samedi 13 janvier 2024

Les Gaules de jadis

En notre époque frénétique où on ne s'étonne même plus qu'un freluquet à peine titulaire du brevet des collèges devienne président du Conseil (oui, je sais mais il y a jadis dans le titre), il ne viendrait jamais à l'esprit d'un publicitaire d'utiliser l'image d'un vieux rabougri à béret basque pour vanter la qualité toute moderne d'une canne à pêche. Fichtre. Aujourd'hui, notre publicitaire utiliserait de préférence des jeunes tatoués, piercés, emballés dans des sweats à capuche de couleur vive réglementaire avec un logo à la fois classe et discret évidemment, hurlant en franglais au moindre bass de 200 grammes et tout ceci au rythme des basses d'une musique à rendre sourdes des générations de forains.


Que le monde a changé en à peine 70 ans tout de même. Du métal, on est passé à la fibre de verre puis au carbone. Les petits ateliers de Puteaux ont fermé. Des usines se sont ouvertes en Chine. Désormais, c'est monter soi même ses cannes qui est devenu tendance pour l'avant-garde éclairée du troupeau des massacreurs de perchettes sous-développés du cognitif.


Éternel retour vers le meilleur produit disponible, la nouveauté neuve qui donnera sans équivoque à son propriétaire comblé l'onction sacrée, le statut de connaisseur ou au moins le signe extérieur de richesse nécessaire à faire ravaler à la plèbe rivulaire ses persiflages ricaneurs en cas de bredouilles récurrentes.


En ces années 50, théâtre d'ombres brutal mettant en scène le crépuscule agité de l'empire colonial français, les publicitaires ne se souciaient guère d'éviter les clichés douteux. Ce n'est pas que je crois ces escrocs moins cons de nos jours, hein, mais bon, peut-être que l'image d'un pygmée-personne racisée à la croissance négative-arrachant la gueule d'un animal liminaire en voie d'extinction, ce ne serait pas le truc ultime pour vendre des cannes à truites. 

Mais je m'emporte. Oulala. Je dois couver un wokisme, c'est de saison, pardon pardon pardon. Pas de polémique. C'est vrai que c'est agaçant ce dénigrement systématique. On critique la publicité, l'oeuvre colonisatrice de son pays, on ne lit pas les livres de François Fillon et zou, on finit par manger bio, trier ses ordures et se teindre les cheveux en bleu. Un peu de retenue, quoi. 





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