jeudi 12 novembre 2020

Le confinement introspectif : bien choisir son coin de pêche

Dans l'immensité de la nébuleuse internet, moult sites plus ou moins bien conçus vulgarisent et condensent des milliers d'années d'expérience halieutique en en extrayant la substantifique moelle avec un bonheur parfois relatif. Il est excessivement ardu pour un débutant ou un pratiquant occasionnel de s'y retrouver parmi toutes les injonctions contradictoires qu'on peut y lire. Pour commencer, le secret de la réussite à la pêche, celui qui vous donnera LA réponse fondamentale à la question essentielle à savoir "Où sont les poissons ?", est à la portée de n'importe qui ayant pu suivre une scolarité jusqu'en CP. En effet, les poissons par une sorte d'atavisme inexplicable les marquant à la culotte depuis le précambrien vivent dans l'eau. Si vous trouvez de l'eau, vous trouverez des poissons dedans. A moins que vous pêchiez dans vos toilettes, vous finirez donc par en prendre un jour. Les poissons-chats sont là pour ça, voyons...

Bien choisir son coin de pêche, ce n'est pas tout. Il faut aussi savoir doser avec parcimonie les
composants de son amorce, sous peine d'avoir des surprises désagréables...

Une fois que vous avez découvert un endroit avec de l'eau dedans, assurez-vous que la vie aquatique y soit envisageable. Un observateur attentif ne tardera pas à repérer sous les mobylettes rouillées d'un petit canal périurbain quelques perchettes effarouchées, la présence timide de jeunes chevesnes en surface voire les chapelets de bulles itinérants d'une horde de brèmes en tournée. Là, vous passerez à la troisième étape. Inquiétez vous de savoir si ce petit coin bucolique entouré de friches d'orties parsemées de préservatifs usagés, de seringues pleines de sang séché et d'épaves de BMW rouillées n'est pas un rendez-vous diurne de pégreleux à capuches, de proxénètes albanais ou autres sociopathes assez peu portés sur la sociabilité joviale. On va en général à la pêche pour se détendre, pas pour se battre à coups de machettes, est-il utile de le rappeler ?


Acheter un bateau pour étendre son aire de loisirs est le rêve secret de bien des pêcheurs
condamnés à l'errance rivulaire par leur pouvoir d'achat moribond d'éternels cocus de la croissance.
Là encore, attention, tous les arguments ne poussent pas vers la navalisation à outrance !!!

On commence à y voir plus clair : vous avez de l'eau, il y a du poisson dedans, le coin n'est pas le lieu d'immersion de cadavres favori du Dexter local. Bien, ça commence à prendre tournure. Si j'étais vous, je commencerais par y pêcher au coup. Une amorce légère, intermédiaire entre surface-friture-gardon, une ligne fine et zou, histoire de voir quel genre de poissons-fourrages zone là-dedans. Si le cours d'eau est farci de gardonneaux de quelques centimètres, les perches y tiennent probablement table ouverte. Si les gardons sont plus costauds, un brochet doit venir y jouer les gastronomes régulièrement. Enfin, du point de vue théorique, je crois que ça se tient. Hélas nous sommes en France et je ne peux pas vous garantir de ce petit coin, dont la ressemblance avec un coin existant ne serait pas purement fortuite, n'est pas régulièrement décimé par des pollutions aussi dramatiques qu'uniquement sanctionnées par la sempiternelle indifférence totale des autorités compétentes.

Il arrive que laisser un crankbait Megabass neuf sur une embâcle nous impose certaines
contraintes alliant goût de l'effort, dépassement de soi-même et bagarre subaquatique
à l'arme blanche contre un leptocéphale particulièrement casse-couilles.

De toute façon, je ne vois pas pourquoi je m'use mes doigts boudinés par l'abus de rillettes du Mans à tapoter sur le clavier de mon ordinateur pour vous apprendre à prendre en compte l'évidence finalement vu que vous êtes confinés quand vous ne fabriquez pas à la chaîne, sous l'oeil soupçonneux de votre contremaître chassé de la Légion étrangère pour brutalité, des masques en peau de ragondin efficaces à 37% ou du gel hydroalcoolique à base de testostérone de putois fermentée. Vous êtes pas à la veille d'aller à la pêche maintenant que j'y songe. A moins que Jean Castex, l'homme au nom évoquant le pseudonyme d'un artiste de music-hall médiocre de l'entre-deux guerres, ne nous libère ce soir en s'excusant avec des gros trémolos dans la voix... Mais entre nous, même en données corrigées de ma nature éminemment soupçonneuse, je n'y crois pas des masses.



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