samedi 12 septembre 2020

(R)évolution(s)

 A chaque époque, il y a depuis l'aube de l'humanité, un sempiternel conflit entre les conservateurs et les progressistes. "Du feu ? Dans la caverne ? Non mais vous êtes tarés ou quoi ? Et pourquoi pas accepter des réfugiés climatiques néandertaliens tant qu'on y est ?" s'exclamaient déjà les ancêtres de Bruno Retailleau avant qu'un Rahan quelconque arrive à point nommé pour ridiculiser le sorcier par sa dialectique maîtrisée au cordeau, émanciper le prolétariat poilu et installer l'éclairage public. Je ne vais pas vous bassiner avec d'autres exemples, je crois que vous saisissez l'idée. Il y a ou il y aura toujours des gens qui vivent dans le passé ou du moins dans un respect apeuré et ne souffrant aucune dérive des traditions : "On a toujours fait comme ça et on en est pas mort"... En fait, si, ils ont fini par en mourir mais de vieillesse à 32 ans, empalé sur une défense de mammouth ombrageux ou d'un coup de massue bien placé lors d'un débat animé sur le vivre-ensemble cavernicole donc en données corrigées des variations glaciaires, ça compte pas vraiment parmi les meilleurs arguments connus.


Les progressistes, eux, petit à petit, ont su apporter quelques menus aménagements au conservatisme et à ses pesanteurs au fil des millénaires : on ne traîne plus sa petite amie par les cheveux (sauf en Afghanistan et dans quelques banlieues pittoresques), on ne chasse plus le renne en se pelant les miches car on va désormais à la cantine d'Ikéa et il est très rare qu'un groupe humain d'intelligence moyenne se tienne soumis en bavant d'admiration devant un gourou détenteur de tous les secrets de l'univers à part devant certains hôpitaux méridionaux ou au sein de divers partis politiques évidemment.



Certes, il est arrivé par aventure, en des terres exotiques, que d'audacieux godelureaux, faisant fi des clivages partisans, tentent de concilier progressisme et conservatisme : au Canada, en 1942, un parti progressiste-conservateur fut crée pour concilier les deux tropismes. Du "en même temps" au sirop d'érable si vous voyez le genre... Mais cela s'avéra un simple épiphénomène au final puisque finalement, on le devine facilement, ce fut le conservatisme qui l'emporta dans l'association... 

C'est ainsi que progressistes, réformistes et autres gens polis voulant faire avancer le schmilblick sans faire trop de vagues se heurtent et souvent se fracassent sur les récifs immuables du refus obstiné de tout changement dans l'ordre des choses. Certains rentrent piteusement panser leurs plaies dans leur maison de l'île de Ré et mettent 18 ans à pondre un bouquin qui réconcilie dans les sanglotements tardifs toutes les gauches orphelines du grand Homme. D'autres se rebiffent et deviennent des révolutionnaires, des radicaux, des pourfendeurs de moulins à vent ne faisant plus de compromis...


On les retrouve tantôt à prôner la reprise individuelle, le contrôle des moyens de production, le jet de pavés en réunion tantôt à claironner à qui veut l'entendre que la ressource piscicole n'est pas inépuisable, que les tailles légales de conservation sont des plaisanteries d'un autre âge et qu'il serait temps qu'on s'occupe systématiquement des pollueurs en les collant au tribunal plutôt que de foutre l'argent des cartes de pêche en lâchés de truites OGM, en caravane du Tour de France et en vins d'honneur. On est là dans l'expression d'un radicalisme effarant et qui justifierait à lui seul des mesures coercitives dépassant les capacités répressives mollassonnes d'un état se voulant démocratique, je vous l'accorde bien volontiers...



Comment peut-on désirer révolutionner un système associatif halieutique que le monde entier nous envie ? Faut-il se montrer ingrat face aux résultats affichés par la FNPF : eaux propres, poissonneuses en diable, débits réservés préservés y compris en période d'étiage, traque sans merci des braconniers, pollueurs et autres nuisibles... Franchement, les gens sont méchants, ingrats et amnésiques, ça me déprime...




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