mardi 1 juin 2021

Pinsage express sous le cagnard

Il est des situations qui vous font douter du bien fondé de la survie de l'humanité, voire du vote utile. Parmi elles, je voudrais en distinguer une en particulier. En effet, qui n'a pas, au volant d'un véhicule terrestre à moteur, déposé des enfants à l'école dans une banlieue résidentielle de la grande couronne parisienne avant de désespérément tenter de s'exfiltrer victorieusement tout en conservant son proverbial flegme de gentleman, du magma de ménagères en furie jonglant avec les horaires de la marmaille, de cadres dynamiques résolus au meurtre par Audi A4 plutôt que d'arriver 2 minutes en retard et autres nounous gâteuses confondant la marche arrière avec l'accélérateur sur leur bagnole, n'a pas connu l'épreuve du feu.

Je ne sais plus si j'y avais fait mutinement allusion en ces pages mais il m'arrive de redonner vie à des leurres ayant connu de meilleurs jours. Par un phénomène étrange et redondant, ils prennent même parfois du poisson sans que le Fishing Club soit au courant. Etonnant.

C'est pourquoi, à peine la poussière retombée, le calme revenu, alors que je finis de recracher des bouts de cartilages sanguinolents en hurlant à la pleine lune, je ne mégote pas sur l'opportunité de faire quelques kilomètres afin de me changer les idées en pêchant une paire d'heures dans un arroyo moisi, je le concède, mais qui reste le seul filet d'eau croupie accessible à moins d'une demi-heure de voiture. Les choses sont claires : les petites perches et petits chevesnes sont les seuls poissons disponibles sur ce parcours peu profond.


C'est donc en mode ultra-léger que j'y exerce avec un raffinement rendant les foules extatiques l'art halieutique en mode caniculaire. Certes, la sortie tient plus de l'exercice physique que de la quête du lunker de légende. Mais finalement, on y prend goût. En plus, c'est "technique"...


Il ne faudrait pas croire que les poissons de ce ru à peine humide se ruent sur le moindre artifice douteux. Au contraire même !!! J'ai au moins 5 refus pour une touche concrétisée. Il est vrai cependant que les berges artificialisées n'offrant quasiment aucun camouflage au pêcheur n'aident pas vraiment à mettre totalement en confiance les populations piscicoles mais c'est un autre débat et je ne tomberai pas dans le piège des petites phrases car les Français veulent des chiffres et ils ont le droit de savoir. Flûte.


Deux heures pour poncer trois spots avec obligation de remonter en voiture entre chacun d'entre eux (quasiment tout le linéaire est en terrain privé), ça finit par être court. Mais il y a moyen malgré tout de pinser sous le cagnard. De toute manière, je n'ai pas le choix en semaine, c'est le seul secteur accessible pour moi. Je sais que je ne vais pas y faire de miracles mais ça me permet de décompresser et de tricoter de la Mepps n°1 comme aux plus beaux jours de ma folle et déjà lointaine jeunesse.

Finalement, une dizaine de petits poissons, ça vaut le déplacement quoique l'on puisse en penser en hauts lieux. Ces petites escapades sont aussi l'occasion de tester mon stock de petites cuillères antiques ou recyclées. La seule chose que je déplore dans la configuration de ce cours d'eau au final, c'est l'impossibilité d'y pêcher à la mouche ou pour le moins l'énorme difficulté qu'il y aurait à pratiquer ainsi. Cela dit, il y a plus grave dans la vie et je pense décemment survivre à une telle avanie.






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