vendredi 9 août 2019

A la poursuite du "Requin du Danube"...

Le premier aspe d'une carrière de pêcheur, un grand moment de bonheur !!!
L'aspe, objet de toutes les convoitises des pêcheurs qui n'ont pas encore (mais cela ne saurait trop tarder) bénéficié de son expansion, est un poisson qui se mérite. Ils sont bien lointains désormais les temps héroiques quand, avec une simple Mepps n°2 ramenée à la frénétique, on en siphonnait des bancs entiers sans forcer plus que ça notre talent (pourtant déjà remarquable pour notre âge). Car si l'on excepte les indécrottables viandeurs compulsifs, nulle personne douée de raison et à fortiori de quelques notions culinaires ne se risque plus à consommer ce cyprinidé plein d'arêtes qui est un peu au sandre, culinairement parlant s'entend, ce que Murielle Bolle est à Nicole Kidman... Nous nous retrouvons donc face à des générations de poissons ayant déjà goûté à la morsure de l'hameçon.

En ce début du mois d'août, un autre facteur entre en ligne de compte. La Loire, de mémoire de licheur de muscadet rougeaud et peloteur averti de lavandières, n'a jamais été aussi basse. Elle est par ailleurs d'une limpidité assez hallucinante. Ce qui permet toutefois de compter les barbeaux dans les rares zones de courant abordables du bord... Pour résumer les choses, hors de l'aube et du crépuscule, point de salut. Les poissons sont d'une rare inactivité et seules de loin en loin quelques perches daignent se laisser secouer, victime d'artifices antédiluviens, certes, mais toujours efficace en conditions difficiles !!!
Pourtant, vu que nous sommes une belle et joyeuse bande de bandits insolents, drôles et larges d'épaules comme l'aurait dit Bernard Lavilliers s'il était venu bouffer de la poussière avec nous, nous nous sommes acharnés à pêcher en pleine cagnasse sans lâcher l'affaire ni nous enfuir lâchement pour noyer notre spleen de bredouilleurs de l'extrême à grands renforts de picon-bières sous les parasols tentateurs de l'estaminet le plus proche... 


Non, on a attendu la fin d'après-midi. On sait se tenir, que diable !!! Que dire d'autre ? Sinon que cet été est le troisième de suite où on bat records de chaleur et d'étiage sans que nulle part, on ne tire la sonnette d'alarme... Les chiens meurent en se baignant. C'est désormais normal. Banal. A peine mentionné dans les pages "faits divers"de la Nouvelle République, de Ouest France ou autres feuilles de choux perdues dans des terroirs plus enclavés qu'un club échangiste au Waziristan...

Difficile de prendre du plaisir à la pêche quand on a une certaine conscience environnementale. C'est sûr que si on ne voit le poisson que comme une façon de se polir le Chinois en mondiovision, la sécheresse reste un épiphénomène à peine digne d'un intérêt poli quoique fugace. Quand on se projette dans un avenir proche, on ressent plus de l'angoisse, voire de la culpabilité pour les générations futures... Restera-t'il de l'eau en 2050 ?
Quand la chaleur accable les ferrailleurs, doit-on abandonner toute espérance ? Non affirme fièrement le Moucheur !!!
On a sans doute déjà notre réponse. Le silence assourdissant des clampins de l'étage du dessus, plus occupés à ne pas se faire choper avec les mains dans le pot de confiture, les homards sur la table ou le pantalon sur les chevilles qu'à se pencher sur les VRAIS enjeux, marque bien l'inexorable issue. On réagira quand il sera trop tard. Et on y est sans doute déjà...
Nos conseillers clientèle, toujours à l'écoute et d'une sobriété égalant celle du chameau prohibitionniste...
En attendant le jour où la goutte d'eau sera plus chère que celle de gazoil aujourd'hui, il ne nous reste qu'à profiter des bons moments que nous offre encore, malgré tout, notre fâcheuse propension à balancer des trucs dans l'eau et à les ramener en espérant contre toute logique qu'un poisson le trouvera assez appétissant pour le croquer. Car si certains olibrius surnomment l'aspe le "requin du Danube", cela doit tout de même receler un petit fond de vérité. Sinon on ne l'aurait pas lu dans le journal...




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