vendredi 30 août 2019

Leurres d'été

Arpentant à la prudente les berges escarpées des canaux maraîchins, je suis toujours dans ma séquence de ré-oxygénation mâtinée d'introspection. Qui suis-je ? Où cours-je ? Il va être plutôt urgent de remettre le navire sur les rails et la locomotive à flots si je veux surnager dans le marasme. Contre les noeuds au cerveau et le moral en berne presque autant que Stéphane (mais avec une pilosité faciale digne d'un ragondin portugais tout de même), je ne connais qu'une thérapie valable : persécuter la gent aquatique avec un innocent bricolage. Prenez un poisson-nageur coulant assez dense acheté sur aliexpress mais qui présente toutes les caractéristiques de nage d'un fer à repasser tétraplégique. Collez lui une palette Willow aux fesses. Et vous obtiendrez un petit truc assez sympa pour singer s'agitant sans jamais gîter une ablette épileptique imitant le chanteur d'Indochine en concert !!! Enfin, c'est du moins ce que j'ai la faiblesse de penser en contemplant d'un oeil injecté de sang par les libations de la veille ses évolutions harmonieuses sous la surface du Marais écrasé de soleil.
Repousser sans cesse les limites... Telle est la fière devise du Pinseur.
Une vraie petite merveille que cette initiative qui a transformé un leurre acheté compulsivement et destiné de par son intrinsèque médiocrité à finir au mieux en porte-clés, au pire relégué loin des yeux du monde dans une boite anonyme perdue au milieu d'un garage bordélique...Du coup, j'en use et en abuse... Tout en me disant qu'une version plus costaud ne serait pas de trop dans mon sac. Le seul bémol ne vient d'ailleurs pas du leurre mais est à mettre au passif du pêcheur car j'ai décroché un très beau chevesne pris à vue avec. Les limites des hameçons simples sans ardillon se font jour en des situations comme celle-ci.

Les circonstances m'ont aussi porté en des coins reculés où, jadis, fier et impudent comme je l'étais aux derniers feux de ma jeunesse, je sortais des perches à la chaîne... Hélas, l'irrigation y a prélevé comme ailleurs son implacable tribut. L'eau ne ruisselle plus par dessus la vénérable chaussée et la petite rivière riante de mes souvenirs n'est plus qu'un entrelacs de flaques tapissés d'algues vertes...

Sur d'autres rivières envahies d'algues elles-aussi, on trouve encore quelques trouées où on peut aventureusement placer d'un revers décidé une Mepps n°2 ou un petit leurre de surface... Pour y prendre de temps à autres une survivante ayant échappé à la pugnacité apéritive des hérons locaux...

Dans le Marais, malgré tout, il reste de l'eau et quelques petits bass assez insouciants pour se jeter gueule ouverte sur le moindre petit shad chinois discount destiné aux perches initialement...

Finalement, après moult tergiversations, c'est le Power Tail acheté pour pêcher la truite (ce qui s'est avéré impossible vu les niveaux d'eau déjà catastrophiques au printemps...) qui va me sortir de l'impasse. Je le savais redoutable sur les chevesnes de Loire mais il me restait à constater de mes yeux son potentiel sur d'autres espèces  en eau quasiment stagnante...
Une véritable révélation... Autant sur les perches que sur les bass. Pêchant les "postes-clés" (entrées de conches, berges à l'ombre, abords d'herbiers, piles de pont, etc...) pour ne pas m'éparpiller trop, j'ai pu constater que ce leurre faisait monter des poissons après plusieurs passages infructueux de leurres pourtant considérés comme des valeurs sûres. Profitons donc de l'aubaine.

Il est d'un maniement facile, aussi efficace sur le plan horizontal que vertical et seul son prix de détail empêche de céder à l'impétuosité qui pourrait nous emmener jusqu'à le balancer tout au coeur des obstacles. Il doit donc se "contenter" (et ça marche déjà fort pourtant !!!) de peigner les espaces libres...
Ce qui m'arrange bien, étant donné que sans être l'Harpagon du canal du Mignon, je ne suis pas non plus l'Impécunieux d'Irleau. Merci d'apprécier cette mise au point économique à sa juste valeur. Tout ça pour conclure provisoirement que ça fait un bien fou de marcher au grand air, en évitant parfois par un malentendu absolument improbable ou le truchement inattendu d'un leurre-miracle la Bredouille...


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