vendredi 27 novembre 2020

Le confinement polémique : le Street-fishing est-il à la rue ?

Certains  olibrius à l'infinitésimale modestie, capables de nous assurer sans ciller qu'ils ont inventé le Street-Fishing tout seul à la seconde où ils sont arrivés la gaule à la main au bord de l'eau dans une agglomération quelconque, nous disent avec une emphase souvent non dénuée d'arrière-pensées très très très narcissiques et/ou commerciales (ah le placement de produit, cet horizon indépassable de la tête de gondole) que la "Pêche de rue" est à elle seule le renouveau de la pêche en eau douce. Oui, bon, si on veut. Je n'ai rien contre le principe voire le phénomène mais le présenter comme le sauveur attendu de la marge du bizness du Twist chartreuse, désolé, je cale un peu.

Le Leurre-Miracle existe, j'ai failli le rencontrer...


Moi qui, comme le chantait Brassens, balance désormais entre deux âges, je me sens souvent en porte-à-faux, démagogiquement parlant, coincé entre les si pétulantes manifestations de suivisme hypnotico-consumériste qui mènent la jeunesse à racler le fond de ses poches trouées pour s'offrir le dernier leurre en vogue donné par l'ensemble des réseaux sociaux stipendiés par le fabricant comme indispensable, incontournable et révolutionnaire bien sûr !!! 

Le Street-Fishing est une discipline sportive exigeante, ne tolérant pas le
dilettantisme ni l'à-peu-près dont se montrent si prodigues les profanes. Pouah.


Entre les thuriféraires à appareil dentaire de cette nouveauté neuve qui n'est au fond, c'est indéniable, qu'un dispendieux zigzornif délicieusement tendance, soit, mais de par sa nature destiné à finir accroché à n'importe quelle saloperie immergée par des rabouins sans aveu et les ancêtres plus ou moins gros rougeauds en treillis "old-school" qui pensent sérieusement que l'abus de vin de pays peut avoir un effet thérapeutique sur l'absorption abusive de PCB au beurre blanc, j'avoue avoir parfois un peu de mal à exister... Est-il plus souhaitable de se faire pourrir sur Snapchat par des analphabètes pré-pubères ou d'en être réduit à se faire cribler de gros sel par des gérontes avinés plus ou moins syphilitiques ? Je dois dire que la question se pose.

L'auteur de cet article venant de recevoir la réponse négative de sa demande de
sponsoring déposée au près de l'antenne d'Indre-et-Loire de Dudule.


Ne considérant la pêche que comme la manière la plus agréable de disposer de mon toujours trop rare temps libre en attendant la mort, j'ai franchement du mal à faire preuve d'une empathie bonhomme, sucrée voire joviale quand je croise un quidam déplorablement adepte du remplissage de congélateur (innocente victime, j'imagine de cette "angoisse de manquer" venue des tréfonds du Solutréen toujours si bien ancrée dans les subconscients rivulaires). Tout comme il m'est difficile de supporter les rodomontades de Tartarin de comptoirs qui avec une belle constance tentent de se prouver ainsi qu'aux autres qu'ils possèdent, bien caché au fin fond de leur caleçon camouflage, un gros zizi ( "j'en ai pris plus que toi, nananananère"...). Je vous ferai grâce de vous dire à quel point est basse l'estime que je porte aux individus dont la vanité se résume à arborer du matériel hors de prix, histoire de fortifier la muette et impuissante aigreur des prolétaires des alentours. Que voulez-vous, j'aime châtier qui le mérite. Comme le disait un gars maniéré à perruque poudrée mais ô combien plus dégourdi de la syntaxe qu'un sponsorisé lambda blablatant sur Instagram, de toutes les manières "lmensonge est lâche et flatteur. La vérité est audacieuse et blessante. Le succès flatteur est de conquérir et non de conserver. Mieux vaut ami grondeur que flatteur". Et vlan, dans le museau.

Quand on pense avec un effroi rétrospectif que ce gang de Pieds Nickelés pratiquant le Down Sizing en réunion comme personne, domina le street-fishing nantais pendant des années,
monsieur le commissaire... Les perchettes de l'Erdre peuvent désormais respirer.


Loisir populaire par excellence, la pêche à la ligne, notre dérivatif à la connerie ambiante, ne possède pas, à tord ou à raison, la réputation d'être une activité nécessitant de la part du pratiquant régulier des aptitudes à la réflexion individuelle au dessus de la moyenne. Certains pêcheurs ne possèderaient, selon une rumeur persistante, qu'une intelligence au final assez limitée, se manifestant le plus souvent par l'exercice chichement rétribué d'une tâche jugée subalterne (en dehors des pandémies) et seraient par ailleurs d'une crédulité illimitée, pour ne pas écrire fiduciairement tragique, quant à l'objectivité des publi-reportages qu'on trouve à pleines pages dans les magazines spécialisés.

Leurre Miracle 1955... Combien de Super Stars ont orné depuis les présentoirs
de nos magasins de pêche et surtout combien ont eu le succès du Flopy ?

Inutile de préciser à vous, lecteurs émérites dont je ne questionne pas la docte sapience, que ces groupes humains pleins de membres actifs statutairement sinistrés du cognitif avant de l'être du portefeuille, constituent les cibles privilégiées des mercantis du secteur. Sans aller jusqu'à évoquer la vie et l'oeuvre de célèbres Thénardiers du Rapala ligériens (là n'est pas le propos, en plus leur bouge a fait faillite, na), ni l'aboulie intellectuelle de leur clientèle grandement fidélisée par la répétition régulière de vins d'honneur stratégiquement improvisés, je ne peux souvent m'empêcher de sourire de mes dents rescapées à la teinte jaunâtre évoquant parfois au soleil l'urine de diabétique fermentée, aux fantasques arguments technico-commerciaux brandis à l'envie par certains bateleurs. C'est vrai qu'ils ne se mouchent pas du coude, les tribuns de tête de gondole. Quant aux Michel-Ange du "facing", il y aurait des sagas à écrire sur leurs doctrines. On a parfois l'impression devant le rayon d'admirer le plafond de la Chapelle Sixtine si on les écoute trop nous faire l'article.

Le Progrès, le Graal profane du Consommateur conscient.

Pourtant, j'ai beau exercer à intervalles réguliers mon droit de vote, faisant ainsi preuve d'une obstination civique digne, à mon sens, des plus vibrantes louanges, ce n'est pourtant pas pour ça que je crois au Père Noël. Et puisque je vous tiens, j'émets aussi en public de façon récurrentes mes doutes philosophiques les plus explicites quant à l'existence des "produits miracles". Le miracle, j'ai du mal à en accepter l'idée, qu'il concerne la pêche comme autre chose. Je suis d'un naturel soupçonneux. Dès que j'entends les expressions "une tuerie", "de la balle", "trop mortel", mes petites antennes d'acariâtre acarien de la consommation se dressent en état d'alerte... Chat échaudé craint l'eau froide, parait-il. Surtout quand le sinistre propagandiste en question arbore une chemise à logo, qu'il use de la syntaxe d'une manière pour le moins personnelle et pense abolir nos défenses mentales en se fendant d'un sourire Colgate évoquant irrésistiblement le rictus taquin de  Kadhafi songeant avec nostalgie à un empalement collectif d'opposants particulièrement réussi et dont il conserve la VHS dans un tiroir de son bureau, juste en dessous des reçus de ses pots de vins à un nain hongrois malhonnête mais bref, passons.



Bref, vous m'avez compris. En mêlant avec une onctuosité trompeuse le concept de street-fishing, la critique du mercantilisme agressif et en traitant in petto les sponsos de "Loana du Rapal" pour faire court, cet article ouvre une ère de polémiques si violentes qu'à côté la seconde guerre mondiale passera pour une querelle de bornage. Mais, mesdames-messieurs les jurés, est-ce ma faute à moi si le simple fait d'arborer en bombant le torse une tunique de Nessus insultant en règle générale l'harmonie chromatique la plus élémentaire, est sensé transformer un type dont le principal talent de société se résume à prendre un ou deux poissons de plus que le voisin (et encore les bons jours, me suis-je laissé dire...) en un surhomme, en centaure lacustre, en objet de l'admiration inconditionnelle et béate du vulgaire tout en dégageant aux environs une sensualité animale de grand fauve musqué ?


Le type honnête qui sommeille parmi mes multiples personnalités cohabitant cahin-caha  dans mon caberlot chaotique m'enjoint vertement d'imposer un silence charitable sur les implications freudiennes sous-jacentes qui nous viennent spontanément à l'esprit lorsque l'on songe à ces types-là et à leur pathétique besoin d'être admiré. Même au prix du port de fringues en lycra. Les boules. Bon, après tout, vous me direz que le consommateur est plus ou moins libre de ses choix dans une société d'économie de marché. A partir du moment où il a un peu d'argent devant lui, s'entend. Quoique ce star-system pour comices agricoles fournisse l'occasion de briller autour de bassins de démonstration à quelques analphabètes reconnus pour la qualité néandertalienne de leur expression orale, il est aussi trivialement l'illustration qu'on peut vendre n'importe quoi à n'importe qui à n'importe quel prix. J'aurais dû faire une école de commerce. Merde.



N'allez pas penser d'un autre côté que je lorgne sournoisement du côté des strapontins miteux réservés aux miches malingres des prétendants hargneux, des Rastignac de chef-lieu de canton, Gatsby de plan d'eau municipal et autres petits Iznogoud frustrés du port officiel et réglementaire de la chemisette-lycra floquée façon cycliste ni que je braille à la moindre occasion, sur l'air des lampions, en brandissant une pique, la tête coiffée coquettement d'un bonnet phrygien, "Sponso, salaud, le Peuple aura ta peau" tel un Gilet Jaune pris de boisson. Allons, allons, faire preuve d'un peu d'ironie au dépens de quelques tartuffes hypertrophiés de la cafetière, ça ne va pas plus loin. Mais cela a tout de même suffi pour que quelques malfaisants  nombrilistes prennent la mouche et brandissent des menaces quant à notre future intégrité physique. Palsambleu, c'est qu'on en concevrait presque de l'angoisse à l'idée de se faire frictionner la truffe par ces terreurs de kermesse ; véritables brutes ruisselantes de testostérone et n'hésitant jamais à allier le grotesque provincial au mesquin rustique en un subtil mélange de méthodes gestapistes fantasmatiques, d'égos surdimensionnés et de chorégraphies discos en état d'ivresse s'avérant souvent du plus achevé comique.

L'engagement civique, ma deuxième passion...

Honnêtement, se  mettre dans des états pareils pour des histoires de poiscailles virant au polissage de Chinois, ça me passe au dessus de la tête. Faut-il avoir une vie de merde pour mettre en branle un "plan de carrière" si dérisoire ? C'est que j'en ai connu des modestes, des humbles, des qui se la racontait pas avant de virer au vaniteux dès que quelques scrofuleux campagnards les ont regardé avec ce qui s'apparentait à de l'admiration d'après le rapport du vétérinaire-légiste. L'indispensable rite de passage du stade de gentil con larvaire au stade de casse-couille égotique se mettant en scène à la tragico-burlesque se transcrit toujours par cet impitoyable processus maint fois relevé par le sage. Le prétendant à la gloire halieutique pour attardé entame sournoisement son "ascension" par gagner la confiance en une première étape, suivie par une seconde consistant à profiter sans vergogne de la candide gentillesse de ses aînés et/ou collègues afin de craber en Technicolor Dolby Stéréo tous les spots intéressants, de longue haleine découverts, explorés et chéris par d'autres dans un rayon de 200 km de leur domicile. Une fois les objectifs connus, notre arriviste s'empresse d'y consacrer 90% de son temps de veille à y pêcher fébrilement. Puis il ne lui reste qu'à subtilement laisser croire aux mutilés des cellules grises qu'il est infiniment plus doué que les autres. Alors qu'entre nous, le fait de prendre 3 fois plus de poissons (ce qui reste à prouver vu que ce genre de mec possède une furieuse tendance à prendre 10 photos du même poisson...) que le voisin quand on passe dix fois plus de temps que lui au bord de l'eau, ça ne prouve qu'une seule chose, c'est qu'on a rien d'autre à foutre de ses journées. 

Tous les pêcheurs rêvent de ramener la Prise qui les sortira de l'anonymat en leur
ouvrant toute grande la Rubrique "Belles prises" de leur journal favori.

Bref, s'il est une leçon à tirer de tout ce barnum déprimant, c'est qu'aller à la pêche n'est respectable au fond que si l'on y va pour prendre l'air, éventuellement du poisson et que SURTOUT on n'envisage pas une seule seconde de se servir de l'acte halieutique à quelque titre que ce soit pour se faire mousser comme un con en écrasant la gueule des voisins, en déformant la réalité afin de forger sa propre "légende" à deux centimes et en se sentant autorisé, voire obligé, de donner en boucle des leçons aux "êtres inférieurs". Avant de baver d'admiration, ô foules abdiquant si vite de faire fonctionner vos neurones, apprenez à réfléchir et mettez les choses en perspective. Ce n'est pas bien compliqué finalement et vous verrez qu'à la pêche comme dans la vie, cela évite de se retrouver un beau matin un peu con dans un beau costume de dindon.



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