dimanche 9 septembre 2018

A nous deux, Roule-Crottes & dépendances !!!

Partir quelques jours dans les confins mystérieux du nord du Fillonistan, si l'on dispose d'une imagination féconde, c'est un petit peu se glisser  dans la peau d'un Jonathan Harker ou d'un Charles Marlow qui auraient troquées, qui la carriole brinquebalant sur des sentiers carpatiques, qui l'embarcation remontant un fleuve congolais à la moiteur putride pour un Ouibus affligé d'un chauffeur dont les goûts musicaux semblent étrangement focalisés sur les singles de Phil Collins sortis dans les  années 80. Pour quelqu'un comme moi qui a eu l'insigne bonheur de naître et de croître du bon côté de la Ligéria au crépuscule de l'ère pompidolienne, oui, on peut le dire sans inutile emphase, il s'agit bel et bien d'un saut dans l'inconnu…

Quelle surprise. Des eaux claires, des herbiers, des poissons… De quoi me déstabiliser gravement.
Arrivé sur place, j'apprends que cette commune doit son nom à un lynchage collectif raté. En effet, les villageois de jadis, rompus à toutes les astuces du bon sens paysan bien de chez nous, avaient jeté à la Sarthe une présumée sorcière sans avoir au préalable vérifié si elle possédait son brevet de natation sur 100 mètres délivré par une autorité compétente indiscutable genre le Club Mickey...

Une perche sarthoise prise à l'Arawuna Pontoon 21 sur tête plombée à palette-maison... Après un festival de décrochages.
D'où le plantage. Car la sorcière échappa à la vindicte plébéienne en crawlant comme un fauve alors que les indigènes, abandonnés des orthophonistes depuis belle lurette, hurlaient à l'unisson "Ar'nage !!!" pour "elle renage", ce qui, paraît-il, baptisa le lieu-dit. Devant cet échec consacrant les limites du jubilatoire spontanéisme de la justice populaire, les militants du Rassemblement Médiéval provisoirement orphelins de leurs pulsions sadiques décidèrent alors à l'unanimité de finir la journée en beauté et en pyrotechnie à la synagogue la plus proche. Ah on savait s'amuser dans les territoires en région avant le glyphosate, crébondiou...
Les flots tumultueux du Roule Crottes, torrent sarthois capable de faire passer la Chézine pour l'Orénoque !!!^^
Les descendants des lyncheurs semblent aujourd'hui bien pacifiés : nourris abondamment de rillettes et arrosés au soda, ils restent sagement les miches scotchées devant Hanouna dès leur retour de la mine. Seuls quelques adolescents certainement punis arpentent mélancoliquement les rues désertes le soir venu pour faire faire à Choupette, Sultan ou Youki leur  petite pissette sur les bords du Roule-Crottes.

Une prise inespérée : la perche du lavoir du Roule Crottes tapie dans 10 centimètres d'eau… 

Aaaaaaaah le Roule-Crottes... Ruisseau étique à l'étymologie imagée. Un challenge à ma mesure. Prendre un poisson dans ce gouillat de moins de 30 centimètres d'eau au plus profond et dont les postes les plus prometteurs sont encombrés de canettes de bières, carburateurs de 103sp et autres reliques témoignant de l'énergie de la jeunesse triomphante, c'est un défi que je me devais de relever.

Le Monstre du Roule Crottes, source de biens des légendes abondamment reprises voire aventureusement
amplifiées au fil du temps et au hasard des comptoirs des estaminets du comté...
Une tâche qui sera menée à bien grâce à mes petits ustensiles fétiches, le mini-crankbait Yokishiwa, bien sûr, sans oublier les petits grubs à perches-soleil. Sinon, pour les grands espaces, en l'espèce la rivière Sarthe, ce fût assez laborieux...
Un chevesne de la Sarthe leurré par une soirée relativement fraîche avec un vent du nord bien installé...
Un vent du nord bien installé pour les deux premiers jours n'est pas la meilleure option pour la pêche. Sans compter que les postes accessibles du bord sont peu nombreux, assez éloignés les uns des autres et surtout, évidemment, excessivement fréquentés. Petites perches et petits brochets s'y sont tout de même laissés prendre, ainsi qu'un petit chevesne chopé "à la surprise".
Les petits brochets pullulent dans la Sarthe. Je n'en ai vu qu'un seul joli de plus de 80 centimètres qui a suivi un mini-crankbait à chevesne jusqu'au bord avant de m'apercevoir et de faire demi-tour, offusqué qu'on puisse encore arborer une coiffure pareille au troisième millénaire^^...

La rivière est très belle mais sans embarcation (je ne parle même pas de float-tube car le courant reste assez soutenu), inutile de s'attendre à des miracles. Les suivis de poissons sont nombreux car le coin est poissonneux mais pour décider les suiveurs à mordre, c'est une autre histoire, hélas...

Le spot à perches est bien squatté mais après la première prise, les collègues se montreront plutôt circonspectes.
En tout cas, ça me change agréablement de mes trous à pisse repeints en vert fluo et sentant le ragondin en putréfaction de lancer mes leurres dans une eau claire parsemée d'herbiers à la surface clignotante d'alevins apeurés. D'ailleurs, il ne serait pas étonnant que les aspes aient colonisé les lieux, si j'en crois quelques chasses de bordure assez typiques dont j'ai été témoin.


Malgré mon insistance, ce petit "Spincher" maison n'a pas encore rencontré son public.
Et puis il est toujours agréable de visiter une localité dont l'histoire prend sa source aux mêmes origines que Goslar ou encore Arkham dont elle partage l'atmosphère nimbée d'étrange… On murmure même qu'une créature hirsute aurait depuis ce pont décroché des poissons en hurlant des malédictions qui auraient fait dresser les cheveux sur la tête de feu Charles Dexter Ward s'il avait eu l'infortune de les ouïr...
La célèbre passerelle du Roule Crottes. A droite, le lavoir (poste qu'un spécialiste à chemise à stickers qualifierait de "technique"). A gauche, la "fosse" à chevesnes… Il y en a trois embusqués dans trente centimètres d'eau.
Il faut dire que cette créature, un poil pas réveillée et ayant cru opportun de bon matin de se passer de ses lunettes de vue, avait pêché avec un leurre un peu particulier…
Un (très) grand moment de solitude : quand on s'aperçoit qu'on pêche depuis dix minutes avec un hameçon cassé…
Ce qui fournit une explication rationnelle aux trois chevesnes ratés coup sur coup.
Voila où cela mène de faire le jeune homme. La prochaine fois, je me concentrerai sur l'essentiel. Sans me surcharger la musette de quinze kilos de leurres. Enfin, je vais essayer. A l'impossible, nul n'est tenu.
Comme toujours, j'ai su m'encombrer d'un (strict) minimum de matériel. 



Voila donc achevée ma semaine de rillettothérapie (une variante sarthoise de la thalasso) et je suis déjà de retour dans ma tanière, apte  à reprendre une activité normale. C'est à dire éventuellement aller un de ces jours-ci à la pêche sur un des deux ou trois endroits à peu près pêchables à 50 bornes aux alentours… A bientôt pour de nouvelles aventures !!!







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