lundi 2 novembre 2020

Le confinement instructif : Franchement est-ce que le Buzz, c'est du Prop ?

Dans la confusion qui fait de nos esprits malmenés par les stimuli qui nous bombardent en permanence un champ de bataille abscons, il est une incongruité qui prospère. René Etiemble qui, entre nous, n'était pas le dernier à chinoiser, l'a définie en 1964 comme le "Franglais" dans son remarquable ouvrage intitulé comme il se doit "Parlez-vous Franglais ?". Bon, évidemment, avec la mauvaise fois qui vous tient lieu de seconde nature, vous vous appuierez sur votre érudition vertigineuse pour me faire remarquer qu'un universitaire qui a eu comme sujets d'émerveillement successifs Staline, Mao et l'Islam  n'est pas automatiquement le gars qui sort le moins de conneries à 200 verstes à la ronde. Ce que vous pouvez être taquins, c'est agaçant à force...

 SOFT TEXAN BUZZBAIT de chez 13 FISHING...

Cette manie de jargonner en franco-britiche ne date pas d'hier. Elle faisait déjà polémique, en ce qui concerne la pêche à la ligne, au cours de l'entre-deux guerres. Le "Casting Club de France" ou (déjà) le "Fishing Club" en étaient les démonstrations les plus spectaculaires. L'anglais était à la mode, faisait sérieux, classe, moderne... Après une interruption de quatre années durant lesquelles les germanophiles se retrouvèrent en haut de la chaîne alimentaire et où ce fut la langue de Goering qui fut celles des affaires, les 30 Glorieuses, commençant dès que le dernier Fridolin vindicatif se retrouva embastillé, virent le triomphe des appellations à la touche timidement shakespearienne. Waggler, Casters et Feeder déferlèrent sur un public hexagonal hébété, la Gitane brune collée à la lippe par un reste de Suze et suant d'effroi dans ses espadrilles trouées à n'en plus trouver la marche arrière sur son Ami 6...

UN BRICOLAGE FACILE POUR OCCUPER SAINEMENT LE CONFINEMENT...

Nous n'en étions qu'au début, hélas, de cette domination technico-linguistique britannique. Bientôt, ce furent les Octopuses que nous nous sommes mis à trainer derrière le bateau sur les côtes bretonnes (spéciale dédicace à ce chinchard monstrueux de l'île Tudy qui termina sa vie dans la gamelle de mon chat...). Encore un peu d'attente dans la chaîne de l'évolution et arrivèrent les Twists, révolution silencieuse qui fît tant pour la vente de congélateurs chez les détenteurs de carte de pêche. Bien sûr, la France se défendit, fière de son génie et sûre de son droit. Albert Drachkovitch s'illustra alors comme notre Denfert-Rochereau dans cette lutte inégale. Nous perdîmes, certes, mais dans l'honneur !!!

C'est bon, là ? Vous avez compris le truc ? Alors hop hop hop, au boulot !!!

De nos jours, nous vivons dans une "start-up nation", on ne fait plus des pauses dans la récupération du leurre. Non. On pêche en "stop-and-go"... Tout comme Dick Rivers fut le Elvis français, M.Macron, le Jean Lecanuet 2.0 se veut notre french JFK, le regard fixé sur la Nouvelle Frontière (et grâce au confinement, on ne va pas en manquer de frontières, heureusement...La mienne commence sur mon paillasson maintenant que j'y pense). Le Franglais est devenu une langue officielle à l'instar du SMS et du Mal-Comprenant (surtout sur les réseaux "sociaux"). Tous les petits chefs ("little bosses") utilisent des termes argotiques datant de Mathusalem en ayant l'impression de faire "moderne". Un exemple parmi un bon millier : "ASAP", "As soon as possible" est une expression militaire venant de... La seconde guerre mondiale. Bonjour le terme novateur. On pourrait en parler des heures mais la Novlangue professionnelle, c'est comme le Twirling Bâton naturiste pratiqué par des nymphomanes des Hauts de France ou les déchets nucléaires, on est déjà assez emmerdé quand on en subit les conséquences pour ne pas avoir envie de philosopher dessus. 

Vainqueur de la catégorie "Leurres souples" à l'ICAST 2020 : 
le DARTPRO PROP SK de la marque A BAND OF ANGLERS

Abordons plutôt sereinement la substantifique moelle de cet article : le Buzz et le Prop adaptés aux leurres souples. En anglais "to Buzz" signifie littéralement "bourdonner". Le Buzzbait est un leurre dur déjà bien connu possédant une hélice à la forme particulière. "Prop" est l'abriéviation de "Propeller" qui veut dire "hélice"... On est dans la même famille à ceci près que le Buzzbait fait plus de barouf. Tout le monde connait le buzzbait, le Big-Big, le Bevy Prop et consorts. Mais l'adaptation des hélices aux leurres souples mérite que l'on s'y attarde car c'est une technique utilisée depuis très longtemps en Amérique du Nord, spécialement pour la traque du Doré ou "Walleye", le sandre local. Les palettes de cuillers sont déjà des ornements que l'on adapte depuis un bail à nos leurres souples... Les hélices peuvent aussi rendre des services à condition qu'on les utilise à bon escient.


Le réel décalage entre les vibrations massives du Buzzbait (ou de tout autre type de leurres équipé du même dispositif rotatif) et celles, plus diffuses, des leurres à hélice(s) est signalé par l'appellation récente donnée aux leurres durs coulants équipés de deux hélices : les "Spy-Baits" (leurrres-espions), terme qui exprime une notion de discrétion. Mais bon, là, nous sommes déjà hors des strictes limites que je me suis imposé pour ne pas partir en digressions indigestes où la cuistrerie le disputerait à la pédanterie et du coup, on aurait l'impression de lire un épidémiologiste amateur sévissant sur un forum de pêche. J'espère simplement que cet éclaircissement lapidaire vous permettra de mener à bien quelques bricolages-maison qui rencontreront le succès si on a quelques semaines de liberté entre la 3ème et la 4ème vague...



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