mardi 19 juillet 2022

Coup de chaud

Je dois piteusement passer aux aveux. J'ai scandaleusement négligé d'alimenter ce blog en épopées halieutiques hors du commun qui font traditionnellement naître l'envie sur les faciès chiffonnés des employés de bureaux subalternes naturellement envieux quoique pathétiquement velléitaires qui sont d'après Google Analytics les formes de vie fréquentant par mégarde ces pages laborieuses. Mais j'ai une bonne excuse : l'absence de parties de pêche autres que razzias d'écrevisses à pattes rouges et autres asticotages de carassins en compagnie des farouches juvéniles. Notre unique tentative de leurrer quelques carnassiers caniculaires s'est en effet heurtée à un principe de réalité effroyablement de saison. Il n'y a plus d'eau. De toute façon, partir à la pêche sur le coup de 11 heures accompagné d'un cocker et de Tic & Tac ne constitue assurément pas une recette menant à un imparable succès.


Et quand je dis "plus d'eau", c'est plus d'eau... Certains spots où d'ordinaire, je dois longer la berge en serrant les fesses, sont fréquentables en bottes. A quelques endroits, on compte les poissons postés aux rares coins ombragés. A d'autres, rien ne peut tenir au soleil. C'est catastrophique. Mais vous devez être au courant.


On est donc dans le dur. Mais le bout du tunnel n'est pas si loin. Dans quelques jours, c'est le grand départ en direction de l'ouest sauvage. Le salut viendra sans doute de la rude caresse des embruns. Bars, maquereaux, vieilles et consorts sont prévenus. Le Team Youki arrive en farce !!!




20 commentaires:

  1. Et quel coin de l'Ouest donc Môssieur ? Étant donné que j'y réside, je serais bien honoré d'avoir l'occasion de faire votre connaissance IRL

    RépondreSupprimer
  2. Salut Gekks,

    en fait nous (le "nous" conditionne les péripéties du séjour, la pêche étant reléguée au quatrième plan...) sommes en villégiature dans la presqu'île de Crozon où je cumule les bredouilles extrêmes-matinales avec une régularité forçant le respect. J'ai juste eu l'émotion de voir deux jolis bars et un autre bien plus petit rater en surface mon Asturie made in China le premier jour.

    Depuis, on a battu un record de fraîcheur le second jour (7°c en waders fin juillet, ça calme tout le monde, poissons comme pêcheur). J'ai aussi, c'est cocasse, bu par inadvertance de l'eau du robinet du Finistère, ce qui m'a valu deux journées de forts embarras gastriques qui ont été un répit certain pour les poissons locaux (du moins, j'aime à le croire).

    Sur les deux derniers jours, j'ai pêché rapidement à l'aube sur deux spots qui doivent être sympas étant donné que l'un est squatté par un phoque gris et l'autre par une vingtaine de cormorans. Les deux sont de surcroît pris d'assaut en journée par ces pachydermes peu amènes se reconnaissant à leurs cannes rouges vendues à prix d'or, marque incontestable de la réussite d'une vie de consommateur, pardon, pêcheur.

    Bref, je profite d'échapper à la corvée de plage, après m'être tordu légèrement le genou ce matin en tentant désespérément de crocheter à la déloyale une des micro vieilles agressant mon Slug animé d'une main tremblante pour pondre ce pavé suintant la mauvaise foi rancie, l'acrimonie furibarde et l'hypocondrie érigée en système de développement personnel.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Shit pas de bol. Ce n'est pas simple la pèche du bord de mer, j'ai fait mon premier bar maillé la semaine dernière (et seulement quatrième de l'année) alors que j'y vais régulièrement. Très chouette Crozon, un peu loin de Plouha.

      Supprimer
  3. Oui, j'ai vu ça. Le propriétaire de la location m'a dit quand on partait qu'il ne se prenait rien du bord l'été, qu'il fallait un bateau pour la rade de Brest pour les "bons" coefficients de marée ou alors tracer à Molène... Moi qui en étais resté aux pêches d'il y a 40 ou 30 ans, j'ai déchanté.

    Du bord, les dernières belles pêches que j'ai faite, ça date de 15 ans entre Douarnenez et Audierne ou sur Ré en début de saison. De temps en temps, ça pouvait bien donner en rockfishing nocturne aussi sur Noirmoutier, les Sables, la Rochelle... Mais plus du bar "portion" en canne M ou ML à dire vrai.

    Sur le golfe du Morbihan, en surface, le matin à l'aube, je n'ai pas le souvenir de bredouilles estivales. Mais ça aussi, ça commence à dater.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On peut faire de bonnes pèches, mais ce n'est pas régulier -j'ai pris en une fois presque 3 kgs de maquereaux (un par un) quasi sur la plage mais cela ne s'est pas reproduit depuis. Cela dit Août voit l'arrivée des pinnipèdes comacs -rencontré un phoque gris énorme l'année dernière (quasi sur la plage aussi), que j'avais pris au premier abord pour un plongeur aussi, avant de me rendre compte que le format était double ainsi que des grands dauphins, une bande de 20 individus stationne dans le coin, je ne suis pas sur que macs et barounets n'en soient réduits à une saine prudence quand à leurs heures et distances de promenade.

      Supprimer
  4. Bah faut savoir rester fair-play. Je préfèrerai toujours un phoque aux blaireaux. Il paraîtrait d'autre part que les phoques se focalisent sur les poissons plats ? A priori, les autres poissons ne le savent pas, on dirait bien^^.

    Et puis, sur le peu de temps que j'ai pêché en mer ces dernières années, je peux me dire que j'ai déjà largement eu mon comptant de chance. Il fallait bien que ça cesse à un moment.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Il paraîtrait d'autre part que les phoques se focalisent sur les poissons plats ?" Possible, je ne sais pas perso, la présence persistante de phoques et de dauphins à partir d’août est une hypothèse crédible pour expliquer ce hiatus entre un mois de juillet généreux à défaut de pléthorique et un mois d’août misérable -l’année dernière, pour celle-ci cela reste à voir- un super-prédateur reste un super-prédateur et je ne suis pas sur que le bar commun (j'entends par là le pendant pélagique du mammifère commun dans les bars) s'interroge sur sa ligne (lol) lorsqu'il se sait en présence d'iceux, mes avis plutôt que comme mézique le ferait, il prend la tangente avant de se faire claper à la surprenante, par simple prudence. Bon j'en ai pris un hier, mais un pins de 22 ou 23 cm. Remis à l'eau, plus une touche, à chaque fois, mais je n'avais pas de mare sous la main pour le mettre en réserve comme le fait Labarakabars -parfois j'envisage de prendre mon gros seau à vif avec bulleur si si -, et le goulu était piqué par chaque branche du triple de ma Mitraspoon ! J'envisage de leur mettre des hameçons plus balèzes...bref le décrocher sans boucherie avait déjà pris assez de temps pour que je ne mette pas son capital O² plus en péril de toutes façons. Tout cela pour dire que cela reste une hypothèse, le truc inventé je pense pas les supposées épées de l'halieutique pour justifier de leurs médiocres résultats. Un truc crédible mais invérifiable et à jamais sans doute in-vérifié :) De toutes façons, si j'ai vu les grands dauphins il y a 10 jours, je n'ai pas rencontré ni entendu parler de phoque pour le moment.

      Supprimer
  5. Un avantage en eau douce en ce moment, c'est que la bredouille devient facilement explicable par l'absence d'eau... La Loire à Tours est traversable en waders, la Creuse se traverse en bottes avant de se jeter dans la Vienne et les rivières à truites du sud des Deux Sèvre (Béronne, Belle, Boutonne, Berlande...) sont à sec.

    RépondreSupprimer
  6. https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/niort-79000/niort-mortalite-importante-de-poissons-dans-la-sevre-niortaise-9716e2c8-17c8-11ed-92be-d940840fee51

    Hmmm... Non rien.

    RépondreSupprimer
  7. ...ici, comme sans doute ailleurs la plupart des rivières de première catégorie sont fermées à la pèche -sauf 3 plus grands fleuves côtiers- jusqu'à la fermeture. C'est un peu ballot, car toutes les rivières sont classées en première grosso-modo. Je prévois peu de vente de cartes de pèche l'année prochaine.

    RépondreSupprimer
  8. Oui, j'ai vu ça fin juillet, les premières catégories de l'Argoat faisaient la gueule, plus de courant et on comptait les cailloux au fond... Avec des cagnards comme il y a eu et il y a encore, peu de chance que les populations locales tiennent le choc. Le réveil est brutal mais c'est une situation clairement prévisible depuis au moins deux décennies. Tous les ans depuis 2003, je constatais dans l'ouest (44,49, 79, 85...) que les rivières étaient de plus en plus basses l'été. Remarque, j'y étais souvent seul à pêcher sur ces petites rivières. Elles crevaient doucement au milieu des champs de céréales sans que personne s'en soucie...

    Les pêcheurs ont aussi leur part de responsabilité. Les fédérations ont gardé le silence, soit par indifférence, incompétence voire par peur (en Vendée, les bureaux de la fédé ont été saccagés et la secrétaire menacée de mort en toute impunité par un commando d'irrigants cagoulés en 2005). Les têtes de gondoles du "vedettariat halieutique" n'en ont jamais parlé à leurs fans des risques à terme pour l'activité pêche, tout occupés qu'ils étaient à jouer les KVD franchouillards... C'est humain. Après tout, Dick Rivers s'est bien pris pour Elvis.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Yep. Récemment encore on se félicitait de revoir des saumons et des truites de mer dans nos fleuves côtiers ; las cet année le timbre à 50 boules n'a guère du être rentabilisé puisque rapidement le saumon a été fermé pour cause d'UDN https://www.ouest-france.fr/bretagne/cotes-d-armor/lannion-les-saumons-touches-par-une-maladie-leur-peche-interdite-2a46b55e-ddcd-11ec-8402-b465269db5a0 alors leur reproduction...

      Supprimer
  9. La question est donc :

    "les fédérations concernées ont-elles remboursé le timbre migrateurs ?"

    On peut se poser la question. Après les premiers confinements, il y a bien eu des fédés qui ont prolongé l'ouverture du sandre jusqu'à mi-mars, histoire de satisfaire leur "aimable clientèle" qui avait aussi, comme on la comprend, un permis à "rembourser".

    RépondreSupprimer
  10. Lol non ce n'était pas ma question, je ne l'ai pas pris ce timbre de toutes manières, je l'évoquais comme introduction et parce qu'il est de facto un outil permettant d'estimer la population de saumons -puisqu'on reçoit une bague, qu'il faut baguer le saumon et le faire comptabiliser avant de se voir rendre une bague etc. Je suis par contre effondré car en un seul été cette population lentement grandissante a sans doute tout simplement disparu, que ces dernières années les actions majeurs mises en avant par la fédé locale étaient l'aménagement d'UN moulin pour l’accès de ces poissons et la mise en place de je ne sais combien de parcours "mouche/no-kill" par contre, certains récemment vandalisés on se demande pourquoi (chais pas, peut-étre par ce que les meilleurs spots se retrouvent d'une certaine manière privatisés et les seuls accessibles bande de cons ?)...et que pendant ce temps la fédé nationale se gratte les couilles en prônant une gestion patrimoniale des eaux, le plus gros foutage de gueule, déjà qu'il n'était pas bien brillant le patrimoine de base, mais là...

    RépondreSupprimer
  11. J'avais saisi mais tu sais bien que pour une immense majorité de pratiquants le prix du permis est un sujet de mécontentement perpétuel (soit pas assez cher pour une "élite" qui voudrait virer le populo et ses asticots, soit BEAUCOUP trop cher pour les pousse-mégots pas fichus de grappiner une brème au plomb-palette) et la seule variable d'ajustement qui va rester un jour ou l'autre (avec peut-être l'inflation réglementaire stérile vu qu'il n'y aura plus de gardes ou presque...) la principale variable d'ajustement des instances de la FNPF.

    On pourrait en parler des heures, je crois, mais l'équation est simple : pas d'eau, pas de poissons, du coup pas de pêcheurs, plus d'argent, plus de fédés... Qu'est-ce qui reste ? La FNSEA et EDF en plein triomphe trompeur.

    Pour le saumon, j'ai le souvenir d'avoir eu un long échange sur le sujet avec un ingénieur EN hydrobiologie, acteur secondaire du projet en Bretagne, il y a bien 15 ans de ça, qui m'avait dit que ça ne marcherait jamais, c'était du fric foutu en l'air. Pour lui, les cours d'eau bretons étaient soient définitivement flingués par l'agriculture, soit sous une épée de Damoclès suspendue sur un 12/100° douteux pour les mêmes raisons.

    RépondreSupprimer
  12. Et pourtant les saumons et les truites de mer étaient bien présents depuis un moment, peut être encore dans les 3 fleuves cités plus haut, mais malades. En même temps, péchant du bord, toute l'année je ramasse des algues vertes en eau douce comme en bord de mer...

    RépondreSupprimer
  13. Oui, c'était leur aire naturelle, ces fleuves côtiers, aux salmonidés. Dans les années 1920/30, c'était la destination pêche favorite des Parisiens friqués. Mais faire revenir et surtout maintenir un recrutement conséquent dans des milieux défoncés par les rejets des porcheries industrielles et au bassin versant constellé de parcelles de mais à grands renforts de financement public, c'est du volontarisme quasiment stalinien.

    Staline a "réussi" la mer d'Aral. La FNSEA fignole encore sans donner sa pleine mesure (réglementations liberticides, carcan administratif, écologistes anti-tout, tout ça tout ça).

    Voila, elle est là, l'éternelle source de friction entre ceux, plein d'une bonne volonté touchante, voudraient revenir à l'âge d'or en tordant la réalité du terrain (j'appelle ça cyniquement le syndrome Jurassic Park) et ceux qui, résignés pour ne pas dire désabusés, sont résolus aux combats d'arrière-garde pour essayer de "sauver" ce qui peut encore l'être.

    C'est juste un constat, pas un jugement. Les deux points de vue se défendent. Hélas, au sein même des organisations qui devraient défendre l'environnement indispensable au maintien de la pratique de la pêche de loisir, c'est aussi une source de conflits interminables causant une déperdition des efforts qui ne favorise in fine que le lobby de l'agriculture intensive (la Bretagne en est l'exemple paroxystique mais du Poitou au Jura, tu retrouves peu ou prou les mêmes conditions).

    RépondreSupprimer
  14. Et pour essayer (vainement) de faire le tour de la question, ce conflit ne concerne au final QUE les gens qui s'impliquent réellement au sein des fédés, des aappma, des assos diverses. Beaucoup de gens qui ont leur rond de serviette ne sont là que pour la gamelle (bénévoles, certes, mais le restau à l'oeil, hmmm...) et pratiquent avec un bonheur ineffable l'art de ne rien faire en donnant l'impression de porter le poids du monde sur leurs épaules.

    J'ai vu des gardes-pêche virés pour avoir tout simplement fait leur boulot (coller au tribunal des pollueurs et/ou des irrigants indélicats), des techniciens de fédés partir en burn-out complètement lâchés par leur hiérarchie ne voulant surtout pas, même en cas de viol manifeste de la loi environnementale, de problème avec les pouvoirs publics, des présidents d'aappma empêchés par leur fédé pour cause d'initiatives novatrices couronnées de succès (ce qui, tu le conçois facilement, entraîne immanquablement une jalousie dévastatrice de la part de ceux qui "gèrent" depuis le haut moyen âge en considérant les lâchés de truites portions dans le trou à pisse municipal comme le summum de la pêche en eau douce).

    Bref, tout ce monde est bien sclérosé, verrouillé, impossible à réformer. Les jeunes cons hargneux d'aujourd'hui seront inéluctablement les vieux cons repus de demain, qui, ronflant d'un oeil chassieux indiquant que leur vésicule biliaire est proche du dépôt de bilan, les dents du fond baignant dans la sauce après le restau trois étoiles payé par le pognon des dernières cartes de pêche, trouveront toujours plus urgent d'attendre que de se remettre en question.

    RépondreSupprimer
  15. http://george-abitbol.fr/doc/mp4/285.mp4

    RépondreSupprimer
  16. Et oui, mon vieux Georges, on est bien peu de choses, allez... Remets-moi donc une Suze, tiens !!!

    RépondreSupprimer