jeudi 26 novembre 2020

Le confinement instructif : l'Aspe, mythes & légendes fluviales...

 
"Le Requin du Danube" comme il a été surnommé abusivement par quelques "amis de la ressource" poseurs de filets grâce à leur bateau dont le gasoil est payé par certains conseils généraux généreux.

Selon les sources les plus crédibles, l'aspe a été signalé dès 1976 dans le Rhin. En 1988, il est officiellement l'objet d'une capture. Est-il arrivé par les canaux ou aleviné clandestinement ? Franchement, se poser la question et surtout y répondre par une seule solution proclamée comme la seule, la bonne et l'unique me paraît un peu aventureux. Comme le sandre ou le silure avant lui, l'aspe a plus que probablement bénéficié du réseau des canaux pour coloniser une grande partie de l'hexagone. Des introductions volontaires ou non (certains pisciculteurs peu scrupuleux quoique, comment dit-on déjà, ah oui, agréés, ne rechignent pas à se fournir en matière première dans les pays de l'Est...) ont pu localement aider à son implantation en eaux closes. Toujours selon les sources officielles difficilement contestables en l'état, l'aspe est devenu "envahissant" sur la Basse-Loire dans les années 2010. Je veux bien le croire vu que j'ai commencé, de mémoire à en prendre par hasard en 2008 et qu'au début de ces années 2010, il n'était pas rare d'en prendre une ou plusieurs dizaines les jours fastes !!!

Poisson de courant à la caudale hypertrophiée, l'aspe est le seul cyprinidé au régime donné comme exclusivement piscivore (même si j'en ai vu gober des insectes ou du pain dérivant en surface).


Dans son aire d'origine, des spécimens de plus du mètre pour une douzaine de kilogrammes ont été capturés selon des sources beaucoup moins faciles à vérifier mais qui, pour avoir vu certains soirs de fin d'été des monstres en chasse, ne m'apparaîssent nullement relever de la mythomanie chimiquement pure. Chez nous, on en est pas là. En plus de 10 ans de pêche de l'aspe, j'en ai pris un bon paquet mais seul l'un d'entre eux, pris au Evergreen Sledge 7sp (en essayant de prendre une perche sous un pont de Loire^^) titillait la barre des 90 centimètres, l'essentiel de mes prises se situant toutefois plus raisonnablement entre 40 et 60 centimètres. En effet, il est difficile quand on cible ce poisson de s'affranchir de certaines pesanteurs psychologiques qui nous empêchent le plus souvent de choisir l'utilisation de leurres de plus de 10 centimètres. Pourtant, j'ai observé des aspes d'une taille mieux que respectable poursuivre des chevesnes de 25 centimètres... Du coup, on prend beaucoup plus de petits ou de moyens que de gros qui sont de toute façon moins nombreux.

Shady TT 85 TAPS... 8,5 centimètres pour 12 grammes. Un des leurres à aspes que vous
pourrez trouver pour moins de 6 euros/pièce sur un site polonais bien connu...



Après bien des essais, tâtonnements et autres flamboyantes plantades, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il n'y avait pas de recette-miracle. On peut parfaitement viser le gros en répudiant tous les petits leurres de sa boîte mais rien, absolument rien vous dis-je, ne vous protègera d'enquiller des perchettes boulimiques, des chevesnes hypermétropes ou des brochetons kamikazes avant de revenir à un leurre de 5 centimètres de long qui là, ô moment de solitude, vous fera prendre un bel aspe ruisselant au soleil.

Un autre leurre incontournable sur les rives de l'Oder ou de la Vistule : le OSA de chez TAPS toujours.
Un leurre de subsurface flottant pour les radiers caillouteux, les contre-courants prometteurs, les anciennes murettes submergées, bref tous les coins peu profonds où un bel aspe s'embusque...

Le secret de la réussite dans la pêche de l'aspe (et c'est en cela qu'on doit le remercier de nous avoir envahi, je crois...), c'est qu'il nous impose la patience, l'humilité et la persévérance. Je ne parle pas pour les crabeurs de spot, ces morpions de clavier, qui zonent sur les réseaux sociaux attirant la confidence de trop par leur flagornerie baveuse ou prenant racine aux comptoirs des magasins de pêche, l'oreille traînant toujours, bien sûr. C'est aux crapahuteurs, aux explorateurs, aux vrais traqueurs que je pense. Il en faut du courage pour suer, tomber, bredouiller tant et tant avant de trouver le spot, le moment, la façon d'aborder les chasses d'un beau spécimen...

Le Narapa TAPS... 7 cm de finesse silencieuse pour les jours où c'est dur.

Mais là, en quelques dixièmes de seconde, le sifflement de la bobine du moulinet, la courbure de la canne, notre coeur qui bat plus vite qu'après 4 étages sans ascenseur à porter 2 packs de 9 litres d'eau minérale, le masque chirurgical sur le museau et la buée sur les binocles, vous feront oublier toutes vos souffrances. C'est du moins tout le mal que je vous souhaite !!!



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