mardi 17 janvier 2023

Recettes miracle du bon vieux temps

Le pêcheur à la ligne serait-il dans l'imaginaire publicitaire le pendant masculiniste de la ménagère fanatique de lessives lavant plus blanc ? On peut légitimement se poser cette question à force d'exhumer du passé des réclames incitant le taquineur de bredouille à se doter de toute urgence d'une force de frappe olfactive digne de lui assurer le succès au bord de l'eau. Entendons-nous bien sur le fond : le pêcheur, d'autant plus le pêcheur français, n'était pas (et n'est toujours pas) un grand consommateur de déodorants, parfums et autres artifices mielleux pour métrosexuels. Non, il est un homme des bois, rustique, brut de pomme, qui préfère embaumer l'assistance par des fragrances naturelles non artificielles comme le tabac brun, la tripe fraîche de truite arc-en-ciel transgénique, la vase séchée sur des frusques douteuses aux aisselles jaunies sous le harnais, le pipi d'asticots, le mucus de brème fermenté au soleil et l'apéritif anisé rendant folles les carpes lorsque il est touillé minutieusement selon les règles druidiques adéquates durant plusieurs lunes avec l'amorce. Sauf que parfois, il connait ses petits moments de faiblesse et se laisse aller jusqu'à suivre les sirènes frauduleuses du mercantilisme matois en faisant l'acquisition de produits aromatisés à l'efficacité questionnable mais ingénieusement mis en avant par des publicitaires sournois.


La chair est faible, mes amis. Du coup, on se retrouve vite avec quelques échantillons prouvant au monde, pire à notre future ex-conjointe, notre incapacité foncière, pour ne pas écrire congénitale, à rationnaliser nos achats dès lors qu'il s'agit de pêcher efficacement ou pour le moins mieux que le voisin. Enfin, c'était ça l'idée quand on a aligné les biftons sur le comptoir. Tuons dans l'oeuf le suspens. En règle générale, le produit-miracle n'existe que dans notre tête. Tout ce dont nous arrivons à tirer de la énième merveille du monde se résume le plus souvent à un jus pestilentiel juste bon à déshonorer notre garde-robe, voire à une gelée à demi-séchée incapable de se faire tartiner comme décrit dans la brochure. Accablé par la révélation de sa (de notre !!!) coupable candeur, le pêcheur se mure alors dans un silence fait à part égale de dignité bafouée et de secret désir de vengeance sanglante. Jusqu'au prochain truc qui le fera craquer car entre nous, ça reste un grand gamin velléitaire pour la plus grande fortune du lobby halieutico-industriel. Poil aux écrouelles.



 Sacré lobby, c"est qu'il nous en aura fait acheter des conneries, hein... Et le pire, c'est que l'on sait très bien, au fond de nous, en bas, deuxième à droite après les W.C, qu'on se fera encore avoir vu que c'est dans la nature même de notre passion que de croire encore et toujours aux miracles. 




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