mercredi 26 septembre 2018

Le retour des Keuplous-Garous

La pleine lune descend au dessus de la Cité des Ducs tandis que votre serviteur lutte pied à pied dans un de ces embouteillages nantais légendaires qui font tant pour la sauvegarde du pouvoir d'achat des actionnaires Total...
Jadis, en des temps immémoriaux, c'est à dire plus de 5 ans pour les usagés d'Amstramgram, existait, en notre confrérie de flibustiers racasseurs de perchettes portés sur l'Anjou-Village, un petit concours  amical dénué de tout enjeu autre qu'une éphémère satisfaction. Cette compétition de haute-volée consistait à affronter avec un succès aléatoire les conditions notoirement contraires à la plénitude de l'apothéose halieutique qui précèdent et suivent en règle générale la montée de pleine lune. En un hommage vibrant aux lycanthropes du temps passé qui ont  tant œuvré pour égayer la vie des collectivités campagnardes avant qu'elles ne découvrent les potentialités hygiénistes de l'eau courante, de la trayeuse électrique et des petites annonces du Chasseur français,  nous avions dénommé cet évènement sportif quoique intensément confidentiel le Challenge des  Keuplou-garous...

La TP palette aliexpress et son One Up discount… Une des réussites de l'année.
Contraints par le  hasard de la lunaison et l'implacable limite de nos disponibilités calendaires respectives, nous nous sommes retrouvés, Benoit et moi, dans la délicate obligation de renouer avec cette antique tradition tombée, il est vrai, un peu dans les orties ces dernières années. Vent de nord-est, coefficient de 92, lendemain de pleine lune… La situation n'apparaît pas des plus réjouissantes alors que, klaxonnant comme des fauves,  nous nous échappons avec une maestria incroyable des embouteillages maousse-costauds asphyxiant comme à leur habitude le périphérique nantais...
Dans la fraîcheur de l'aube, il n'a pas été facile de dénicher les perches mais à force de travail, de ruse et d'abnégation (ouais, ben tu sais quoi, c'est mon blog d'abord donc  je melonise grave quand je veux que je te ferai dire…), le talent, surtout lorsqu'il est immense quoique teinté d'une humilité touchante, finit toujours par porter ses fruits.
Filant à la vitesse de l'éclair autorisée par le Code de la route, nous finissons par arriver au lieu de nos exploits putatifs. Ce qui n'a absolument rien à voir avec l'état capillaire d'une péripatéticienne ayant survécu à six mois de  grève des coiffeurs. Je tiens à le préciser afin de ne pas prendre en traitre les éventuels représentants de la génération YouTube égarés en ces pages et  dont j'ai pu mesurer le lointain rapport avec la langue de Molière en déchiffrant avec minutie les abondants commentaires qu'on trouve sous les vidéos… Activité sans attrait, fastidieuse et qui, outrage suprême, fout en l'air des décennies d'efforts orthographiques par contagion. Quand on se souvient de s'être fadé l'oeuvre complète de Guy des Cars et qu'on se retrouve à fouiner dans le dico au moindre mot doté de plus de trois syllabes… Triste époque en vérité.
Le Grub 2" Gary Yamamoto… Des millions de perches n'ont pas pu se tromper.
Pour en revenir à la pêche proprement dite, on sent tout de suite qu'on a passé un cap. Il nous faut nous appliquer un minimum pour gratter quelques poissons sur ce secteur où, dans nos souvenirs embués, il suffisait de balourder  une Mepps Aglia dans le jus pour treuiller en série du chevesne-portion et de la perchette calibrée chétive^^. C'est le grand retour du leurre souple. Youpi, j'aime.
On est pas bien là,  à la fraîche, décontracté du grub ? Et on pinsera quand on aura enfin de pinser...
Enfin, bon, quand je dis "grand", je me comprends, hein… Grâce à eux, je prends mes premiers poissons de la sortie et je sauve la bredouille, entendons-nous bien. J'assure l'essentiel en quelque sorte. Pendant ce temps, Benoit, imperturbable, à la rigueur halieutique quasiment marmoréenne, juché qu'il est sur son promontoire dominant les flots déchaînés, taquine le chevesne au Rapala Countdown de petite taille avec un succès allant grandissant.

Mais les touches commencent à se faire rares alors que la marée descend. Devant cette implacable réalité, nous devons nous résoudre à nous enfoncer plus avant dans la pampa vers l'Eldorado du Pin's glouton que nous imaginons tout proche. Le premier accès à l'eau, prometteur en diable pourtant, ne nous offrira qu'une perche leurrée par une cuillère Caperlan, Notre déception est grande mais sera heureusement très temporaire puisque cinquante mètres plus loin, nous tombons sur notre objectif inavoué : un gros banc de perches en appétit !!!^^

C'est la fête. Malgré le vent frisquet qui souffle et gonfle nos bannières, les touches des perches sont tout sauf discrètes. On n'en rate pratiquement pas une. Benoit, fidèle au Rockvibe 3", et moi, en pleine phase d'essai du G-tail Saturn Aliexpress enchaînons les perches en toute décontraction.


Ce petit leurre chinois gorgé d'attractants au parfum hésitant entre les fragrances toutes en nuances qui évoquent vaguement à mes narines distraites le délicat parfum accompagnant l'autopsie d'un noyé, voire le sachet de nuoc-mâm entamé oublié quelques semaines dans le bac à légumes, a comblé toutes mes attentes. Attentes qui restaient, somme toute, assez mesurées, disons-le, vu le prix unitaire du paquet...

Le simili-G Tail Saturn aliexpress baignant dans un jus douteux à l'odeur rappelant le slip de Rahan pas lavé depuis la dernière glaciation a cassé la baraque sur les perches du coin.
Il s'agit ni plus ni moins d'une copie du leurre popularisé par Reins lors de la "hype" qui entoura cette marque au début des années 2010. Mais avec une différence de taille : ce goût étrange venu d'ailleurs que j'ai évoqué à mots feutré plus haut et qui, je le crains, risque de faire fuir les sensibles…
Lancer, contrôle de la bannière à la descente, contact avec le fond, tirée, contact, tirée… Touche. Les bases de la pêche au leurre souple sur tête plombée n'ont pas pris beaucoup de rides depuis les années 90.
Cette authentique petite merveille que j'avais initialement acquise pour pêcher la vieille au drop-shot lors d'une expédition maritime finalement avortée, risque de refaire parler d'elle ces prochains mois. J'en fais ici le pari. D'ailleurs, si je m'écoutais, j'en commanderais bien encore un peu...
Ultime belle perche du festival. Un baptême du feu réussi pour ce petit LS chinois...
Bref, tout ça nous tient jusqu'à l'heure fatidique où il nous faut recharger nos batteries par quelques revigorants casse-dalles. L'après-midi passée, en ce qui me concerne, dans une torpeur digestive assez pesante, sera beaucoup moins productive, hélas… Benoît fera comme à l'habitude son quota de chevesnes sur Rapala CD (à force d'en causer, la maison-mère va peut-être m'en expédier une pleine caisse, qui sait ?^) tandis que moi, complètement rincé, je louperais à peu près tout jusqu'à ce qu'une perche se pende au Sammy prêté par Benoît dans son immense bonté et devant le spectacle peu valorisant que j'ai pu donner, avouons-le.
Ah qu'elle s'est fait attendre cette perche !!!^^

Pour une belle journée, ça a quand même été une belle journée. Du poisson le matin, du soleil l'après-midi, que demander de plus pour un pinseur entre deux âges qui a consacré l'intégralité de  son PEL au remplissage de son sling-bag et qui, au grand désarroi  des adeptes de Jacques Séguéla, n'a pas été foutu de se payer une cabine à UV à domicile ?^^


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