vendredi 21 janvier 2022

Nostalgie : l'Erdre, son univers impitoyable (deuxième partie)

S'il est bien une chose amusante à constater, c'est qu'avec le temps, cette rivière tenant plus du bouillon de culture servant de piscine à rats mutants colportant allègrement une forme virulente de leptospirose seulement connue des initiés devient dans mon souvenir une sorte de paradis perdu. Evidemment, ce n'était pas le cas. Pourtant, sur quelques secteurs bien précis, on y faisait des pêches correctes. D'ailleurs, les secteurs étaient bien précis, soyons clairs, car une grande partie des berges étaient privées donc totalement inaccessibles aux misérables gueux même pas sponsos que nous étions. Beurk.

Souvenir d'une journée de mai odieusement galère : un départ à l'aube en fanfare
puis une traversée du désert durant jusqu'au soir où par miracle quelques perches
furent prises dans le port de Nort-sur-Erdre en compagnie de Benoît.



Il ne me reste hélas que peu de photos de ces années fastes. C'était surtout l'hiver que nous hantions les berges de l'Erdre en la bonne ville de Nantes, recherchant avec fièvre l'antidouille aux leurres souples : la brème ligérienne carnivore, ce prédateur méconnu que Jeremy Wade, plein de cette pleutrerie si typique des sujets britanniques à jeun, n'aurait pas le cran d'affronter avant d'avoir englouti pour le moins un litre de single malt.

Il fut une époque durant laquelle je rejoignais régulièrement Fredo pour un Tortière-Motte rouge endiablé consacré à la traque des perchettes embusquées sous les péniches d'habitation. Là, les bons jours, ça pouvait scorer vite et haut. Mon meilleur souvenir reste tout de même ce rotengle, lui aussi piscivore, littéralement treuillé du haut du pont de la Tortière après avoir gobé un Peké Peké Jackall Bros intrépidement balancé par mes soins sur une chasse de grand ampleur. Nous étions jeunes, nous étions fous, la crinière flattée par le petit vent mutin mettant en valeur notre permanente ciselée par des émules indigènes de Franck Provost, le coiffeur des bracos.

Ce fameux rotengle, un coup de ligne dont on parle encore. Ou pas.

Heureusement finalement que je n'ai pas à ma disposition toutes les photos de pêche de ces dernières décennies sinon j'aurais été capable de vous faire subir l'irréparable outrage de scènes d'étripages de poissons-chats ou de perchettes fièrement leurrées au grub 2" à la sortie de tuyaux plus douteux qu'un C.V de député varois. Mais ne vous croyez pas tirés d'affaire pour autant car je compte bien ressortir des archives de quoi hâter la venue de votre calvitie !!!




2 commentaires:

  1. Quelle classe naturelle sur ce cliché historique quoique antédiluvien, ça m'époustiflie, voir m'en collerait une demi-molle.

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  2. Allons, allons, reprenez vos esprits, je vous en conjure. Les outrages du temps, les abus de muscadet et mon renoncement précoce à la gamme Nivea Men en applications locales ont hélas fait leur ouvrage. Je ne suis plus ce fringant damoiseau. Je dis ça par honnêteté, hein, pas par fausse modestie.

    Mais il ne sera pas dit que j'abandonne mon lectorat en péril et je retourne donc de ce pas aux archives trouver de quoi régler au moins provisoirement votre disfonctionnement érectile.

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