mardi 17 juillet 2018

Loire & Déboires saison 36 épisode 1

Le Tendinitator… Dernier fruit de mes divagations maladives.


Comme le temps passe… On s'endort un beau soir carrossé comme Adonis et on émerge péniblement dans ce qui nous semble l'instant d'après avec la tronche de Roland Courbis. Chienne de vie. Il ne nous reste plus qu'à patienter la paupière mi-close devant une rediffusion de Derrick qu'un type en blouse blanche ( ou un gars poilu tout rouge avec des Nike en sabot, un sourire de communicant macroniste et des cornes sur le front si on a pas été sage…) nous annonce qu'on a un petit problème d'ordre médical tout à fait bénin mais nécessitant tout de même une remise en ordre de son assurance-obsèques-sait-on jamais. En attendant d'éventuellement passer au barbecue dans un carton premier prix choisi par la famille en train d'écouter, atrocement gênée, Johnny allumer le feu (si on peut plus faire de blagues pour ses dernières volontés, où allons-nous ?) ou, pire, de se voir subir un lavement au méthanol par des thanatopracteurs taquins, il devient assez désagréablement envisageable d'aller squatter quelques décennies une concession quelconque jusqu'à ce qu'un cantonnier-comptable s'avise du défaut de paiement et nous rempote gaillardement quoiqu'en vrac à la fosse commune. 
"Alors, comme ça, on lochait ses vifs, hein, petits chenapans ?"
Le tout dans un cimetière anonyme à dominante grisâtre vaguement coloriée le week-end de la Toussaint et dont l'ambiance un tantinet morose reste  seulement égayée hors de ce pic d'activité par quelques bandes d'ados satanistes en état d'ivresse. Sympa l'éternité. Bref, devant ces indubitables perspectives,  il ne nous reste plus à nous autres, décatis bancals frappés par l'immanente péremption (et dont la présence fortuite dans un Starbucks, un restau à sushis ou un quelconque autre lieu branché déclenche immédiatement une vague d'appels au 17 de 18-35 ans fous de panique), qu'à maudire l'époque et à nous replonger avec aigreur, tendresse ou mélancolie dans notre passé mythifié en une formule définitive : "c'était BEAUCOUP mieux avant, bande de branleurs !!!"
Petit bricolage maison ornant désormais une p*t**n de nasse de braconnier...
Bon, d'accord, je vous le concède : parfois, voire souvent, le passé qu'un géronte exalté peut vous présenter  sous un jour favorable n'a de valeur en soi que parce qu'il était le présent de la jeunesse de ce vieux birbe éructant vous tenant la jambe en vous narrant, des trémolos dans la voix, les évènements marquants de sa vie comme le premier homme sur la lune, la première femme dans un bureau de vote ou le premier Belge reconnaissant que les Français sont meilleurs au foot. Plus modestement, mes souvenirs me portent vers l'été 1982, une des périodes pourtant les plus sombres de notre histoire… Les jeunes ne peuvent pas comprendre : les riches ont peur, beaucoup ont fui, emportant leurs lingots d'or, leur porcelaine de Sèvre et leurs collections du Figaro-Magazine. Depuis un an, on vit dans l'angoisse de devenir une république soviétique. Pour parfaire l'ambiance lugubre à en faire passer l'Exorciste pour l'épisode-pilote des Télétubbies, on vient de se faire poignarder, humilier, piétiner par les Fridolins à Séville. C'est dans ce cadre que Stephen King trouverait trop glauque pour y plaquer une de ses histoires d'ados confrontés à des forces démoniaques encore plus effrayantes qu'un CPE consciencieux, des parents non-démissionnaires ou une Wifi saturée que j'ai découvert la pêche en Loire…

5 leurres-maisons qui restent au fond (dont au moins 2 sur des nasses de braco…), un brochet, un chevesne et une perche décrochés avant que ce chevesne aux proportions modestes ne me sauve de la bredouille en chiquant une cuillère-maison...
On a pas un métier facile^^.
Mes débuts n'y furent guère glorieux mais eurent le mérite de me pousser à continuer dans cette voie ardue, certes, mais ô combien gratifiante quand, comme hier soir,  par un miraculeux hasard, la victoire, matérialisée par un chevesne que l'on aurait à peine regardé d'ordinaire mais clôturant trois heures de bredouille,  vient déposer ses lauriers sur votre front baigné de sueur et tout luisant de projections de vase séchée… A partir de ce fameux "Summer of '82", je crois bien que les trois décennies suivantes me virent alterner phases de renoncement, flambées de passion et dépressions nerveuses jusqu'à ce que je succombe à l'addiction définitive au fluviatile grâce à l'apparition de l'aspe, il y a déjà 10 ans... La Loire est dure. Mais c'est la Loire. Car ce fleuve aux humeurs démoniaques donne toute sa quintessence au fameux aphorisme churchillien. Oui, la recette du succès est bel et bien d'aller d'échecs en échecs sans jamais perdre son enthousiasme !!!










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