Le complotisme avant Internet. Etonnant, non ?
Pourtant, à y regarder de plus près, avec la méticulosité hiératique d'un jardinier japonais aux tendances monomaniaques, on peut retrouver à mon grand désarroi dans ma tendancieuse et proverbiale production un nombre tragiquement élevé d'insinuations malveillantes au cm². Un de ces nombres tellement pharaoniques qu'on peine à en concevoir l'échelle alors qu'il suffirait pour se rendre bien compte, médusé, de l'ampleur de l'oeuvre d'avoir à se taper le commentaire composé du dernier ouvrage d'Eric Zemmour. Si, ne faites pas votre bobo, ça m'horripile. Je parle de celui qui dénonce l'islamo-féminisme végan syndical sans aucune fausse note. Un ouvrage droit dans ses bottes de cuir comme le sémillant Pascal Praud l'a salué sur Cnews en entamant a capella le Horst Wessel Lied parce que c'était la Journée de la Construction européenne et que merde, on peut plus rien dire avec tous ces connards de gauchistes, bordel, remets-moi une Suze, Francis. Mais revenons à notre propos.
En effet, parcourant d'une façon que l'on pourrait (dis)qualifier d'inexplicablement régulière depuis un certain temps, le désopilant microcosme des forums-pêche, j'ai pu me rendre compte de l'existence en son sein de certains archétypes humains ( humain, humain, c'est peut-être vite dit, certes, mais certains en présentent au moins quelques caractéristiques externes pouvant duper un temps l'anthropologue distrait). En voici arbitrairement quelques-uns, histoire de rigoler un peu.
L'Histrion : il est un spectacle à lui tout seul, la pêche, c'est sa vie, mieux, la pêche, c'est lui... Avant lui, ce n'était pas vraiment de la pêche même si ça y ressemblait un peu de loin, vaguement. Il ne prend que des gros poissons. Les petits l'évitent. Ils le connaissent, voyons. Si d'aventure, il ne prend pas de gros poissons, il en prend au moins beaucoup plus que le voisin. Même s'il lui faut pour cela s'abaisser à pêcher des perches. En mode ultra-technique finesse pas donnée à tout le monde, certes, mais des perches tout de même. Comme quoi il a su rester humble malgré son statut de Star. On reconnaît ce style d'énergumène à l'énergie démesurée qu'il dépense pour arriver à porter des logos publicitaires sur les fringues et son besoin maladif de se mettre en scène en permanence. Après le krach de 1929, les chômeurs, eux, restaient dignes et se contentaient d'un repas chaud pour faire l'homme-sandwich...
"Tous les pêcheurs sont égaux mais certains le sont plus que d'autres". (George Orwell appliqué au sponsoring halieutique pour les Nuls). |
Le Snobinard blasé : Je sais que ça sent de loin le pléonasme de trop, le faux-pas qui vous clouerait au Pilori le jeune espoir destiné au Renaudot, la bourde à vous fermer définitivement les portes du Tout Paris littéraire et qui vous conduira un soir tragique à Montparnarsse accompagné de votre seule valise en carton pour un retour sans gloire au Ploukistan. Ce qui me sauve lâchement, c'est qu'ici, on parle de pêche. On est pas en train de se toucher pour un substantif mitigé en sessions interminables entre gérontes revêtus d'un costume d'amiral guatémaltèque période rococo et branlant du chef sous la coupole non plus. Bref, revenons à notre gonzier : généralement le gars se considère comme ce qui se fait de mieux, il lui faut le meilleur matériel donc le plus cher possible, faut pas déconner non plus... Des fois que des cons ou mal-comprenants le prennent sur un malentendu pour un smicard, on pourrait se méprendre et on jaserait. Cela lui est ontologiquement insupportable, morbleu. Seul problème, il ne se contente jamais de ce qu'il prend ou achète...Logique...Il méritera toujours mieux. Le client rêvé de toute boutique de pêche...L'éjaculateur fiduciaire précoce dans toute sa splendeur.
"Groumpf, moi menacer Pas-comme-Moi... Moi taper eux !!!" |
-Ouf. J'ai eu le temps de dire "Oui Patron" à temps... |
La Fashionista : le gugusse toujours à l'affut du truc "in", du leurre incontournable et/ou improbable, celui qui s'oublie dans une quête perpétuelle et vaine du matos qu'il faut quand il faut. Le coeur de cible du marketing halieutique. Il faut bien avouer qu'à un moment ou à un autre, on en a tous fait partie de cette pitoyable engeance quoique puisse affirmer l'avocat qu'on paye grassement pour essayer de faire croire le contraire aux lecteurs égarés sur ce blog... Rassurez-vous, un jour, ça se tasse. Un coup de fil de votre conseiller bancaire, une algarade avec votre conjointe, les cas de scorbut se multipliant dans les rangs de votre progéniture, vous aurez un jour ou l'autre l'occasion de revoir vos priorités budgétaires !!!
"Ach so, Choupette, che feux ze moulinet zinon che vais fuziller tout le monde !!!" |
Le Keuplou de base : le gars qui, fondamentalement va à la pêche pour aller à la pêche et traîne sur un forum de pêche pour parler de pêche. Pas en tartiner des dizaines de pages sur les vertus méconnues de l'hydrochloroquine, le complot global et ces taux de mortalité bidonnés en loucedé par des reptiliens énarques bruxellois (si j'ai bien tout suivi ?), si vous voyez ce que je veux dire ? Le Keuplou qui s'assume comme celui qui s'ignore n'est qu'un arpenteur de berges qui se contentera d'un chevesne, de deux perches, voire de n'importe quoi du moment qu'il aura passé un moment au grand air. Imperméable, indifférent et même réfractaire à toute idée de compétition, il est plus soucieux de la dégradation des milieux aquatiques que de la place sur le podium du Team Trucmuche avec son Vroum-Vroum payé par les marges bénéficiaires démentielles permises par des tarifs abusifs. Ce qui souligne sa médiocrité intrinsèque aux yeux des Samouraïs modernes amateurs de podiums ruraux dont la seule stimulation sexuelle réside dans la bise baveuse accordée par Miss Mogette récompensant le vainqueur de l'Open de Troussepinette sur Lisier, ce happening provincial pour fans de tuning refoulés. Mais vous savez quoi, camarades, entre nous, hein ? On s'en tamponne les génitoires au chènevis bouilli revenu dans le jus de vers de terreau un peu de leurs conneries, non ?
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