On a beau retourner le problème dans tous les sens, je pense qu'il est évident pour toute personne normalement constituée que se faire réveiller avant l'aube un dimanche matin par un chat ronronnant comme une bétonneuse et avide de croquettes au saumon d'origine douteuse n'est pas la meilleure manière d'entamer sa journée. Surtout si dehors, ça souffle un peu et que, pour une fois fidèle au calendrier, la pluie s'est enfin invitée pour vous rappeler qu'il y avait jadis effectivement quatre saisons dans le coin et non pas deux, soit la sèche et celle des pluies...
A peine ai-je sustenté l'animal menaçant que l'évidence me saute aux yeux plus vite qu'une bande de lascars du 9.3 refusant la facilité humiliante de l'assistanat ne pirate un car rempli de touristes chinois : pourquoi ne pas aller à la pêche à l'aube en défiant les bourrasques ? Par un temps pareil, il est peu probable que la concurrence soit à pied d'oeuvre aussi tôt. Le temps d'empiler waders, musette et canne à pêche ML dans le véhicule terrestre à moteur et c'est parti !!!
Bien évidemment, sur le chemin, je réfléchis un minimum à ma destination. Coefficient de marée, direction du vent, ça turbine sec dans la calebasse. J'opte finalement pour un petit spot que j'imagine plus ou moins abrité. C'est le cas mais, hélas, les niveaux sont encore hauts et le courant soutenu. Je commence donc à pêcher de façon assez inconfortable dans les broussailles en ne voyant pas trop ce que je fais...
Mais finalement, ça n'est pas grave car les poissons sont là. A chaque récupération, je ramène une prise sur ma petite cuillère vintage. C'est pas bien gros mais vu que ça s'enchaîne sans discontinuer dans les premières lueurs de l'aube, je continue le massacre jusqu'à une grosse tape et un décrochage sans appel. Aspe ? Brochet ? Je crains fort de ne jamais le savoir.
La fin de la marée montante est le signal qu'attendaient les poissons pour se calmer. Les touches se ralentissent d'un coup puis le vent se met à souffler plus fort. Je me replie prudemment vers un autre spot que je sais plus calme et où, j'espère, quelques poissons plus gros traineront… Raté.
Au moins, là, c'est clair. Moby Dick est en RTT. Mais dans 50 centimètres d'eau, je m'éclate au T-Pivot sur des perches complètement zinzins. Ce n'est pas franchement glorieux, c'est même galère d'animer ce leurre en canne ML mais pour le nombre de touches, ça vaut le coup.
Malgré tous mes efforts et un nombre de prises assez conséquent, il n'y a pas eu moyen de prendre plus gros. J'ai eu beau passer tous mes leurres de surface en revue, seul le T-Pivot a rencontré le succès. La seule perche correcte de la sortie a été faite avec un petit PN aliexpress, celui que j'avais trouvé cet été sur les bords de l'eau, mais grâce à mes réflexes de crépidule congelée, elle a eu dix fois le temps de se décrocher avant la photo…
Pour le reste, j'ai eu le bonheur de baptiser mon deuxième Flutterstick maison et de ne pas me le faire engloutir par un brocheton taquin. Histoire de finir la matinée tranquillement et bien trempé comme il se doit en ces circonstances, je me suis rendu sur un troisième spot où à grands renforts de cuillère Caperlan à 10 centimes vu l'encombrement supposé des lieux, j'ai rempli le quota de petits chevesnes et de perches mutines…
Bref, je me suis encore livré à un odieux pinsage. A ma décharge, je n'ai pas trop eu le choix. Si j'avais pêché "plein large", face au vent, j'aurais pris option "éponge à essorer" dès le début de la matinée. J'aime autant peigner plus ou moins à l'abri quelques spots bucoliques plutôt que ployer face aux rafales. Même si, je vous l'accorde, je n'ai absolument rien contre prendre de temps en temps un poisson un peu plus massif qu'une allumette. Mais pour ça, il faudrait demander aux pêcheurs aux engins d'en poser un peu moins qu'un tous les dix mètres dans le secteur… On peut toujours rêver.
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