Jadis, en des temps immémoriaux, c'est à dire plus de 5 ans pour les usagés d'Amstramgram, existait, en notre confrérie de flibustiers racasseurs de perchettes portés sur l'Anjou-Village, un petit concours amical dénué de tout enjeu autre qu'une éphémère satisfaction. Cette compétition de haute-volée consistait à affronter avec un succès aléatoire les conditions notoirement contraires à la plénitude de l'apothéose halieutique qui précèdent et suivent en règle générale la montée de pleine lune. En un hommage vibrant aux lycanthropes du temps passé qui ont tant œuvré pour égayer la vie des collectivités campagnardes avant qu'elles ne découvrent les potentialités hygiénistes de l'eau courante, de la trayeuse électrique et des petites annonces du Chasseur français, nous avions dénommé cet évènement sportif quoique intensément confidentiel le Challenge des Keuplou-garous...
Contraints par le hasard de la lunaison et l'implacable limite de nos disponibilités calendaires respectives, nous nous sommes retrouvés, Benoit et moi, dans la délicate obligation de renouer avec cette antique tradition tombée, il est vrai, un peu dans les orties ces dernières années. Vent de nord-est, coefficient de 92, lendemain de pleine lune… La situation n'apparaît pas des plus réjouissantes alors que, klaxonnant comme des fauves, nous nous échappons avec une maestria incroyable des embouteillages maousse-costauds asphyxiant comme à leur habitude le périphérique nantais...
Filant à la vitesse de l'éclair autorisée par le Code de la route, nous finissons par arriver au lieu de nos exploits putatifs. Ce qui n'a absolument rien à voir avec l'état capillaire d'une péripatéticienne ayant survécu à six mois de grève des coiffeurs. Je tiens à le préciser afin de ne pas prendre en traitre les éventuels représentants de la génération YouTube égarés en ces pages et dont j'ai pu mesurer le lointain rapport avec la langue de Molière en déchiffrant avec minutie les abondants commentaires qu'on trouve sous les vidéos… Activité sans attrait, fastidieuse et qui, outrage suprême, fout en l'air des décennies d'efforts orthographiques par contagion. Quand on se souvient de s'être fadé l'oeuvre complète de Guy des Cars et qu'on se retrouve à fouiner dans le dico au moindre mot doté de plus de trois syllabes… Triste époque en vérité.
Pour en revenir à la pêche proprement dite, on sent tout de suite qu'on a passé un cap. Il nous faut nous appliquer un minimum pour gratter quelques poissons sur ce secteur où, dans nos souvenirs embués, il suffisait de balourder une Mepps Aglia dans le jus pour treuiller en série du chevesne-portion et de la perchette calibrée chétive^^. C'est le grand retour du leurre souple. Youpi, j'aime.
![]() |
On est pas bien là, à la fraîche, décontracté du grub ? Et on pinsera quand on aura enfin de pinser... |
Enfin, bon, quand je dis "grand", je me comprends, hein… Grâce à eux, je prends mes premiers poissons de la sortie et je sauve la bredouille, entendons-nous bien. J'assure l'essentiel en quelque sorte. Pendant ce temps, Benoit, imperturbable, à la rigueur halieutique quasiment marmoréenne, juché qu'il est sur son promontoire dominant les flots déchaînés, taquine le chevesne au Rapala Countdown de petite taille avec un succès allant grandissant.

Mais les touches commencent à se faire rares alors que la marée descend. Devant cette implacable réalité, nous devons nous résoudre à nous enfoncer plus avant dans la pampa vers l'Eldorado du Pin's glouton que nous imaginons tout proche. Le premier accès à l'eau, prometteur en diable pourtant, ne nous offrira qu'une perche leurrée par une cuillère Caperlan, Notre déception est grande mais sera heureusement très temporaire puisque cinquante mètres plus loin, nous tombons sur notre objectif inavoué : un gros banc de perches en appétit !!!^^
C'est la fête. Malgré le vent frisquet qui souffle et gonfle nos bannières, les touches des perches sont tout sauf discrètes. On n'en rate pratiquement pas une. Benoit, fidèle au Rockvibe 3", et moi, en pleine phase d'essai du G-tail Saturn Aliexpress enchaînons les perches en toute décontraction.
Ce petit leurre chinois gorgé d'attractants au parfum hésitant entre les fragrances toutes en nuances qui évoquent vaguement à mes narines distraites le délicat parfum accompagnant l'autopsie d'un noyé, voire le sachet de nuoc-mâm entamé oublié quelques semaines dans le bac à légumes, a comblé toutes mes attentes. Attentes qui restaient, somme toute, assez mesurées, disons-le, vu le prix unitaire du paquet...
![]() |
Le simili-G Tail Saturn aliexpress baignant dans un jus douteux à l'odeur rappelant le slip de Rahan pas lavé depuis la dernière glaciation a cassé la baraque sur les perches du coin. |
![]() |
Ultime belle perche du festival. Un baptême du feu réussi pour ce petit LS chinois... |
![]() |
Ah qu'elle s'est fait attendre cette perche !!!^^ |
Pour une belle journée, ça a quand même été une belle journée. Du poisson le matin, du soleil l'après-midi, que demander de plus pour un pinseur entre deux âges qui a consacré l'intégralité de son PEL au remplissage de son sling-bag et qui, au grand désarroi des adeptes de Jacques Séguéla, n'a pas été foutu de se payer une cabine à UV à domicile ?^^
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire