lundi 2 juillet 2018

Un beau carton

De l'eau courante, une cuillère-vintage, what else ?

Il y a des affiches qui collent le tracsir. Les Espingouins contre les Russkofs, suivre ça en plein cagnard tout en sachant qu'en homme pratique, Monsieur  Vladimir (dit le Dessoudeur du Caucase) aura la veille soupoudré le gazpacho des Ibères au polonium afin de réduire la glorieuse incertitude du sport à des proportions acceptables, franchement, je laisse ça aux caves. Moi, je me rebiffe. Je suis pas un demi-sel. Je vais pas faire du lard entre la mousse et la ronflette comme un vulgaire contribuable. Résultat des courses, en moins de temps qu'il n'en faut pour régler un différent commercial marseillais à la Kalashnikov, mézigue se radine à la cambrousse sapé milord, les waders rutilants  et la gaule prête à l'emploi...
Faut dire que j'ai pas mégoté sur le bucolique. Tant qu'à clapoter de chaleur dans mon babygro en toile cirée, j'ai ciblé l'immersion dans la brousse. Pas une quiche en tong prête à exhiber son matos bling-bling, sa tenue de fashionista métrosexuelle  et surtout à narrer ses exploits imaginaires à l'infortuné trop timide pour, à mon exemple fameux^^, passer loutre en fermant hermétiquement ses portugaises à la logorrhée de ce style de baltringue estival. Moustiques, orties et poissons seront donc une nouvelle fois mes seuls compagnons… 
N'empêche…Il ne manque que la poussière pour se croire à Tataouine tellement ça chauffe. Heureusement que les poissons sont fous avec la montée d'orage. C'est pire qu'à la Foire du Trône. Sous chaque feuille de nénuphar, au détour de la moindre caillasse, ça mord.
La cuillère Nymphe "miracle" de l'année dernière remontée par mes soins après une oxydation qui aurait pu s'avérer fatale repart derechef à l'assaut des poissons si  mal éduqués de nos campagnes !!!^^
C'est le Triangle des Bermudes du viandard : impossible pour le moindre étripeur de brocheton guetté par l'emphysème, traqué par la cirrhose et pratiquement circonvenu par la peur primate de quitter des yeux son C15 de venir massacrer ces coins où le baroudeur doit progresser entre les obstacles au milieu du courant sans se gaufrer sur les cailloux commençant à devenir bien glissants grâce à certaines pratiques agricoles que nous ne connaissons que trop bien…

Ce poisson-nageur Glenroy Caperlan reste une valeur sûre pour énerver les perches.
J'en suis là de mes pensées faisant porter le galure aux nabus quand me vient en loucedé comme qui dirait une illumination : pourquoi ne pas utiliser un des micro-chatterbaits fabriqués l'automne dernier, tiens, pendant qu'on y est ? L'idée est bonne sauf qu'à peine lancé, une gravosse de perche de derrière les fagots ouvre grande sa margoule, emplâtre l'engin à la cosaque fissa fissa  et me casse et la cabane et le bas de ligne… Je suis pas dans la mouscaille avec tout ça.

Et c'est pas fini. Quelques mètres plus loin, c'est un chevesne sévèrement burné qui me colle une peignée maousse avant de se faire la belle sur une nageoire d'honneur. J'ai une baraka de pingouin muté à Tombouctou ou quoi aujourd'hui ?^^

L'excuse est vite trouvée : j'ai le bulbe porté à thermostat 10 avec ce cagnard plus lourd qu'une vanne de Pierre Menés. Du coup, mes réflexes font dans le coup de sauce momifié depuis 3000 piges. Il y a pas : comme qu'il disait le poète, hein, si les moutards avaient moins de place dans le caberlot et si les darons en avaient encore sous la charentaise, ce serait pas la même limonade… 
Cela dit, quelques belles perches de ci de là, ça console un peu d'avoir loupé deux gros chevesnes...
Il est temps de trisser et d'aller turbiner dans une autre turne. Un peu de bagnole plus tard au milieu des champs de céréales et me voila sur le théâtre d'opération ciblé. Je suis le premier gonze à m'y aventurer. Les orties sont mahousses et il n'y a pas un blaireau qui a osé les franchir. Je prends l'entrée des artistes et passe par la rivière grâce à un accès repéré l'an dernier. Il y a de l'eau fraîche et personne n'a pêché le spot depuis le 1er Mai. Pas besoin de vous peindre le tableau...
C'est la fête. L'orgie. La java de Broadway sans la gueule de bois et les cagouinsses repeintes (désolé Michel mais les Français ont le droit de savoir). Je tape de la perche par dizaines sans pratiquement remuer mes arpions. Le bonheur. Jusqu'à ce que je change de leurre et que je mette l'ondulante vintage : encore un mastar de chevesne au bout du fil, encore un décrochage en bonnet difforme.
Une copie-maison de Kopyto, le Fléau des perchettes rustiques.
Du coup, revigoré par cette si belle émotion qu'est le désir aveugle de vengeance, je me mets au petit LS et score comme un goret de la perchette pour tenter désespérément de soigner mon égo à vif depuis ce double échec. Je suis au bon endroit,  visiblement toute la population piscicole du bief est concentrée sur 100m²... Pendant près de deux heures, c'est un lancer, un poisson ou presque...
En rentrant, cuit comme jamais par l'astre solaire, j'ai l'idée somme toute fâcheuse de m'octroyer un dernier petit arrêt-pinsage, histoire d'assurer le coup et de dépasser la barre des 100 poissons pris dans l'après-midi. Bien mal m'en prend puisqu'au hasard d'un galet algueux, je me ramasse un billet de parterre de toute beauté. Les cages à soufflets viennent érafler les caillasses, j'embarque de la flotte jusqu'au calbute et j'en suis quitte pour un crawl sauvage improvisé afin de sauver deux boites de leurres parties jouer à la Croisière sans retour dans le courant. La grande classe. Sur ce final pierrerichardesque de toute beauté, j'ai plié les gaules et suis rentré en mon antre soigner mes contusions multiples, mon amour-propre mis à mal par deux-trois poissons récalcitrants et la rédaction de mes mémoires…

Cela dit, les poiscailles, je les laisse faire les marioles. Qu'ils en profitent. Car dans pas plus tard que bientôt, je vais revenir les soigner à la sulfateuse à gros grains, les cabots contrariants du radier perdu. Je suis comme ça : pas le fond méchant, juste un tantinet rancunier...


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