groin tuméfié, je n'avais point donné suite à ces sollicitations hospitalières.

Mais désormais, j'ai stabilisé quelque peu mon déclassement à force de méditation, d'abnégation et d'heures supplémentaires rémunératrices. L'ouverture de la truite est encore relativement lointaine. Les niveaux d'eau ne laissent que peu de chance de pratiquer avec réussite le rock-fishing. Ne serait-il pas venu le temps d'aller voir là bas si j'y cuis ?

Tuons le suspens dans l'oeuf. Oui, enfin, je vais découvrir les terrains de chasse, enfin de pêche, du Grand Esprit connu sous son alias d'incarnation terrestre comme le Stéphane Bern du Luxor. L'évènement est d'importance. Bigre. C'est tremblant d'une émotion fébrile que j'ai commencé à préparer de quoi faire face non seulement à la bredouille lacustre (j'ai quasiment inventé le concept) mais aussi à l'intempérance coutumière du capitaine du frêle esquif. Par bonheur, il me restait sous des blisters poussiéreux, quelques têtes plombées de fort grammage achetées en solderies, il y a des lustres, et qui, faute d'épopées maritimes, étaient restées sagement sous vide. Leur heure est venue.

C'était le moment de chercher partout dans les fonds de caisses pour dénicher LE leurre qui me permettrait de clamer à la face dubitative d'un monde jusque là confit dans l'aboulie la plus déplorable que je suis capable de triompher de tous les milieux aquatiques avec un brio ravalant le Fishing Kloube et ses sbires au rang de massacreurs de truites de bassine à la pâte à fromage verte fluo. Et toc !!!

Vous m'avez compris à demi-mot. Je ne traverse pas le pays pour aller faire du tricot. Brochets, sandres, grosses perches, vous pouvez déjà frémir d'une légitime angoisse. Prêt à tout ? Certes. Capable de pas grand chose ? Probablement. Mais résolu à toutes les extrémités pour prendre UN poisson dans ce satané lac ? Ah ben ça oui dame pour sûr à c't'heure.

Voilà où m'ont mené les affres de la fermeture. J'en suis à vous infliger des photos de leurres alors qu'il me reste encore des semaines avant de me risquer en terre inconnue. La fermeture est un naufrage.






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