mardi 15 septembre 2020

Luxe, calme et volupté (garantie non contractuelle)

 Il y a des moments dans notre existence où tout ce qui pourrait aller mal ou plus mal s'empresse de se diriger vers cette dispensable direction à notre grand malheur. J'avais commencé le week-end en avisant un email des impôts au ton subtilement comminatoire émettant l'hypothèse aventureuse que je m'étais soustrait à mes obligations citoyennes en ne renvoyant pas ma déclaration concernant mes plantureux revenus de 2019... Interrogation subite... Est-ce que ce foutu covid m'aurait fait virer amnésique voire mauvais payeur en plus du reste. Je m'empresse dès lundi matin d'appeler le dit-service, ceci évidemment sans le moindre succès. On ne va pas faire travailler un fonctionnaire rentrant fraîchement de week-end : on est pas chez les esclavagistes, merde...


N'ayant pas eu l'immense plaisir de joindre la moindre source de vie capable de décrocher un téléphone le lundi (et ayant eu la joie de tester la capacité incroyable du site impôts.gouv à systématiquement buguer dès qu'on lui pose une question précise...), je réitère mes incivilités téléphoniques le mardi matin. Là, miracle, au bout de 8 coups de fil, on finit par me répondre que l'épidémie de covid a causé beaucoup d'erreurs de traitements de dossiers et que je ferais mieux de m'adresser à tel numéro... Qui bien entendu ne répond pas. Enfin, disons, qu'au bout de la 350ème sonnerie, quelqu'un a eu l'audace de se décider à raccrocher au nez de l'importun qui lui gâchait outrageusement sa sieste pré-apéritive...


Me retrouvant dans la plénitude zen d'un Eric Zemmour venant de se taper l'intégrale du concert de Black M, j'avoue que j'envisage la suite de mes récriminations avec un certain détachement : je cherche activement sur ebay.transnistrie un T-72 d'occasion afin d'appuyer mes doléances en chantant entre deux vigoureuses rasades de vodka frelatée "c'est la chenille qui redémarre" sur les ruines du centre local des impôts... Je sais, je suis parfois taquin.


Pour couronner le tout, sachez qu'entre-temps, j'ai dû refaire un séjour aux Urgences où l'on m'a chargé en morphine pour calmer un peu les douleurs multiples et récurrentes qui m'empêchent de me tenir debout ou assis voir trop souvent allongé depuis un mois. C'est dire si je suis totalement ouvert au dialogue. Si on ajoute à ces menus tracas, les micro-évènements comme un colis à 45 euros perdu par la Poste (oh c'est ballot, ça n'arrive jamais, ça, pourtant...), un piratage de carte bleue datant de la mi-août mais n'apparaissant que mi-septembre tout en ne concernant que la "modique" somme de 1500 euros plus le non-paiement d'une semaine de boulot par un client datant de début juillet, vous comprendrez à demi-mot que j'ai du mérite à garder mon calme. Et pourtant, si, j'y arrive. Miracle ? Méditation ? Sagesse acquise en lisant Saint Augustin ou regardant les films de Bruce Lee ? Que nenni... Tout est affaire de relativité.


En effet, j'ai passé deux demi-journées aux Urgences en 15 jours : je n'y suis pas allé par simple confort comme le vieux con en polo Lacoste que j'y ai croisé accompagné de sa blondasse décolorée réglementaire et qui à un moment était tellement mal en salle d'attente qu'il était à même de critiquer la peinture écaillée des locaux d'un hôpital public. Le scoop, coco. Non, j'avais d'autres priorités. C'était ça ou devenir fou entre le manque de sommeil et les douleurs incessantes. Mais quand j'y étais la première fois, à côté de moi, à quelques mètres, une femme sur un brancard gémissait, sanglotait et laissait échapper des râles qui me retournaient les sens. Ce n'est pas une image bien démago, un pauvre cliché ou de la pitié de bazar. Non, vraiment, sa douleur surpassait la mienne et j'aurais accepté d'en prendre un peu en plus de la mienne pour la soulager. Je me prends pas pour Jésus, attention, hein. Mais quand tu entends geindre un être humain comme ça, tu voudrais que ça s'arrête... Si ce n'est pas le cas, tu peux t'abonner à Valeurs Actuelles, relativiser publiquement avec une insupportable faconde  les trop rares décès d'improductifs causés par le covid ou partir en Syrie, ça devrait plus te convenir.


Et la deuxième fois, pendant que ma perfusion de morphine envoyait petit à petit au loin mon incompressible besoin de hurler, c'est une autre voisine qui a eu un petit problème, le genre de négligeable broutille qui n'intéresse pas les comptables, les économistes, les gens qui jugent la surmortalité liée à une pandémie "insignifiante statistiquement parlant"... Un arrêt cardiaque. J'ai vu tout le monde se mettre en action en quelques secondes. Massage cardiaque, tout le barnum, etc... Pour rien, hélas. J'ai alors vu des soignant(e)s pleurer. Devant l'inéluctable. Le dernier métro. Ce putain train de nuit vers le Grand Nulle Part où on a tous déjà notre wagon-couchette réservé. Une infirmière en consolait une autre en lui disant que la dame, qui était une habituée du service visiblement, avait survécu à un cancer il y a deux ans, au covid au printemps mais que là... L'organisme avait trop pris et que le coeur était arrivé au bout de ses capacités. Là, tu vois, même si j'étais défoncé aux opiacés, j'étais plus en prise avec le principe de réalité que si j'étais resté 10 ans de suite assis devant BFM TV...


Tout ça pour dire qu'ils commencent à me faire chier tout ce qu'ils en sont les végans bobonobos,  les alcoologhorréiques, les indigénistes, les identitaires (Mann Goering), les libéraux, les vététistes, les socialistes frondeurs à géométrie variable, les réformistes frileux, les révolutionnaires pour noces & banquets, les réactionnaires de salon, les islamo-gauchistes, les racistes de comptoirs de PMU, les naziraniens, les insoumisanthropes, les imbéciles glaireux, les hiphopeurs sur la ville, les hippopotamnésiques, les pangolins de centre-droit, les poulpistes... Tout ces cons qui voudraient nous pourrir la vie pour la rabaisser au niveau de caniveau dans laquelle ils passent la leur à sucer les boules de leur gourou, à ne rêver que d'imposer leur connerie comme loi universelle, punaise, j'ai plus de mots, là, passe moi la 12,7...


S'ils avaient un cerveau en état de marche relative, je ne leur souhaiterais sincèrement qu'une seule chose : essayer de mettre en pratique le conseil à vocation universelle du regretté Pierre Desproges : "Vivons heureux en attendant la mort"... Et s'ils n'y arrivent pas, qu'ils aient au moins la décence de fermer leur gueule ou mieux d'aller s'entre-tuer en vase-clos aux Kerguelen, histoire de limiter leur nuisance aux manchots...








2 commentaires:

  1. Hummm... Je m’interroge... Ne vivriez-vous pas mort en attendant le bonheur? Vaste question. En attendant, votre colis égaré a été retrouvé ! Il s'agissait de votre cercueil pliant en fibre végétale bio : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/pays-bas-un-d%c3%a9funt-enterr%c3%a9-dans-un-%c2%ab-cercueil-vivant-%c2%bb-respectueux-de-la-nature/ar-BB193CIZ?li=AAaCKnE&ocid=mailsignout
    Bon en même temps je vous rassure : pour les 4000 vierges vous pourrez continuer à vous palucher, faut quand même pas croire au Père Noël non plus. Même s'il sent bon le sapin.

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  2. Ah ça tombe bien !!! Moi qui m'apprête à quitter la région parisienne avec armes et bagages, je suis heureux qu'on poste (voire compost si j'en crois les tribulations bio-éthiques de votre défunt à béret rigolo) sur tout et n'importe quoi... Je croise juste mes petits doigts boudinés pour que mon IRM ne révèle pas une pathologie catastrophiquement contraignante me forçant à rester quelques semaines supplémentaires parmi les thuriféraires du PSG.

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