Moi, vous me connaissez : une équanimité de marmotte aboulique, un fair-play exemplaire comme on en voit plus depuis l'apparition des premiers colliers pour homme en Grande Bretagne vers 1966, bref, un gentleman au flegme à peine entamé par la chute d'un V2 dans son jardinet à l'heure du thé. C'est pas pour dire mais je suis limite au delà du tolérable question zen en tweed. Sauf, évidemment, cela va sans dire, lorsque je vais à la pêche au Glyphosatistan (pas le choix, pas le temps, bref, refrain connu...) un dimanche et que je m'engouffre dans ce long tunnel de souffrance rentrée qu'est la quête d'un spot accessible doté de places de parking à proximité. Or nous étions dimanche le 8 mai... Par un fait exprès lorgnant vers un complot rural du plus achevé sournois, toutes les communes avaient décidé de privatiser les accès à la rivière, qui pour un vide-grenier, qui pour un cross-country. C'est donc au bout de 20 kilomètres interminables que je peux me garer au bord de l'eau, sur un spot situé à quelques mètres d'un débit de boissons. Inutile de préciser qu'il est fort prisé des vifeurs craignant la déshydratation... Pourtant, par miracle, en trois lancés, j'y terrasse le spectre grimaçant de la bredouille guettant le pêcheur dominical un tantinet dilettante !!!
Certes, ce n'est là qu'une perchette dont je décroche la jumelle au lancé suivant. Au troisième, c'est un petit chevesne qui me fait l'insigne honneur d'être le premier de l'exercice 2022/2023 à succomber à mon animation chaloupée d'un petit ersatz de Swing Impact aliexpress du lot offert par l'immense monsieur Pico himself lors d'un jeu-concours qui commence à dater un peu, comme le temps passe, on est bien peu de choses, vous me remettrez un kilo de One Up, madame Michu.
J'ai, en moins de deux minutes de pêche, égalé ma "performance" de la dernière sortie. J'en ai les genoux qui jouent des castagnettes, la peur de gagner, cette Némésis qui a fait la renommée d'Henri Lecomte et du Stade rennais, commence à me paralyser. Que faire ? Vous avez déjà la réponse, j'imagine... Changer de spot, voyons. Cela devient d'autant plus urgent que Youki, super sociable, a provoqué, par ses glapissements amicaux, l'ire d'un molosse gardant la propriété de la berge d'en face. Heureusement que le clébard irascible possède manifestement, comme tous les organismes vivants d'extrême-droite, un QI de palourde car il ne s'est à aucun moment rendu compte qu'il pouvait traverser la rivière et nous choper facilement tant les niveaux sont pathétiquement bas...
Sur le nouveau secteur prospecté, bon prince, je libère Youki des chaines de l'avilissement qui réduisent symboliquement le chien, ce noble animal descendant en ligne directe du farouche loup des steppes, au rang d'un salarié tremblant pour ses points retraites. Il en profite pour jouer les Johnny Weisscocker, le Tarzan des chienchiens à leur pépère. Le boulet... Il me faudra plusieurs kilomètres entrecoupés de poursuite de la bête désireuse de perpétrer l'espèce canine au prix de métissages forcés suivies d'excuses contrites aux propriétaires de Kiki, Choupette, Princesse et autres, avant de prendre une perche supplémentaire au mini Whopper Plopper aliexpress, celui qui avait su convaincre les black-bass de la rigole d'Arçais l'an passé...
C'est peu, vraiment peu. Bon, il faut dire aussi que les niveaux d'eau sont dramatiques. Sur les deux spots que j'ai pêché sur mes trois sorties, la rivière a perdu au moins 20 centimètres. Là où passait à l'ouverture un Chubby 38, le week-end suivant, une AR-S reste crochetée à la verdure. En retournant, la tête basse et le Youki boudeur à la voiture, c'est d'ailleurs avec une des contrefaçons Blux que j'atteints le chiffre faramineux de quatre poissons pris !!! Notez le regard machiavélique du chien...
Et oui, vous vous en doutiez...
Mékilékon (je lui donne dans l'intimité un petit surnom affectueux) n'a pu s'empêcher de bondir pour goinfrer la perchette qui en a profité pour rejoindre l'élément liquide en une fuite éperdue rappelant celle de Marlène Schiappa évitant à ce jour avec un succès forçant l'admiration toute interaction y compris furtive avec le moindre instant de lucidité. Il est temps de conclure les débats sur une note désabusée... Cette saison va être très longue. S'il n'y a plus d'eau début mai dans le plus grand cours d'eau du Glyphosatistan, l'été risque d'être un grand moment de misère halieutique. Poil au dytique.
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