lundi 9 janvier 2023

Un début d'année sous le signe de la pluviométrie

Désireux d'effacer le souvenir cuisant de l'année précédente, il me fallait entamer 2003 sur des bases saines. Depuis la fin du mois de décembre, hélas, mon terroir actuel n'est pas des plus accueillants pour le pinseur émerite propre sur lui que j'ai conscience d'incarner de haute lutte. Il pleut, il mouille et les petites rivières du coin débitent à flux tendu leurs impétueux flots chocolatés. La solution s'impose d'elle-même : demander séance tenante l'asile halieutique au Maillochistan, ce sympathique petit pays dont l'économie dépend largement de la consommation de Zizi Coin Coin, boisson attitrée des indigènes depuis le début du millénaire si j'en crois la brochure distribuée par l'office de tourisme en échange d'un alcootest positif.

 



Ma demande de visa acceptée assez rapidement par le Ministère du Camping et de l'Intempérance festive, il ne me restait plus qu'à réserver mes billets de train et, beaucoup plus subtil, obtenir une carte de pêche sur internet sans basculer dans la folie homicide de masse au hasard des multiples petits bugs de l'application. Finalement, cela s'est réglé à l'amiable, au comptoir d'une jardinerie, et j'ai obtenu le précieux sésame qui me fait désormais l'heureux adhérent d'une AAPPMA inconnue et non demandée. Que ne ferait-on pas pour quelques perchettes, hein, je vous le demande ?

Le vendredi soir, à peine ai-je mis les pieds sur le territoire du Maillochistan que je dois sacrifier au rite de bienvenue de la pizza éléphantesque, une tradition locale, que dis-je, une institution. On a pas un métier facile. Samedi, dès l'aube ou pratiquement, mon hôte, qui se trouve, détail cocasse, être aussi président à vie du Maillochistan d'après la constitution simplifiée du pays, m'emmène à la pêche dans les recoins les plus sauvages du marais mouillé. Mouillé, oui, ça, on peut affirmer qu'il l'est bel et bien en cette matinée de pleine lune où un vent de nord-est souffle assez vigoureusement pour nous faire amèrement regretter la fin de la proximité du poêle à bois.

Ayant cru intelligent de venir avec ma canne travel aliexpress en 7-28 grammes, je me suis retrouvé fort dépourvu lorsque, devant la montée des eaux des principaux biefs, nous nous sommes retrouvés à pêcher une petite conche de secours dans laquelle l'eau était d'une couleur à peu près potable. La matinée se révèlera peu propice à la pêche : le Glorieux Leader Suprême du Maillochistan prendra deux perches et moi, rien, en ratant toutefois une belle tape. La pluie s'invitant de manière de plus en plus autoritaire, c'est prématurément que nous déciderons de lâcher l'affaire en début d'après-midi, heureux de trouver un prétexte valide pour aller comater devant un multiplex consacré aux 32èmes de finale de la coupe de France, ce spectacle séculaire pendant lequel, parfois, le Petit Poucet bouffe un ogre.

Dimanche matin, branle bas de combat. Après avoir suppliée Son Altesse Skippingissime, je réussis à me faire prêter une canne 2-10 grammes. On est mieux là, hein mon Tintin. Retour à la conche de secours étant donné que les eaux ne se sont pas éclaircies comme on s'en doutait un peu vu ce qui était tombé dans la nuit. Le vent semble s'être calmé en ce début de session, il n'y a pas beaucoup de fond et le bief est un peu trop étroit pour les grandes animations ou les montages chiadés vu dans le journal. Allez, perdu pour perdu, une TP Ned Rig en 1,5 gramme, du leurre souple qui pue de chez Supercontinent et roulez, jeunesse comme disent les gens assez vieux pour savoir qui était Mr Magoo.

Un petit brochet me sauve de la punition infamante d'un week-end bredouille. Ouf, ça, au moins, c'est fait. On ne peut pas dire que nous soyons témoin d'une frénésie alimentaire tenant de la démence boulimique collective. Cela dit, je finis tout de même par prendre quelques perches pas énormes certes mais qui ont bien coffrés les leurres proposés, prouvant l'efficacité de l'attractant sur des poissons un peu tatillons.
Nous avons finalement arrêté de pêcher dimanche vers treize heures en grande partie grâce au froid nous paralysant les mains et faisant couiner nos vieux os, tout en étant accompagné comme il se doit d'un vent forcissant gentiment et d'une pluie ne jouant pas les utilités, loin s'en faut. Un dernier arrêt sur un spot découvert récemment consacrera la sortie de bredouille de Sa Majesté des Touches qui en ferrant avec maestria un chevesne restaurera  l'honneur du Maillochistan tandis que je me contentais fort petitement d'une perche en drop-shot.
 
 
 
On aurait bien sûr aimé rester profiter plus avant dans la journée du marais, d'autant plus qu'un gros brochet tapait régulièrement dans le banc de gardon regroupé à nos pieds mais comme le veut la formule consacrée : "le pêcheur propose, l'arthrose indispose". Nous avons tout de même pris le temps de partager un café avec nos amis locaux avant qu'une procédure d'expulsion ne soit mise en place à mon encontre suite à une obscure série de lettres anonymes signées d'un certain Joyeux Laboureur. Ce sycophante glaireux semble bien renseigné même si ces soit-disant actes de braconnages n'ont évidemment jamais eu lieu. Vous n'avez pas de témoins. Si ? Arrrrgh...




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