Après l'orage...

Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, un orage des plus virulents s'est abattu sur la région. Vu l'état du jardinet réduit à l'état de bayou-bonsai, j'envisageais avec un pessimisme lugubre les possibilités de voir du poisson ce week-end autrement qu'en regardant sur youtube Cyril Choquet luttant avec des monstres exotiques plus efficacement que contre son cholestérol. Un samedi matin studieux entièrement consacré à l'étude de vigiecrue s'imposait inexorablement avant de tenter la moindre expédition au long cours. Après un examen scrupuleux des bassins versants situés à moins d'une heure de mon antre, j'ai fini par jeter mon dé velu (je suis très gadget) sur l'amont d'un affluent de la Seine coulant au milieu d'une brousse luxuriante peuplée de faisans d'élevage, de chevaux de courses et de blaireaux conduisant des Clio customisées à la Transformers. Bien m'en a pris car au deuxième lancé sur un petit bras secondaire, alors que je visais quelques chevesnes lymphatiques, c'est un brochet maillé qui gobe ma cuillère vintage !!! Bredouille évitée, la journée est sauvée.

Néanmoins, le parcours ne tient pas ses promesses, le bras s'avérant aussi profond qu'une discussion de bistrot entre Michel Onfray et Luis Fernandez portant sur l'influence de Spinoza sur le développement du Catenaccio. Mais par un de ces hasards merveilleux qui font tout le charme de la pérégrination champêtre à finalité halieutique, je tombe sur un étang estampillé EHGO. En discutant avec un pêcheur local, j'apprends même qu'un secteur "mouche" longe le dit étang. Pour la petite histoire, les quatre pêcheurs avec qui je discuterais dans l'après-midi me parleront tous du garde-pêche du coin comme d'un croque-mitaine au QI de piège à loup, surgissant au volant de son 4x4 blanc au moindre soupçon d'infraction, sa trogne rougeaude d'intellectuel tourmenté un brin proustien déformée par la juste fureur du redresseur de torts et transformant par son investissement professionnel remarquable une partie de pêche bucolique en interrogatoire musclé de la police des frontières biélorusse.

Le CRKSR 40 de Caperlan a connu un jour faste.

Je n'ai hélas pas eu le bonheur de croiser la route de l'énergumène plébiscité par les pêcheurs autochtones. Par contre, en pêchant dans cet étang, j'ai pu constater qu'il était farci de perches. Certes, elles n'y semblent pas bien grosses mais cela suffit à me distraire et m'a au moins permis de "valider" un crankbait Caperlan acheté un peu sur un coup de tête entre deux confinements...

C'est un petit truc sympa qui joue dans la même catégorie que le Chubby et qui donc ne peut qu'être efficace sur nos amies les perchettes. Finalement au bout de deux heures de pêche, je décide de lâcher les percidés pour explorer plus avant la rivière avant de rentrer tranquillement. L'eau est toujours teintée dans le cours principal. Mais en traversant un bourg, je reconnais un coin repéré sur google earth. Allez, ça se tente. Un petit One up chartreuse aliexpress, une TP à palette provenant elle aussi de l'Orient mystérieux et vlan...

C'est un joli chevesne bien gras qui se laisse tenter aux alentours d'un vieux lavoir. Je décroche par la suite quelques perches avant de me décider à prendre le chemin du retour. Au final, j'ai passé une après-midi correcte, évitant la bredouille, cartonnant les petites perches et découvrant de nouveaux spots qui seront intéressants à exploiter dans des conditions plus favorables. C'est déjà pas mal.