jeudi 4 février 2021

Fais vriller, ça tirebouchonne !!!

Dès les premières minutes d'obscurité s'abattant sur le dernier dimanche de janvier, le peuple des pêcheurs à la ligne amateurs de carnassiers devient irascible. Et quand je dis irascible, attention, je reste dans l'euphémisme le plus ouaté. C'est que dans cette population, il y a du féroce, du hargneux, du vindicatif bien bas du front, serait-il plus national que Néandertal, même si la conjonction des deux est loin d'être une exception, me suis laissé dire avec cette complaisance de bobo décadent cosmopolito-cas social qui s'abonnerait bien, en gauchiste pustuleux vivant des aides sociales, à Télérama et au Monde diplomatique s'il lui restait un peu d'argent en fin de mois s'il vous plaît, juste pour la graine, pas pour le boire et surtout rester digne et propre, messieurs-dames !!! Tous les ans, c'est la même chose : le pêcheur privé de sa gaule verse dans le morose expansif. On est dans le malaise saisonnier, prompt à transformer le médiocre d'ordinaire passif en fort en gueule agressif capable de défendre publiquement des positions qui feraient peur à un auditeur assidu des Grandes Gueules brusquement désaoulé. 
 

Des braves cons qu'on s'appliquait à ignorer, à contourner, afin d'éviter une confrontation dialectique des plus pénibles, se révèlent dans la grisaille de la fermeture être des personnalités au final absolument exquises, bourrées de complexes éclatant au grand jour à leur insu par le biais parlant de leurs récriminations et dont la richesse culturelle, l'altérité, bref la charge poétique évanescente, évoque aux plus âgés d'entre nous les raffinements du vivre-ensemble dont savait faire preuve en son temps ce bon vieux Capeluche. 

Survivre aux réseaux sociaux : toutes les idées sont les bienvenues !!!

Dans le jargon journalistique, ce genre d'invariable calendaire se nomme un "marronnier".  Il me vient en tête là tout de suite un exemple parlant : dans le film de Pierre Tchernia, "Le Viager" (diffusé 211 fois durant le premier confinement pour des raisons évidentes de maintien de l'ordre), la remise du brin de muguet au président de la république par les Forts des Halles indique le passage des ans et permet de glisser de Vincent Auriol à Charles de Gaulle en passant par notre Rais à nous, René Coty, en quelques plans et d'ainsi survoler 15 années de décolonisation laborieuse et de remaniements ministériels pénibles en un clin d'oeil. Et bien, pour nous, pauvres pêcheurs, parlant de pêche sur les réseaux sociaux, chaque année, à la même échéance, nous nous retrouvons dans la même situation. La testostérone fait parler la poudre. Les frustrés font du ski. Ou du moins en feraient si les remonte-pentes n'étaient pas cloués au sol par la pusillanimité maladive de ce premier ministre au nom fleurant l'indigène périphérique mal dégrossi, qu'on décrit même  à peine capable de gérer dans le civil un retour de féria de Dax en Fiat Panda avec les copains du rugby, c'est dire.

Le protectionnisme bien compris commence par l'abattage préventif des acheteurs aliexpress.


Notre marronnier, lui, est moins drôle et tient plus d'un autre film drolatique dont le titre en version originale est le "Jour de la Marmotte" traduit chez nous autres par "un Jour sans fin". Sauf que la marmotte a été remplacée par un bon gros blaireau bien de chez nous qui invoquerait tour à tour plein d'historiettes sorties de "comptes" de fées : un état redistribuant allégrement les fruits d'un impôt collecté chichement sur les revenus élevés de salariés nageant dans un bonheur où l'opulence le disputerait à la joie de se lever à 6 heures du matin pour enrichir un fond de pension, un capitalisme moralisé super sympa avec des règles que tout le monde suivrait dans son zoli traineau magique fonctionnant à une énergie propre. Et là, évidemment, vu sous cet angle, tout irait pour le mieux : les guerres cesseraient, les zoonoses se soigneraient au Doliprane et tous ces pouilleux de smicards qui n'ont pas travaillé à l'école, roulent en diesel et font chier les propriétaires de leur pavillon de banlieue, feraient un prêt chez Sofinco pour s'acheter un porte-clés Megabass, merde !!! Tout le contraire de ce à quoi s'adonnent avec ostentation les veules héritiers des Gardes Rouges, ces immondes radins collabos de la mondialisation méchante (vous et moi, quoi, oui, cramponnez-vous, c'est le Luna Park de la connerie en flux tendu^^) en achetant, bouh les vilains, à des Chinois pas beaux tout plein qui mangent des pangolins en torturant des démocrates.

Pauvres, pauvresses, retroussons nous les manches et pêchons conformément à nos revenus étiques.

Outre l'image un poil ringarde, possédant un petit côté "Lotus bleu" mais en version pages saumon du Figaro, ce procès fait aux économiquement faibles (forcément coupables) réveille un écho d'un de mes précédents billets. Quand on "conseille" ou plutôt qu'on intime vertement aux gueux, pardon, aux gens qui ne peuvent pas se payer des leurres au prix "français" de se mettre aux appâts naturels et d'arrêter de se plaindre, on reproduit tout simplement un apartheid sociologique basé sur le pouvoir d'achat. Encore une fois, je vais me répéter, j'ai connu la pêche enfant comme un loisir populaire. Pas comme un signe extérieur de richesse. Si l'on n'accepte pas de payer un leurre 30 euros quand on peut trouver l'équivalent "générique" à 2, devient-on un salaud ou applique t'on simplement à son échelle les lois de la concurrence ? Est-ce que les gens qui, à mon pitoyable exemple, achètent sur aliexpress des leurres copiés (ou pas, car souvent ce sont les mêmes...) à un prix bas, deviennent tout simplement de franches ordures qui sabotent par leur sordide irresponsabilité écologique, morale et géopolitique l'économie française ? Franchement, ne serions nous pas là dans l'excessif ? Je les imagine bien en perruque poudrée, talons rouges et bas de soie, les petits marquis donneurs de leçon. "S'ils ne peuvent pêcher au Rapala, qu'ils achètent donc du Tackle House !!!" Ces Marie-Antoinette de la pêche moderne dans le vent sont décidemment impayables. Surtout à ce tarif là.






1 commentaire:

  1. Bonjour, je suis Nicolas Béroud rédacteur en chef du magazine Info Pêche et je viens de découvrir votre blog et vos récits. Pourriez-vous me contacter par e-mail à n.beroud@gmail.com ? Merci.

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