samedi 14 janvier 2023

Pour en finir avec les années 80

La Panther Martin, le noble ancêtre de l'AR-S Smith. Un "must" des années 80.

S'il y a bien un truc au monde que je déteste plus que les mathématiques, le PSG et les contributions directes, c'est le moment de sociabilité gênante qui consiste à subir comme son d'ambiance une compilation du "meilleur" des années 80. Entendons-nous bien : les années 80, c'était de la merde. Une décennie à vomir. Rien que d'évoquer devant moi le souvenir ému de Peter & Sloane, Rose Laurens ou Image me donne envie de surpasser Jeffrey Dahmer dans le relationnel compliqué après un bref passage chez Monsieur Bricolage. Je sais de quoi je parle car je les ai vécues ces années ignobles. Brushing décadent, fringues horribles, social-démocratie réaliste, putain, c'était pas humain de supporter tout ça. Et encore, il y a eu pire, SIDA, Tchernobyl, Bernard Tapie à toutes les sauces. J'y ai passé toute mon adolescence dans ce foutoir. Vous étonnez pas de l'état mental dans lequel j'erre désormais !!! Ce sont ces années de négation de l'esthétisme, d'altération de la notion même de sens commun, mon Dieu, les coiffures de Duran Duran, qui m'ont poussé à traverser les années 90 dans un état catatonique prononcé, en ratant lamentablement l'opportunité de devenir une icône grunge (une douche quotidienne, c'était éliminatoire) à défaut de devenir un membre productif et respectable de la communauté (bon, j'ai même pas fait semblant d'essayer vu que je venais de me taper cinq années de Top 50, c'était mort d'avance...). Fallait juste le temps de digérer. D'apprendre à entrer dans la vie active et à encaisser les chagrins d'amour. Je suis donc ressorti de ma tanière, hirsute, à demi fou tel un Francis Lalanne ayant survécu à une bombe atomique, bien caché dans un tonneau de rosé plein, quand Franz Ferdinand a commencé à être connu. Autrement dit, avec ma vie d'opposum pusillanime menée de la chute du mur de Berlin jusqu'au but d'Emmanuel Petit en finale contre le Brésil, j'avais zappé Blur, Oasis, Radiohead et consorts. Fucking Eighties, mate...


La mythomanie, un sport national en France pendant les années 80.
 

En fait, entre nous, tout ça, on s'en fout un peu, non ? Que j'ai raté à peu près tout dans mes années 90 (et par ailleurs plus largement ma vie mais sur ce sujet, j'accorde une entière confiance à ma maman pour qu'elle m'en reparle à l'occasion), c'est une chose, certes malheureuse, je veux bien l'admettre, néanmoins je me dois de relativiser la catastrophe. C'était pas Bhopal non plus tous les jours même si, en toute franchise, j'ai eu une grosse période carpiste et ça, ça me fait du bien d'en parler au sein de ce groupe de parole qui, étape après étape, va me permettre d'aller mieux, de m'en sortir, bref de sortir de l'enfer de la bouillette. Tant qu'on se vautre dans l'étalage de souvenirs peu glorieux, je tiens à avouer toute honte bue que j'ai participé sans faillir en mon jeune temps à la sixième extinction de masse en passant une grande partie de la belle saison à traquer l'anguille au lombric. A ma décharge, si j'ai effectivement, je le concède, causé la fin précoce de centaines d'anguilles, j'ai dans le même temps débarrassé les eaux ligéro-vendéennes de milliers de poissons-chats alors s'il vous plait, messieurs les censeurs, un peu de respect !!!

 

A l'époque, les pêches "nobles" concernant des poissons comme la truite étaient hors de portée de mon humble personne acnéique affublée d'un dentier en aluminium dernier cri sauf furtivement, lorsqu'au hasard des vacances familiales, j'allais braconner à la ninja la rivière coulant à côté d'un camping municipal anonyme au milieu d'une pampa perdue. Mes exploits restaient cependant assez lacunaires étant donné que je perdais généralement trop vite dans des branchages traitres inopportunément placés la ou les deux cuillères tournantes de dotation achetées chez le droguiste local. Par contre, sans me vanter, en mer, j'ai allègrement dépeuplé bien des ports bretons de leur excédent de lieus, tacauds et autres vieilles au grand plaisir de mon regretté chat, quintessence ronronnante du gastronome éclairé.



Bref les années 80 restent en ce qui me concerne une parenthèse désastreuse annonciatrice de toutes les avanies que je me suis ramassées depuis en série sur le coin du museau en bon hybride de Caliméro et de Forrest Gump, avec une touche de Pierre Richard dans la gestuelle, soit jamais en panne de mauvaise décision, atermoiement coupable et autre concubinage foireux. Mais si je devais, au risque de passer pour un indécis, trouver un point positif dans les années 80, ce serait la floraison d'albums de métal (cette "Soul de l'Homme blanc" d'après Irvine Welsh) devenus depuis des classiques révérés comme il se doit y compris par les godelureaux actuels. Enfin ceux qui restent accessibles à ce qui est bon au moins.





Ah, ça, ça avait de la gueule... Et ça permettait de bien passer pour un caractériel interrupteur abrupt de potentielles roucoulades voire de se révéler à un auditoire atterré comme un secoueur frénétique de tignasse pendant les boums et autres réunions informelles visant à sociabiliser les boutonneux avant qu'on ne passe à la vitesse supérieure, mégots, bière tiède et mobylette kitée. Putain d'années 80, tiens...



2 commentaires:

  1. Totale sympathie et respect pour avoir -physiquement au moins- survécu à cette période noire auprès de laquelle le parti communiste français dans sa plus belle époque stalinienne ferait presque pale figure ; mes condoléances par ailleurs pour votre entendement disparu prématurément, je ne compatis que trop, mon propre parcours psychiatrique me semblant fort proche du votre.

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  2. Ah ça, à qui le dites vous, on est bien peu de chose... J'ai un syndrôme de stress post-drolatique assez invalidant. Souvent je rêve d'Opus chantant "life is life" et le bassiste, en sandalettes-chaussettes, avec un sourire égrillard et un regard libidineux tient absolument à m'offrir une chope de bière et là, généralement, je me réveille en hurlant, ruisselant de sueur. Grossss malheur...

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