Cold Case

 Karl Marx disait que les évènements surviennent toujours deux fois. Une première fois, ils surgissent avec fracas en étant tragédie. La seconde, ils se muent en farce. Entendons-nous bien, le Fishing Club moderne, sorte de talk-show un peu mou du slug où s'ébattent en grasseyant sources plus ou moins autorisées, importateurs madrés et bonimenteurs patentés, n'a évidemment rien à voir (en dehors de son nom et de ma mauvaise foi) avec cette association tombée dans l'oubli et dont les turpitudes du bureau firent les beaux jours de la Pêche indépendante, un magazine halieutique des années 30...

Reste qu'avec ma causticité coutumière, je n'ai pu m'empêcher de conserver ces témoignages un peu poussiéreux d'une époque révolue, considérée parfois par d'aventureux nostalgiques comme un âge d'or de la pêche à la ligne française. Force est de constater que l'entente cordiale n'était pas universellement répandue. La chicane était même de saison dès qu'il s'agissait de se répartir les ronds de serviette !!!

Déjà, les édiles, les élites, les autocrates ayant profité d'un vague processus électoral pour s'asseoir sur le trône manquaient de "spychologie". La belle affaire !!! Heureusement que les silures, les cormorans et le matériel asiatique à prix d'ali ne s'invitaient pas encore dans le tableau. On aurait pour le moins frisé à chaque assemblée l'hécatombe à coups de dégorgeoirs crantés... Voire la crise économique ou une guerre mondiale, allez savoir, comme avec ces salauds qui de nos jours payent leurs leurres une misère à des mangeurs de pangolins pas de chez nous ? (private joke).

Ainsi, on avait déjà à cette période des gens obtus, imbus d'eux-mêmes et aimant le pouvoir pour le pouvoir. Quel scoop !!! La nature humaine est donc bien éternelle. Ce qui l'est moins par contre, c'est la capacité à se mobiliser pour lutter contre le fait établi... En ces temps révolus, il existait encore un sens du collectif.

En ces temps troublés, sorte de mi-temps houleuse entre deux guerres mondiales émaillée de crises économiques, diplomatiques et sociales, cet épiphénomène semble révélateur à la fois du potentiel concret d'action des pêcheurs de l'époque et, en creux, de l'inaction continue de nos contemporains confits dans la glandouille parfumée à l'aspartame et aux réseaux sociaux. Car rien n'a vraiment changé.

Qui ne se souvient des scandaleux trafics de carpes de certains devenus depuis sponsors officiels d'une fédération ? Ou de ces mercantis sans scrupules imposant logos, labels et autres petits rubans qui le font bien au nom d'une éthique qu'ils se gardent bien de pratiquer ? Je ne parlerai même pas des magouilles de la dizaine d'officines sensées réguler la compétition où règnent népotisme, copinage et corruption rampante. Non, vous me connaissez : je déteste reconstituer les squelettes oubliés dans les placards ni lancer des polémiques diffamatoires comme ça, juste histoire de déconner...