Le banquet des conséquences

Robert Louis Stevenson a dit un jour que tout le monde finissait par s'asseoir au banquet des conséquences. Aujourd'hui, c'est le cas pour les pêcheurs en eau douce qui voient s'effondrer tout ou partie de leur terrain de jeu sans que pourtant une prise de conscience collective ne semble émerger. Je peux me tromper, bien sûr, mais un survol rapide des réseaux sociaux de sponsos, vedettes et autres têtes de gondole indique surtout un exode massif vers les derniers bastions arrosés en France ou à l'étranger afin de continuer à forger leur légende en fer blanc. Business as usual. En ce qui concerne les amateurs acharnés pas encore attachés à un mécène insatiable et ne se souciant que de leur égo, peu ou pas de changement. On s'interroge plus sur comment pêcher avec de "bons résultats" pendant la canicule que sur les limites éthiques à s'imposer pour ne pas flinguer la ressource à notre échelle. Pourtant, après deux décennies de leçons cinglantes infligées aux pêcheurs-préleveurs, c'était l'occasion rêvée de prêcher par le haut la responsabilité face aux temps difficiles, n'est-ce pas ?

Février 1979, le climat change. Zut, on aurait dû nous prévenir...

Ne vous inquiétez pas, je n'attendais de toute façon pas le moindre signal de révolte de la part de ces personnes qui ont fait de la pêche une télé-réalité à peu de frais où l'exhibition du matos proche du tuning masturbatoire, la recherche incessante de la performance et le discours consumériste d'un vide abyssal ont formaté toute une génération qui a plus de leurres dans ses boites qu'elle ne verra de poissons de la saison. En ce qui concerne les "officiels", les élus, bref les sémillants bureaucrates septuagénaires qui, depuis leur bureau high-tech, pilotent avec le succès que l'on sait le loisir pêche, je n'escomptais pas non plus d'eux plus que quelques réflexes pavloviens timides, voire au mieux des tirages de parapluies tardifs mais tactiquement bien placés...

Faut pas se raconter d'histoires, on a la pêche que l'on mérite. Alors faites le plein du Hummer, briquez votre bass-boat pour qu'il scintille comme Patrick Hernandez au soleil de Floride et essayez de vous trouver une mise à l'eau qui ne soit pas interrompue 5 mètres au dessus de l'étiage actuel de votre lac à lunkers favori. Et surtout, surtout, surtout, bordel, arrêtez de chouiner comme un zadiste en sarouel privé de tofu !!! 

Les ambitieux, les burnés, les vrais gagnants, ils s'en sortent, eux. Leur page facebook fait envie et tu sais quoi, péquenaud pleurnichard ? Tout le monde s'en tamponne comme de son premier One Up de ton terroir de gros nuls !!! "L'environnement, ça commence à bien faire" disait Nicolas Sarkozy. Et lui, c'était pas un loser que je te ferai dire !!!

Bref, en attendant les orages maousses qu'on va se ramasser sur le groin, veuillez agréer, lectrices, lecteurs, mes salutations les plus désabusées...