Au terme d'une journée passée à littéralement cuire dans mon jus, quoi de plus mal venu que d'enfiler ses waders et d'aller défier la bredouille dans une rivière, années après années de moins en moins poissonneuse, aux aguichantes eaux marrons et dégageant une tenace odeur de lisier matinée de subtiles fragrances évoquant à la fois la vase putride, la grosse brème séchant au soleil et une brève de comptoir hitléro-populiste ? A part défiler fringué en drag-queen à Téhéran, être un policier honnête au Mexique ou se vouloir vraiment de gauche au Parti Socialiste, je veux dire ?
La réponse est sans appel : il n'y a pas grand chose de moins avisé à entreprendre. Cela dit, ce n'est pas comme si j'avais le choix. Même si je savais par avance que ce genre de sortie compulsive allait généreusement me fournir l'occasion d'échanger avec un certain public dans le cadre de la Journée Mondiale du Vivre Ensemble avec les Cons... Sur le premier spot, relativement isolé, après avoir gratté pendant une heure pour quatre misérables perchettes, j'ai l'immense plaisir de croiser un retraité habitant le hameau voisin. Salutations, entame de dialogue et là, consternation... Le géronte me confirme qu'il n'y a plus de "belles perches". Car, bien qu'il y pêche tous les jours au bon gros lombric qui tâche, il ne reste, grosss malheur, que des petites. Alors, lui, du coup, pas con, il s'emmerde plus à les vider : il les donne directement à ses poules... Oh punaise........................Lexomil, vite.
Sur le spot suivant, j'ai eu immédiatement une information démographique cruciale : oui, ce n'est pas de la paranoïa. Ils sont partout !!! Les retraités^^... Celui-là, bavard jusqu'à en être un tantinet collant, s'était contenté de tourner un peu à sa sauce la législation sur les 50 mètres aval : 3 cannes posées dans la limite plus une ( la canne "chance" ?^^) planquée quelques dizaines de mètres plus bas, soit largement hors de portée de surveillance visuelle. Pas d'eau de Javel, pas de dynamite ni de tractopelle ? Quasiment un écologiste ou quoi, le dabe ?^^ Magnanime bien que broucouille depuis l'aube, il me laissera tout de même dans son immense bonté 10m² pour me laisser exercer mon talent. Trois perchettes plus tard, il se mettra pourtant à grogner qu'on abuse de sa gentillesse et déplacera subtilement un de ses flotteurs 30 grammes pour le caler, heureux hasard, pile-poil où je venais, au terme d'un combat titanesque de 5 secondes à peu près, de sortir un "monstre" de 15 bons centimètres... L'espoir fait vivre...
Liquéfié dans mon costume de bibendum en néoprène, j'ai essayé un ultime spot où j'ai encore croisé un de ces archétypes vivifiants considérant à la fois les pêcheurs aux leurres comme des ennemis de classe, la politesse comme une manifestation de faiblesse et les perches comme des sous-poissons ne valant pas un coup d'écailleur. Encore une synthèse sur pattes, le cas d'école moustachu gueulant à qui veut l'entendre qu'il n'y a plus rien dans les rivières mais tout à fait capable de qualifier de "beau poisson" ( synonyme de "bon à bouffer") tout ce qui dépasse la taille légale de 10cm... Vu l'état de la flotte sans parler des niveaux, il risque de l'attendre longtemps son cachalot, Quasimodo... Zen... Lexomil, tout ça... A part ça, le constat est amer : encore une rivière déjà trop basse pour le float-tube. Ce qui va limiter les opportunités de pêche en soirée ces prochains temps, j'en ai bien peur. Surtout si c'est pour galérer à prendre des pin's, me faire bouffer par les insectes et me retrouver à tenir le crachoir (sans basculer dans l'ultra-violence...) à une certaine catégorie de distingués ichtyologues, éthologues éthyliques & environnementalistes diplômés du plus proche PMU...
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