Une petite montée de Sèvre...

Premier lancé, premier poisson… Bon, je vous l'accorde. 

Le Swing Impact même de chez aliexpress, ça facilite beaucoup les choses, c'est sûr^^...

La Sèvre nantaise, naguère théâtre privilégié de mes épopées mythiques, quand je défiais à coups de Sandra Delalande tout ce qui portait écaille, n'est plus que l'ombre d'elle-même en cette fin d'été. En aval de Clisson, elle est même devenue grâce aux apports massifs venant de l'agriculture intensive du Choletais par son affluent, la Moine, un pur cloaque à l'odeur dissuasive pour qui n'a pas les naseaux colmatés par la nicotine. Mais par un heureux hasard, je passais aujourd'hui dans ses environs. Je me devais donc d'y mettre quelques coups de leurres, histoire de...

Première bonne nouvelle, il y a un peu de courant. Par contre, l'eau est extrêmement claire entre les amas algueux qu'on distingue sur le fond. La pêche va être "technique". J'en frémis à l'avance… Au premier lancé, j'ai une chance de gros salopiot : je prends une perche. Puis avisant au loin quelques gros chevesnes blasés, je sors mon arme secrète, le Towadali.

Comme de juste, alors que trois mastards coursent le leurre, c'est un pin's planqué au ras d'une caillasse qui le chope. C'est bien ma veine, tiens. J'insiste un peu mais tintin, les gros ont compris qu'il y avait embrouille et seuls deux autres juvéniles un peu foufous se font berner… Il est grand temps de passer au petit crank à 40 centimes pour ratisser les courants de bordure. 

Efficace, le bougre. Mais il faut vite me résoudre à regarder la vérité en face, aidé par la clarté de l'eau. Les gros chevesnes sont aux abonnés absents et les perches du coin sont visiblement peu nombreuses. Suant à grosses gouttes dans les waders, je marche jusqu'à un autre spot farci de chevesnes  gras comme des loukoums mais c'était sans compter sur les derniers soubresauts de la Bête. J'ai nommée l'industrie de l'invasion touristique… Une famille Ribouldingue aux fringues fluos d'une telle laideur que je croyais qu'on avait fait une loi depuis les années 80 pour interdire ce genre de frusques ignobles décide de me coller au train et d'ainsi ruiner consciencieusement en une chorégraphie pachydermique mes discrètes approches de ninja boiteux…

L'eau est juste super claire, les chevesnes plus paranoïaques qu'un lapin insoumis à un banquet de chasseurs macronistes et cette bande de Télétubbies en claquettes-chaussette n'a rien de mieux à faire que bailler aux corneilles au ras de la berge. Réprimant une brusque envie de revitaliser une tradition d'étripage manuel un peu perdue d'usage dans le coin depuis les guerres de Vendée, je serre les dents et m'exfiltre vers un autre endroit que j'espère, lui, vierge de Bidochons en goguette après n'avoir pris qu'un petit chevesne au T-Pivot. Grrrr...

Ouf, ça arrive encore qu'on soit peinard à la pêche. Le dernier spot va être le bon, je le sais, je le sens.Vlan !!! Une perche au T-Pivot. Re-Vlan !!! Le plus beau chevesne de la session… Désireux d'assurer face au vent se levant un lancé plus lointain, je commets alors la bourde du siècle, que dis-je, du millénaire et je pèse mes mots… Je monte mon Bevy Pencil… Vous devinez pas la suite ? Ben oui… Le Bevy Pencil touche l'eau, j'ai à peine le temps de l'animer que BLAAAM... Un énorme chevesne casse la ligne et se barre avec...

Là, je reste quelques secondes tétanisé d'effroi sans que mon cerveau accepte la nouvelle avant de me répandre en insanités tout en gesticulant frénétiquement sur mon caillou crado repeint aux cyanos. Pas possible, bordel, ce n'est pas possible… Un de mes plus vieux leurres encore en activité vient de quitter définitivement ma boîte de pêche. C'est donc sur ce drame bouleversant que s'achève cette sortie rapide… Désormais, l'objectif est simple : réfléchir à une commande chez qui vous savez...